3.

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Abigail :


J’étais allongée dans mon lit lorsque je l’entendis. Le hurlement strident qui retentit dans tout le véhicule.
C’était un son terrifiant, reflétant parfaitement l’immense effroi qui en
était la cause.
Je reconnus instantanément la voix de mon frère.
Le cri ne s’arrêtait pas, prolongeant la douleur que me causait son écoute.
Je me levai d’un bond, m’habillai avec les premières affaires qui me tombèrent sous la main et enfilai directement une paire de chaussures pour pouvoir retrouver au plus vite
Harrison.
Le silence revint.
Les couloirs étaient de nouveau déserts, vides. Seul le cri affolé de Harry avait perturbé le calme religieux qui régnait auparavant dans le lieu.
Je l’imaginais paniqué, en train de
courir comme un dératé dans les couloirs, cherchant probablement à fuir quelque chose.
Il fallait que je le protège de cette chose qui l’avait effrayé au point de le faire hurler de la sorte. Car même si Harrison n’était pas l’homme le plus courageux que je connaissais, ce n’était pas un lâche pour autant. Et c’était mon devoir de sœur que de le protéger de ce danger.

Finalement, ce fût Harry qui me trouva en premier. Il était tête baissée, haletant de fatigue.
Il releva la tête. Je fus terrorisée lorsque je regardai son visage, lorsque son regard croisa le mien.
Ce qu’il venait de voir n’était pas anodin, c’était sûre. Il avait le visage déformé de peur. Son regard était empli de terreur, submergé par le traumatisme qu’il venait de subir. Mais ce qui me fît le plus peur, ce fût lorsque je pris conscience que quelqu'un ou « quelque chose » avait pu l'effrayer au point que celui-ci pousse un tel hurlement, au point qu’un tel effroi ait marqué son regard à ce point.
Mais je n’avais pas le temps d’avoir peur. Je m’accroupis aux côtés d'Harrisson qui c’était assit par terre.
Il était pale à en faire peur. Ses mains tremblaient de manière incontrôlée et il paraissait exténué.
Je lui pris donc les mains, l’incitant à se relever. Il me regarda l’air perdu.

Nous allâmes ensemble jusqu’à sa chambre, en marchant très doucement, le long des murs pour lui
demander le moins d’effort possible. Une fois arrivés à la chambre, nous rentrâmes à l’intérieur et j’installai délicatement Harrisson dans son lit.
Il avait besoin de repos, de calme, de sécurité, et je ne comptais pas le questionner dans de telles circonstances. Je décidai donc d’attendre son réveil, le lendemain, pour en apprendre plus sur ce qu’il c’était passé cette nuit.

Je me fis une petite tisane et m’assis sur la chaise de son bureau.
Il y avait un livre entrouvert sur le coin de la table.
Section 12, de Élodie Znkt, un roman de science-fiction que je lui avais vivement conseillé.
Mon frère lisait souvent, c’était un de nos seuls points communs.
On se rejoignait parfois pour discuter de tel ou tel ouvrage qui nous avait plus ou déçu. Comme celui-ci qui, en l’occurrence, m’avais beaucoup plu contrairement à mon frère qui ne l’avait pas spécialement apprécié.
Malgré tout, cela nous permettait de nous rapprocher et de devenir les acteurs des débats enflammés qui duraient souvent des heures, où chacun allait de son commentaire pour prouver à l’autre que son point de vue était le meilleur.
De l’extérieur, cela pouvait
ressembler à des simples disputes fraternelles, mais en réalité, c’était un combat de mental et d’argumentation, une bataille sans merci où chaque coup est décisif pour approcher de la victoire.
Même si la quasi-totalité de nos débats se soldaient par un match nul, j’appréciais particulièrement ces moments simples que nous passions ensemble autour d’une table.

Je tournais la tête vers Harrisson et réalisais petit à petit que ces moments de complicité seraient malheureusement de plus en plus rares et précieux.

Harrisson :

Je me réveillai tétanisé.
Il était quatre heure du matin.
Je peinais à récupérer mon souffle tandis que je me concentrais pour reconstituer ce que je venais de vivre. Ils étaient là.
Quoi que je fasse.
Jusque dans mes songes les plus profonds.
Jusque dans mes pensées les plus personnelles.
Je ne parvenais pas à les oublier, à les faire clore.
Ils me fixaient, perpétuellement, inlassablement, de manière dérangeante, perverse.
Les yeux.
Ses yeux.
Rouges comme le sang, menaçants comme des armes, prêts à vous faire subir les pires des tortures, dans le seul but de rassasier sa soif bestiale de douleur.
Mais le plus effrayant, c’était que cette envie de souffrance ne semblait pas innée. Au contraire, il me paraissait plutôt que celle-ci avait pris de l’ampleur au fur et à mesure que la haine grandissait en son hôte.
Mais envers qui, ou envers quoi cette haine était elle dirigée ?

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