Chapitre X : D'une beauté démoniaque

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« Que quelqu'un m'achève. »

Une brise légère vint me fouetter le visage tandis que cette pensée traversait mon esprit. Je respirai à pleins poumons l'air frais et humide du soir, et me laissai bercer par les bruits de la nature. J'adorais la nuit presque autant que le crépuscule. Seulement, ce soir, la vue des nuages épais qui masquaient la clarté de la lune et des arbres vacillant doucement de temps à autre n'avait pas pour effet de m'apaiser. Le paysage nocturne était beau, certes, mais la forêt paraissait encore plus menaçante sous ce voile sombre. Elle créait en moi une étrange sensation de malaise. Pas seulement parce que je détestais les forêts, mais aussi parce que celle-ci paraissait abriter quelque chose d'aussi repoussant que séduisant.

La sonnerie de mon téléphone m'arracha à ma contemplation. C'était mon alarme, réglée toutes les demi-heures pour m'indiquer le temps qu'il me restait à vivre. Justement, c'était tout ce que j'avais. Trente minutes.

Transportée par une violente vague de désespoir, je regagnai l'intérieur et me laissai tomber face au plafond sur le seul espace libre de mon lit. La lueur du lustre s'attaqua à mes yeux fatigués. Je ne pris pas le risque de les fermer trop longtemps, car je m'endormirai sur le coup, et ça laisserait à Lexie l'opportunité de me tuer dans mon sommeil. Elle ne devrait d'ailleurs pas tarder à débarquer ici. Quel instrument de torture allait-elle emporter avec elle? Je ne préférais même pas y penser. Elle qui m'avait fait promettre une bonne centaine de fois de venir l'aider à trouver la robe qui donnerait à Monsieur l'ange-gris-au-sourire-ravageur la sensation de se retrouver à nouveau face au Paradis (interprété par elle-même), devait à l'heure qu'il était me maudire de toutes les manières possibles. J'avais manqué au rendez-vous, et ne serait certainement pas en mesure de l'accompagner à cette fichue soirée. Et selon elle, « pas d'Alice à la soirée égal zéro chance de gagner ». Mais pour moi, l'équation était la suivante : « Alice moins robe, moins motivation, égal Lexie moins Alice plus même chance de gagner qu'au départ ».

Je soupirai. Bien sûr, je ne brûlai pas d'envie à l'idée de me rendre dans l'antre d'Anna la poupée diabolique et de cette autre version de Wolverine qu'était Jessica. Néanmoins, j'avais promis. Le seul problème était un des membres de l'équation (et dire que je détestais les maths). La robe. Et par la robe, j'entendais la seule et unique que j'avais daigné emmener avec moi, et qui maintenant était portée disparue.

C'était une robe bustier noire plutôt simple en somme, accompagnée de talons assortis et offerte par ma mère pour mon quinzième anniversaire. Et ce même si elle savait que je détestais ça, preuve son caractère têtu. Je ne la mettais qu'en cas de nécessite extrême, alors, j'avais jugé bon de l'apporter dans ma valise au cas où. Cette dernière, je l'avais retourné dans tous les sens pour la retrouver. Tout ce que j'étais parvenue à obtenir était une chambre envahie par quelques montagnes de vêtements, et d'être terriblement en retard pour rejoindre Lexie dans la sienne.

Plus ça allait, plus je m'enfonçais dans la nervosité et la fatigue. Ce devait être la quatorzième fois que je baillais à m'en décrocher la mâchoire depuis mon retour du cours de natation. J'avais dû effectuer quelques longueurs (ils avaient pensé à me fournir un nouveau maillot de bain), observée par une vingtaine de paires d'yeux, afin que la professeure puisse évaluer mon niveau. Selon elle, je me débrouillai plutôt bien. Cela ne me réconfortait pas du tout, maintenant que chacun de mes membres étaient en compote. En plus, mes souffrances ne s'achèveraient pas de sitôt : le lendemain, j'avais mon tout premier cours de gymnastique. Je pouvais d'ores et déjà ajouter « courbatures » à ma liste de problèmes futurs.

En tout cas, j'avais de loin préféré le cours de théâtre précédent : je n'avais fait qu'observer certains élèves s'entraîner pour une représentation à laquelle je ne participerais pas à cause de mon arrivée tardive. C'était ce que m'avait indiqué le professeur, un certain M. Nelson. Il s'agissait d'un grand brun barbu à l'aspect sévère et à l'accent britannique prononcé. J'avais pu remarquer durant ces deux heures qu'il était du genre flegmatique. Un peu comme un certain blondinet aux yeux vairons. Pour moi, ce genre de personne était totalement flippante et avait l'air suspecte. Mais, j'avais tendance à juger trop vite.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 30 ⏰

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