Lettre 3

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Bonjour cher lecteur,

Tout d'abord, j'aimerais vous avertir dès le début: lorsque vous commencerez à lire ces prochaines lignes, vous entrerez dans l'illégalité. Je suis très conscient que cette particularité que j'ai est très mal vue par les autres gens de la société, mais je dois absolument vous raconter ce passage afin que vous puissiez comprendre la suite des événements.

Alors, je sais que ce que je vais vous avouer sur moi vous choquera beaucoup. Du moins, à mon époque, cette information devait rester secrète. Et j'espère, si le temps passe et que mes écrits "révolutionnaires" sont lus bien après mon temps, voire même au siècle suivant, que cette mentalité changera radicalement. Je souhaite vraiment abattre ces préjugés en traitant de cette particularité...

Je suis homosexuel.

Et oui. Donc, je suis un homme et j'aime les hommes.

En fait, j'en aime seulement un, mais disons que je suis sexuellement attiré par les humains de mon sexe.

De plus, pour venir compliquer les choses, il était interdit dans l'armée en général, mais SURTOUT dans le camp Nazi, d'être homosexuel. À chaque jour de ma vie, je risquais la pendaison ou l'exécution. Cependant, après une vingtaine d'années à garder le secret, il m'était aisé de contrôler mes pulsions.

Mais j'avais inévitablement dû dévoiler ma véritable identité devant l'homme qui hantait mes pensées...

Donc, dans ma précédente lettre, je vous avais laissés lorsque ce soldat français, un certain dénommé Levi Ackerman, m'avait plaqué contre le mur en acier du couloir et me pressait de lui donner les informations qu'ils (les français) recherchaient.

Enfin, nous étions intimement près; je pouvais ressentir ses moindres gestes; son souffle, les battements de coeur... J'étais totalement enivré par son parfum: une agréable fragrance d'océan et de liberté.

Je ne savais pas quoi faire: devais-je trahir ma patrie en lui confessant tout ou participer à la gloire Nazi en gardant ma langue?

Je crois que, finalement, le choix ne fut pas si difficile...

Décidé, mais également effrayé des conséquences, je replongeai mon regard dans les yeux mystérieux du soldat français. Étrangement, simplement le regarder droit dans les yeux me rassurait et m'encourageait. Timidement, je prononçai un:

- Oui... Je... Je te le dirai... Promis...

Levi sembla soulagé et satisfait. Lentement, comme s'il désirait me récompenser, il vint coller ses lèvres contre les miennes. Mon sang ne fit qu'un tour, arrivant au même endroit (mes joues), alors que je pensais: « c'est vraiment le premier homme que j'embrasse officiellement? » Et oui, car, tout jeune, alors que je venais de découvrir mon homosexualité, j'avais donné un bisou sur les lèvres de mon ami, que je trouvais charmant... Jean Kirschtein... Depuis ce temps, je n'ai plus de ses nouvelles...

Enfin bref... Déstabilisé au plus haut niveau, je restai premièrement réticent face à ses avances (on retourne en 1942, s'il-vous-plaît). Par contre, je fondis bien malgré moi et finis par répondre tendrement à cette marque d'affection. Nous partageâmes notre salive avant de finalement rompre ce baiser-surprise.

La Terre cessa de tourner lorsque nos yeux se croisèrent. Ce Levi avait un regard si doux, si tendre et réel, que j'en perdais les pédales; ça y est, il venait de faire fondre mon cœur, pour de bon.

Doucement, l'homme leva sa main vers ma figure, touchant délicatement ma peau. Son regard faisait battre mon cœur à cent à l'heure.

- Eren... Je...

Le soldat AllemandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant