iris
nous étions assis, l'un en face de l'autre.
lumière tamisée, nappe blanche, bougie couleur écume, et enfin, un repas tout en simplicité, mais tout à fait exquis, accompagné d'un vin que j'étais allé chercher chez moi en guise de contrepartie pour ce dîner plutôt inattendu – bien que la discussion fût longue et houleuse avant que je ne daignasse finalement accepter son offre.
que cherchait-il après tout ?— j'aimerais en savoir un peu plus sur vous, déclara le jeune homme.
— pourquoi ?
— je ne sais pas. vous m'intriguez.
— ah.
il me déstabilisait.
— quel est le travail sur lequel vous vous penchez en ce moment, si ce n'est pas trop indiscret ?
je n'avais su refuser son invitation. alors j'avais cédé, tout bêtement.
— eh bien, je suis écrivain. je travaille sur un roman.
— vraiment ? c'est drôle. je suis étudiant en lettres. comme quoi, les grands esprits se rencontrent !
— oui, en effet. on peut dire que c'est une belle coïncidence.
il m'apparaissait intéressant.
— ce ne doit pas être facile d'écrire un livre. je veux dire, entièrement. c'est très long, tout de même, comme processus.
— ce n'est pas mon premier, alors, tu sais...
— oh.
— mais il est vrai que la tâche s'avère difficile ces temps-ci.
— vous avez le fameux...
— syndrome de la page blanche, oui.
et quelque part, on se comprenait.