Mythes et légendes

5. Psyshé (Partie 2)

"Aimez, aimez, tout le reste n'est rien." Les amours de Psyché et de Cupidon, Jean de La Fontaine.

A mon réveil il fait jour. Je suis allongée dans le lit défait, seule. Une ombre est à la fenêtre. Je crois d'abord qu'il s'agit d'Éros mais je reconnais plutôt la silhouette d'une femme. Je pense que c'est l'une des servantes du château mais sa voix me transperce subitement.

- Bien dormi la belle au bois dormant ?

Aphrodite se tourne vers moi. Je la reconnais instantanément grâce à ses longs cheveux blonds qui tombent sur sa poitrine dénudée. Déesse de l'amour et de la beauté.

- Où est Éros ?

- Chérie tu ferais mieux de t'inquiéter pour toi. Éros est en sécurité, dans ma chambre.

Elle accompagne sa réplique d'un sourire narquois qui me fait froid dans le dos.

- Je voudrais le voir.

- Comme c'est mignon. Serais-tu amoureuse ?

Je baisse les yeux face à la déesse qui s'est rapprochée de moi. Aphrodite me sonde pendant quelques secondes. Puis elle reprend la parole.

- Si tu veux le revoir il faudra que tu me rendes un service.

- Pourquoi ?

- Petite insolente ! Tu es adulée de tout les hommes et tu trouves encore le moyen de te plaindre. Si tu ne veux pas le faire, je te renvoie chez tes parents, seule et je te promets que tu ne reverra jamais Eros.

Alors que la déesse, énervée, commence à se diriger vers la porte, je me lève précipitamment et l'arrête.

- Que dois-je faire ?

*****
C'est impossible ! Ce que la déesse me demande de faire est impossible. Au bord d'une grande falaise, je suis prête à me laisser tomber. Je n'ai plus qu'à mourir. J'ai fait une erreur mais maintenant je ne peux vivre sans lui. Or Aphrodite me demande de descendre aux Enfers, alors autant mourir tout de suite. Alors que le vide m'attire de plus en plus, j'entends une voix.

- Ecoute-moi ma belle. Ce n'est pas impossible.

La voix se répète dans un souffle, pourtant je ne perçois personne autour de moi.

- Ce n'est pas impossible.

- Mais on dit que les portes des Enfers sont gardées par un énorme chien à trois tête.

- Ce chien, comme tous les autres, adore les friandises. Tu n'as qu'à lui donner un morceau de viande empoisonné qui le fera dormir.

- On dit aussi qu'il faut traverser un fleuve remplis d'esprits errants.

- Il y a un passeur, il te suffit de lui donner assez d'argent pour l'aller et le retour.

Je recule légèrement de la falaise, sèche mes larmes et me persuade que je peux le faire. Je commence à partir quand la voix me rappelle.

- Un dernier conseil, quoiqu'il arrive, n'ouvre jamais la boîte qui contiendra ce qu'Aphrodite t'a demandée.

La boîte, bien sûr. Je sors de ma poche une petite boîte avec des enluminures dorées et roses dessinées sur le dessus. Aphrodite veut que je lui rapporte, dans cette boîte, un peu de la beauté de Perséphone, épouse d'Hadès, dieu des Enfers. On raconte que la déesse, enlevée par Hadès, s'ennuie au royaume des morts. C'est pourquoi elle serait indulgente avec les visiteurs.

*****

J'ai réussi !

Perséphone est d'une extrême gentillesse. Elle semble avoir été touchée par mon histoire. Même si elle n'est pas en très bon terme avec la déesse de la beauté, elle a tout de même accepté de faire ce qu'Aphrodite me demande. Elle m'a ensuite aider à ressortir des Enfers avant que son mari ne me voit.

- Vas retrouver ton amour ma belle et tâche de ne plus jamais le perdre.

Alors que je ressors des enfers, j'observe autour de moi, attendant que la déesse de la beauté se montre. Assise dans l'herbe j'attends, impatiente et seule.

Mes yeux fixent la boîte que je tiens entre mes mains. Les enluminures semblent plus brillantes que tout à l'heure. La pierre rouge sur le dessus est éclatante. La curiosité s'empare de moi. Comment la beauté de Perséphone peut-elle se trouver confiner dans cette boîte ? A quoi ça ressemble, la beauté d'une déesse ?

Point de vue externe

Manquant de patience, la jeune femme se précipita pour ouvrir la boîte. D'après l'expression de son visage, ce qu'elle vit était magnifique, plus beau encore que toutes les beautés du monde. Néanmoins, ce fut la dernière chose qu'elle vit...