L'Inconsolée

III . AUBE DE PRINTEMPS

Il t'était une fois, une aube de printemps. Les fruits avaient éclos aux premiers rayons du jour, la sève redressait les branches et les fleurs se remplissaient de miel et d'azur.

Sol invictus. Le soleil invaincu apparut chaque matin. Triomphal, il t'accompagnait imperturbable dans ta douleur, dans ta détresse.

Tandis que la nature renaissait, tu t'émerveillas des couleurs, des odeurs, de la vie qu'elle t'offrit.

C'est alors qu'un pressentiment naquit. Ce pressentiment devint une réflexion. Cette réflexion une idée fixe.

Il planait un songe d'espoir, de lumière et de joie.

« Même les plus longs hivers sont suivis d'un printemps aux cieux bleus pour les regards moroses ».

Tu coiffas tes cheveux, tu revêtis ta plus belle robe et te paras de tes plus beaux bijoux. Tu ouvris les fenêtres. L'air printanier s'engouffra dans ta fortification qui s'effritait à présent. Une brèche était ouverte, la joie revenait peu à peu.

La cadence des coups du heurtoir sur la porte se propagea jusqu'à ton cœur qui soubresauta. Une rencontre printanière, une aventure qui commençait. Car au fond de toi tu le savais, le vieillard reviendrait comme il l'avait écrit.

Lorsque tu ouvris la porte, tu ne le reconnus pas. Ses cheveux raccourcis et sa barbe disparate le rajeunissaient. Le buste droit et le dos robuste, il portait de beaux vêtements. L'étranger, le voyageur égaré, compagnie tant désirée, se tint devant toi.

— Pour être aimable, la tristesse doit avoir abdiqué toute colère. Vous semblez prête pour la grande traversée. Je vous convie à l'effectuer avec moi, Princesse. Acceptez-vous ?

Tu acquiesças à cette aventure dont tu ignorais l'importance. Tout voyage est une aventure de l'esprit et tu ressentis alors la nécessité de le suivre.

— Nous allons marcher loin et longtemps. Chaque épreuve enrichira votre tête d'une nouvelle sagesse, chaque obstacle surmonté vous rendra ce que vous avez perdu et une vérité vous sera révélée. Nous allons effectuer le voyage de la Terre, le voyage de l'Air, le voyage de l'Eau et enfin le voyage du Feu. Il vous faudra être courageuse, il vous faudra faire preuve d'une grande force d'âme et d'humilité, il vous faudra avoir de l'esprit et du caractère, être déterminée, car ce périple va vous purifier de cette vie faite de malheur.

Vous partîtes sur-le-champ ; ton compagnon ne te laissa pas le temps de réfléchir. Vous marchâtes plusieurs jours, vous bravâtes le vent et la pluie, vous traversâtes des rivières, vous escaladâtes des pics rocheux. La route semée d'embûches vous offrit des pièges inattendus : la nature reprenait ses droits sur les pistes désertées des Hommes.