La Confrérie des Gardiens

La Mort

Il n’y a plus de repère quand on voyage dans un souvenir. Je flotte. Le ressenti est indescriptible, un mélange des émotions de Lucie et des miennes. Un carré blanc se dirige vers moi, quand j’en franchit le seuil, des images se mettent à défiler. Je ne peux qu’en saisir des bribes: Un très jeune Drakc essayant de soulever une épée trop lourde, un champ de glace recouvert de sang et de cadavres. Quand une scène érotique privée s’approche je tourne les yeux, par pudeur, mais tout ce qu’elle a alors ressenti m'assaille et me bouleverse. Il me semble avoir déjà ressenti ça quand nous avons exploré le passé de Drack lors de notre entrainement. Avant de ressortir de ce tunnel d’image et d’émotion je suis frappée par une image en particulier: trois amis heureux, Lucas, Lucie et Thomas souriant sur une photo. Un bonheur immense m’envahit puis un peu de peine mais tout disparaît quand une zone noire envahit mon champ de vision et m’avale, encore. Je me retrouve à flotter à nouveau mais je sens une sensation de vitesse. Je suis propulsée vers le sol, un sol en béton qui n’était pourtant pas là il y a un instant. Comme d’habitude, les personnes autour de moi sont bloqués et je fais face au trois amis. Un clignement d’yeux plus tard et je me retrouve dans la tête de Lucie alors que les mouvement reprennent. Je ne peux même pas me concentrer sur ce qui m'assaille quand je sens Lucas me pousser, cela n'empêche pas la voiture de nous percuter tous les deux de plein fouet. La première émotion c’est l'incompréhension. La voiture a clairement dévié, nous nous trouvions, et nous sommes encore, sur le trottoir. Ensuite vient la douleur, apaisée par de la magie contenue dans divers bijoux que portent Lucie. Cette magie est tout de fois bien insuffisante pour me soigner. Mon bras, mon bras est complètement brisé, mes deux jambe sont retournées mais de toute façon je ne sens plus rien en dessous de mon dos. Je reconnais cette sensation de vide, mes vertèbres sont brisées, une sensation que Lucie n’a sûrement jamais connu étant donné sa frayeur. Lucas se relève presque tout de suite, En même temps c’est normal, j’ai...Lucie a utilisé sa magie avant la séance, pas lui. Il se rapproche de moi et tente de me soigner mais tombe à court de magie, il parvient juste à adoucir la douleur de mon bras. De rage il se relève, arrache la portière de la voiture et sort de force le conducteur à peine blessé. Lui hurlant dessus pour connaitre ses raisons sans lui laisser le temps de répondre.

- La Mort l’a réclamé, vous n’y pourrez rien Seigneur. Rien.

Une vague de magie nous envahit, Pour les gens autour de nous, dont Thomas, un brouillard nous recouvre même si nous voyons normalement la scène, Lucas et moi. Lucas est d’une violence rare, à aucun instant, dans nos deux mémoire, je ne l’ai vu aussi déchainé. Je ne peux malheureusement pas me concentrer plus sur ce qui se passe devant moi. La douleur dans mon bras me reprend de plus belle. La panique causée par la perte de mes jambes amplifie encore ce sentiment. Lucas revient vers moi mais j’ai du mal à rester éveillée. Mon sang, je vois mon sang sur le sol et j’ai froid. Il me prend dans ses bras, tente de me réconforter, mais je n’en peux plus, j’use de toute mes forces pour l’embrasser une dernière fois et lui faire mes adieux. Je suis transi et terrassée par la douleur alors que le temps s'arrête. C’est le signe que la mort a frappée. Lucifer retrouve Drack, s'enlaçant tendrement avant que les amants n’aille soigner le conducteur.

- Bravo, va dire à ton maître que je ne risque plus de lui prendre sa place.

- Tu vivras maintenant sous la menace permanente de ma fureur. Si jamais je recroise ta route, peu importe le monde, je te tue, lentement.

- Mon maître me protégera. Chuchote le chevalier.

Il disparaît nous laissant tous les deux… tous les trois.

- Si seulement il était mort avant toi on aurait pu te soigner, dommage.

L’esprit que j’habite est pour le moins bouleversé. Faire face à son propre cadavre est une épreuve difficile.

- Nous ne pouvons maintenant plus rien y faire, il va falloir réunir les Cavaliers, nous devons passer à l’action avant que je ne me perde.

Avant qu’il ne puisse m’embrasser il s’engouffre dans sa  silhouette et le temps repart. Je le vois alors se tourner lentement vers le chauffard. Je vois ses lèvres bouger et peux y comprendre:

- Tiens, on se recroise déjà? Où est ton maître censé te protéger.

S’ensuit alors un affreuse scène, il le frappe inlassablement, soignant toujours les blessures qu’il causé jusqu'à lancer un hurlement franchissant la frontière alors que ses ailes et ses flammes apparaissent progressivement. Pour se calmer il écrase son adversaire d’un geste rageur qui, ralentit mille fois, est atroce et rempli de détails. C’est là que le contact entre nos esprit se rompt et que je reviens dans la voiture, à côté de Lucie dont une larme roule sur la joue.