Fight & Hope

Chapitre 3

La matinée est plutôt calme. J'assiste la mère de Bennett aujourd'hui et Brooke fait les consultations avec lui. J'aime beaucoup l'approche de Nicole, elle est très douce et prend toujours le temps d'expliquer les choses le plus clairement possible aux propriétaires. Elle m'apprend chaque geste et me propose de déterminer les diagnostics avant de les confirmer ou de les corriger si nécessaire.

Durant des heures, je scrute l'attitude de chacun pour tenter d'y percevoir le moindre doute concernant ma relation avec Bennett. Je les observe, je tente d'écouter les conversations, mais rien. Aucun indice, aucune suspicion apparente, ni de la part de Brooke, ni de celle de Nicole, encore moins dans l'équipe des assistantes qui, pourtant, sont la plupart du temps au fait des derniers potins. Non, vraiment, ce rustre de Logan est bien le seul à avoir tapé dans le mille, ce qui, d'un côté, me soulage mais de l'autre, m'inquiète grandement.

L'après-midi, nous sommes à l'accueil pour laisser deux nouveaux stagiaires prendre leurs marques avec les vétérinaires référents. Heureusement pour ma jalousie légendaire, ce sont deux jeunes hommes et je peux donc me concentrer sur les classements de la journée.

– Ha ha, je crois bien que le petit Kyle te reluque, me lance Brooke depuis sa place au standard téléphonique.

Je lève le nez et m'aperçois en effet que l'un des deux stagiaires est resté bloqué dans le couloir à me regarder, une pile de dossiers dans les mains que Bennett attend certainement, d'ailleurs.

– Eh ben, tu veux ma photo ? lui demandé-je sans prendre de pincettes.

Il repart en baissant la tête, confus, et je reprends mon classement.

– Ouh là, t'es pas commode, dis donc.

– Brooke, j'ai pas envie de me faire draguer par un ado boutonneux.

– Un ado ? Mais ils doivent avoir entre 20 et 25, pas moins !

– C'est bien ce que je dis. 

Je range mes fiches dans l'ordre et consulte ma montre.

– Bon, allez, c'est l'heure d'aller faire la nounou au refuge.

Elle me considère d'un œil suspicieux. J'ai horreur de ça.

– Mmmh... Ouais, il doit pas y avoir que des ados boutonneux là-bas, hein...

Je pousse un soupir, sa remarque faisant remonter brusquement le malaise que j'ai ressenti làbas.

– Si tu savais comme tu as raison. C'est un foutu repaire de truands, et je te détesterai toute ma vie d'avoir tiré la paille la plus courte.

– Mouais, enfin il est quand même pas dégueulasse le frangin du doc, hein.

Je tourne vers elle un regard horrifié tout en contournant le comptoir.

– Tu plaisantes ?

– Boh, il était un peu crasseux l'autre jour, mais à bien y regarder, il est quand même sacrément bien taillé et je suis sûre qu'une fois propre et bien sapé, miam !

– Oh, arrête, Brooke, je vais vomir, là !

Mon Dieu, si elle savait que l'objet de mes fantasmes à moi se trouve juste au bout du couloir, à consulter des dossiers d'hospitalisation...

***

Je dois appuyer quatre fois sur l'interphone avant que l'on daigne me répondre.

– Oui !

– Cora Walter, je viens pour Boston et accessoirement, j'ai autre chose à faire que de poireauter dix minutes devant votre grille.

– Haha ! Elle a du mordant, la p'tite véto ! Je vous ouvre !