Elle n'avait jamais essayé.
Elle suivait, depuis quelque temps déjà, une fille qui était ce que l'on pourrait qualifier de « post bad ». Un corps mince et parfait. Elle avait de belles courbes grâce à la musculation. Une longue chevelure de couleur feue, des yeux verts maquillés à la perfection, un ventre ultra plat et un cul bombé.
Elle avait vu cette fille se dégrader. Des centaines de personnes la suivent et la prennent comme exemple.
Whisky, cigarettes et mutilation ont rythmé sa vie. Elle affichait des photos de son corps dénudé ou presque.
Elle la jalousait.Cette fille était parfaite dans ses imperfections. Elle voulait lui ressembler. Elle voulait être elle. Aussi cool, aussi jalousée, aussi sexy, aussi parfaite.
Alors lorsque sa vie a plongé dans un cauchemar, petit à petit, sans qu'elle ne l'ait prévu, elle a commencé à sombrer. D'abord des larmes incontrôlables avec une douleur persistante. Elle avait voulu faire stopper cette douleur. Elle avait le couteau dans les mains, prête à le planter dans sa chair pour se laisser gésir sur le sol. Elle n'en avait pas eu le cran. Même faire une incision, elle n'en était pas capable. Elle s'était résolue à le ranger, mais pas à abandonner l'idée de se faire du mal. Devant elle s'offrait les ciseaux. La main tremblante, elle l'avait pris puis avait soulevé son pull, découvrant son ventre. Elle avait ouvert les ciseaux et les approchait de sa peau, la partie coupante contre son ventre qui ne cessait de se gonfler à chacune de ses inspirations.
Elle s'était calmée petit à petit, les larmes ne dévalaient plus ses joues et la douleur s'était quelque peu apaisée. Elle était étrangement calme. Elle ferma les yeux au moment où elle fit rencontrer la lame des ciseaux avec sa peau. Une incision, puis deux, et trois jusqu'à ce qu'une quinzaine de petits traits soient dessinés sur sa peau jusqu'alors vierge.
Le sang ne coulait pas. Ce n'était pas une lame suffisamment dangereuse pour ça. Néanmoins, sa peau picotait tandis que les bords de ses plaies se mirent à enfler. La chaleur envahit son ventre sur chaque plaie.
C'était la première fois qu'elle le faisait et elle se sentait incroyablement soulagée.
La douche qu'elle prit juste après pour calmer son état brûla chaque parcelle de son ventre. Elle ne dit rien. C'était sa faute, elle le savait. Si elle ne voulait pas avoir mal, elle n'avait pas à faire ça. Et pourtant... C'était comme si rien d'autre ne pouvait l'apaiser. La douleur physique pour oublier la douleur que contenait tout son être.
Elle savait qu'elle recommencerait. Elle ne savait pas quand. Elle voulait seulement attendre que les plaies précédentes soient guéries sans laisser de traces de leur passage. De ce fait, elle pourrait se faire de mal sans que personne ne soit jamais au courant.
C'était un appel à l'aide.
Un appel auquel personne n'avait su répondre.
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