2. Psyché (Partie 1)

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"Les soupirs sont le langage du coeur." - Thomas Shadwell, Psyche

Eros

Dans son sommeil, elle s'est retournée vers moi et son visage, son divin visage vient me frapper en pleine poitrine, d'une beauté si douce. Mon coeur fait un bond et vient tambouriner contre la paroie de mon corps qui me sépare de cette magnifique créature. J'ai l'impression que le temps s'arrête et que chaque seconde dure une éternité. Je tente de retrouver mes esprits mais je trébuche et me retrouve le nez écrasé sur le sol.

Je me relève et lorsque j'aperçois son visage, j'ai l'impression de prendre une grande gifle. C'est comme si une immense vague me submergeait et m'entraînait dans un tourbillon de sentiments. c'est comme si je... comme si je tombais amoureux... Je me dépêche de sortir de sa chambre. Une fois dehors, je remarque une tache de sang sur mon doigt. J'ai dû m'égratigner en tombant, j'enlève la flèche de mon arc pour la ranger et je... Oh non ! Ce n'est pas vrai ! Il y a une goutte de sang sur la pointe de la flèche, mon sang...

Psyché

Voilà maintenant près d'un mois que je vis dans le château. Mes parents, désespérés, m'ont abandonné parce que je ne trouvais pas de mari. Ce n'est pas que je sois laide, au contraire, les gens autour de moi disent que j'ai une beauté à couper le souffle. Mais aucun homme n'est venu demander ma main... Alors mes parents sont allés voir l'oracle et un dieu leur a dit de me laisser en haut d'une colline habillée en mariée. J'étais terrifiée quand des servantes sont venues me chercher pour m'emmener dans ce grand château.

La journée je parcours les grands couloirs, j'admire les détails des tapisseries qui ornent chaque salle et je choisis un livre dans l'immense bibliothèque. La nuit, un homme rejoint ma chambre. L'obscurité m'empêche de distinguer ne serait-ce que quelques traits de son visage. Il m'interdit toujours d'allumer la lumière pour le voir. Alors, petit à petit, je me suis habituée à sa présence, on s'est rapproché, maintenant mes mains dessinent son corps et mon imagination fait le reste.

Il a la peau incroyablement lisse. Ses cheveux sont assez longs pour que je les attrape entre mes doigts. Sa mâchoire est forte. Ses épaules sont larges et les muscles de son buste ont l'air bien dessinés. Ses mains sont grandes et ses doigts plutôt fins. Il est un peu plus grand que moi. Il doit avoir un petit grain de beauté sur sa nuque. Son corps est toujours chaud. Sa voix est douce.

Au début j'étais réticente à sa présence. Mais il a su me rassurer avec bienveillance.

Je crois je suis amoureuse. Amoureuse de quelqu'un que je n'ai jamais vu. Aujourd'hui je m'ennuie de lui plus que d'habitude. Depuis quelques jours je pense à désobéir. Je veux le voir. J'y ai bien réfléchi, j'attendrai qu'il s'endorme et j'allumerai une bougie que j'ai cachée dans le tiroir juste à côté du lit. C'est décidé, cette nuit je le fais !

Je perçois les battements de son corps, mon oreille posée contre torse nu. Je prends une respiration. Je me tourne et étends mon bras jusqu'à la table de nuit. Je l'entends bouger dans mon dos, je me stoppe un instant et le sens se retourner. Je soupire de soulagement quand le silence revient. J'attrape la bougie et l'allume. Ma main tremble et fait vaciller la flamme. Je me tourne doucement vers l'homme endormi à côté de moi. La lumière chaleureuse éclaire ses épaules. Mes yeux glissent sur son corps, du drap cachant plus de la moitié de son dos à la pointe de ses cheveux qui retombent sur sa nuque. Dans un mouvement rapide, il se retourne, toujours endormi. Je ne m'y attendais pas.

Je suis submergée par une émotion. Une émotion tellement violente que je laisse échapper un son d'entre mes lèvres. Je ne m'attendais pas à ça... Je suis subjuguée par sa beauté. Cet homme est encore plus beau que l'image de l'homme le plus beau que je pourrais imaginer. Soudain il ouvre les yeux. Je me retrouve face à un bleu aussi profond qu'éclatant. L'espace d'une seconde je ne vois plus que ses yeux qui me noient dans un océan de désirs. Puis il se lève brusquement, il se jette hors du lit, surpris de me voir l'observer.

- Psyché ! Mais qu'est-ce que tu fais ?

Et c'est là que je les vois. Ses ailes. Deux ailes blanches sorties de nulle part apparaissent dans son dos. Je relève les yeux vers les siens et je comprends. Il ne s'agit pas d'un homme extrêmement beau, il s'agit d'un dieu. Éros le dieu de l'amour.

- Aphrodite va être folle de rage quand elle va l'apprendre.

- Je voulais juste... Je ne savais pas...
Une boule se forme dans ma gorge et je comprends que je viens de commettre sans doute la plus grosse erreur de ma vie.

- Je suis désolée.

J'entends soudain un grand fracas, un courant d'air glacial me parcours le corps. Dans un hoquet de surprise, je perds connaissance.

À suivre...

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