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Présence

« Erédys ! » hurle ma mère alors que je sors en courant de la maison.

Le ciel crache des trombes d'eau, rendant les chemins du village boueux. Mes pieds nus s'enfoncent dans les flaques d'eau, mais cela m'importe peu. Je continue de courir sans m'arrêter, sentant l'eau couler sur mon torse nu. Je viens tout de même stopper ma course, avant d'entrer dans la forêt. Je secoue mes pieds sales, et enfile mes rangers. Non pas que je n'aime pas la sensation de l'humus entre mes orteils, mais il m'est déjà arrivé de m'ouvrir sévèrement le pied sur des branches, m'empêchant ainsi de pouvoir courir pendant de longues semaines. Une fois mes chaussures lacé comme il faut, je repris ma course effrénée à travers les bois m'y enfonçant profondément. La forêt est gigantesque, bordant une grande partie de mon village natale. Cela fait bientôt 18 ans que j'habite ici, malgré le fait que je sois interne à l'université depuis maintenant 4 mois. Chaque vendredi soir se ressemble depuis que je suis parti. Je jette mes affaires dans l'entrée de la maison et part courir en forêt. Et comme aujourd'hui, je me retrouve dans un lieu spécial que seul moi explore. Il me faut bien deux heures pour y arriver, mais cela vaut largement le coup. J'arrive face à un mur de roche d'environ six mètres de haut. Bien que la pluie ai rendu la paroi glissante, je commence à prendre mes appuies sur les prises que m'offre la roche. Mes muscles se contractent dans tout mon corps, me donnant la force qu'il faut pour arriver à mon but. Je me hisse enfin tout en haut, et me relève fière, les poings serré et les bras encore contracté. Je pose mon pied sur un rocher, et observe la forêt en bas de moi. De là où je suis, c'est-à-dire un grand pic de roche qui est le point culminant de la forêt, je peux voir l'immensité des bois et la petitesse de mon village. On dirait des petits cailloux d'ici. Je prends une grande inspiration et hurle tel un loup, de toutes mes forces. Comme pour signaler mon retour au monde entier.

Je viens en suite m'asseoir au bord de la falaise, observant le ciel nuageux. Ma brassière de sport et mon jean sont trempé, mais je n'y prête guère plus d'attention. Je secoue mes longs cheveux blancs dans le vent, humant l'air frais. L'hiver approche. Les premières neiges ne devraient pas tarder.

Des vibrations répétées dans ma poche arrière me firent sortir de mes pensées.

J'en sortis mon téléphone et décrocha à l'appel de ma mère. J'éloigne aussitôt le portable de mon oreille à cause des beuglements de ma mère à moitié sourde.

« Erédys ! Tu aurais pus attendre avant de partir aussi vite ! Ca fait depuis plus de deux heures que j'essaie de te joindre, où es-tu passé encore ?

- Je suis parti me promener Maman... Que se passe-t-il de si urgent, pour que tu daigne m'appeler ? Je soupire.

- Ton père et moi partons voir Laüs, sa femme est malade.

- Ce vieux chasseur de loup ? Il fera mieux de partir... Sa femme est une personne bien à coté de cet ivrogne infâme... je crache.

- Cet un ami Erédys... tu devrais respecter cela.

- Je ne respecte pas les chasseurs, pardonnes moi.

- Soit... Nous ne reviendrons que dans la semaine. On compte sur toi pour ne faire aucunes bêtises.

- Ne t'en fais pas.

- Appel moi en cas de besoin, le frigo est plein. Je t'aime ma fille.

- Moi aussi Mun. »

Et je raccroche en soupirant, mais le sourire aux lèvres. Jaime énormément ma mère. Mais mon père, je ne peux pas me le voir. Cet un père aimant, qui a toujours pris soin de moi durant toute mon enfance. Mais un jour, il m'a emmené en forêt, je n'en étais pas étonné car on en avait pris l'habitude. Mais ce jour là, il avait pris un fusil et son regard n'était plus le même. Il trahissait un vicieux regard de réjouissance. De hâte. De soif de sang... il avait voulus me montrer quelques chose de spéciale, et il m'a dit qu'un jour, je devrais devenir aussi forte que lui. Je voulais devenir aussi forte et grande que mon père, mais pas en tuant. Alors que l'on marchait silencieusement dans la forêt enneigé, mon père s'arrêta pour me montrer des traces de pas visible dans le manteau blanc qu'avait revêtis la forêt. Il m'apprit qu'il s'agissait d'un loup. J'étais alors émerveillé. Je voulais voir ce loup, voir s'il s'agissait du même que j'avais aperçut lors d'un plus jeune âge. On suivit les traces du loup, des étoiles dans nos yeux. Mais il ne s'agissait pas des mêmes étoiles dans mes yeux que celles qui illuminaient le regard de mon père. C'est alors qu'on les vis enfin. Une petite famille de loup dont deux adultes et deux louveteaux. Mon père et moi nous plaquions contre un rocher, surmonter d'un buisson d'défraichis. Alors que je regardais les petits jouer, je vis que l'un des adultes qui trainait sa patte. Le sang luisait sur son beau pelage grisonnant, me donnant des hauts le cœur. Je voulus me lever pour aller aider le loup qui tentais de rejoindre ses petits plus loin, mais mon père me retins. Et puis je le vis de nouveau... ce loup au pelage rouge-feu, tacheter de noir, des pattes blanches comme la neige. Il tenait dans sa gueule des herbes, les apportant au loup blessé. Puis tous les loups dressèrent soudainement leurs oreilles, en même temps qu'un coup de feu se fit entendre. Ma bouche s'ouvrit en grand alors que mon père venait de tirer sur le loup adulte gris qui aidait le loup blessé. Un second coup partis, venant transpercer la poitrine du loup blessé. Je me mis alors à hurler au loup rouge de s'enfuir. Il courut et attrapa un louveteau dans sa gueule. Mais le second demeura seul dans la neige. Je courus vers lui alors que mon père se mis à courir après le loup gris qui boitait du à la premier balles qu'il avait reçus. Mon père s'étant éloigné j'attrapais le bébé loup tout seul et me mis à courir dans la direction qu'avait pris le loup rouge. Le louveteau me mordillait le poignet en voulant s'enfuir, mais la peur que je ressentais me faisait le tenir très fort.

« Loup-rouge ! Je murmurais, loup-rouge ! » Mes murmures devenaient des larmes et je vins trébucher, m'écroulant dans la neige sur le dos pour protéger le petits de la chute.

Puis une masse gigantesque se posta au dessus de moi. Le loup-rouge était revenu. Je me relevai en vitesse et leva la tête pour regarder le loup. J'étais relativement grande du haut de mes dix ans, mais le loup l'était encore plus que moi.

Je m'avançais sur le flanc du loup et vins déposer le louveteau sur son dos. L'animal se laissa faire sans broncher puis quand je reviens face à lui il me fixait encore de ses yeux verts.

« Tu dois partir maintenant ! Et vite ou papa va vous tuer ! »

Le loup ne bougea pas d'un poil, me regardant comme statufier. Je le poussais alors, en m'appuyant de toutes mes forces sur son poitrail. Il me caressa le visage de sa truffe et s'enfuis enfin.

« Faites attention à vous ! Je hurlais. Prends soin des bébés ! »

Je les regardais disparaitre dans le blanc de la forêt, et une fois qu'ils furent partis je sentis une masse me faire tomber dans la neige.

« Erédys ! Qu'est-ce qui t'as pris d'hurler ! Gronda mon père.

- Tu n'es qu'un monstre ! » je hurlai à mon père avant de partir en courant pour rejoindre la maison en pleure.

Depuis ce jour là, je déteste mon père plus que tout au monde. Il m'arrive souvent de repenser au loup-rouge, et j'espère le recroiser lorsque je m'aventure seule dans la forêt. Mais cela n'est jamais arriver. C'est alors qu'en descendant de mon perchoir, je fixe le sol humide. Je viens m'accroupir et tombe sur des empreintes de loup. Je les suis durant un long moment, avant d'être prise par une forte odeur de sang. Malgré le fait que j'ai l'estomac noué en pensant au spectacle qui m'attend au bout de cette piste, je continue d'avancer. Je traverse un mur de ronce et de buissons.

Ce que je vois me fait trembler, plaquant mes mains sur ma bouche pour ne pas hurler.

Qui a bien pus faire une chose pareil !

Il ne s'agit pas là d'un loup mais d'une fille, nue, blessée, mais encore vivante.  

Sale Chienne : La meute et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant