Chapitre 9

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Ma vie s'était résumée à une sorte de routine. Je me levais tôt pour avoir le temps de repenser à eux, Luke venait me chercher, j'écoutais à moitié les cours, je mangeais avec mon fidèle compagnon car les autres étaient partis aussi rapidement qu'ils étaient venus, je rentrais chez moi et dormais.
Cette routine était beaucoup trop simple à mon goût mais mieux qu'il y a quelques temps.

« Ça fait 6 mois qu'ils ne sont plus là. » En ce samedi matin, j'allais enfin aller les voir, en quelques sortes. Vêtue d'une tenue noire, je partis vers l'endroit où ils se trouvaient.

Chaque pas que j'effectuais étaient comme des poignards plantés violemment dans mon ventre. Le vent me poussait aussi fort qu'on aurait dit qu'il voulait que je fasse demi-tour. Mais j'étais déterminée, après tant de temps, à les voir.

Arrivée devant cette grande propriété, je sentais déjà des larmes couler le long de mes joues légèrement rosées. Je les laissais faire car je savais bien qu'elles allaient rapidement être suivies par d'autres.

Je n'osais même pas lever la tête pour les chercher du regard. Lorsque je le fis après un long moment d'hésitation, mon cœur manqua un battement. Ils étaient tous côte à côte, avec cette magnifique photo d'eux tout sourire. Sur celle-ci, j'étais avec mes chers amis. Mais plus maintenant.

J'accourus vers eux, les larmes aux yeux, et me suis agenouillée en criant :
- «DÉSOLÉE, je n'ai jamais voulu ça! »
Leurs visages ne changeait même pas, je n'eus même pas l'ombre d'un regard ou ne fusse qu'une acceptation d'excuses...

Rien.

Ils étaient partis, par ma faute. Je méritais pleinement mon malheur. Je voulais juste une simple réponse, n'importe laquelle.

J'ai alors arraché ce stupide cadre qui reposait à côté deux. Toute la rage qui était en moi se déversa sur lui. Il fut fracassé en mille-morceau par mon poing maintenant couvert de mon sang qui, peu avant, coulait à toute vitesse dans mon corps.

Je souffrais physiquement mais c'était bien loin de ma peine intérieure. Nul ne pouvait arranger ça, rien ni personne.

Le cadre explosé dans ma main encore intacte, je partis de ce terrain presque abandonné, en leur  lançant un :
« A bientôt. »
Des passants me dévisageaient avec insistance. Peu importe. Le mal était fait. Ce n'est que quand je reconnus une femme qui m'était bien trop familière que les battements de mon cœur brisé s'accélérèrent. La honte m'envahit petit à petit.

C'était la mère de Max. Elle me considérait comme sa fille mais depuis cette nuit tragique, elle ne m'avait plus adressé la parole. C'était fort logique vu ce que j'avais fait.

Pour rentrer chez moi, j'étais obligée de passer par le pont. Chaque pas sur lui étaient de mauvais comme bons souvenirs qui envahissaient mon esprit. Le froid se faisait de plus en plus ressentir malgré toutes mes couches de vêtements et je partis rapidement vers ma maison.

Je n'avais plus la force de continuer tout ça. Je voulais désespérément les rejoindre. Mais, arrivée chez eux, l'accepteraient-ils en sachant ce que je leur ai fait? Eux savent bien si tout cela est de ma faute ou non. Je leur demanderai bientôt...

In Her MindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant