Chapitre 6 : Une attente interminable

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Présent 2024, pdv Alice

J'adore le vendredi. Pour plusieurs raisons, et la plus évidente est bien sûr parce que c'est le dernier jour de la semaine, ce qui signifie que le soir je peux me coucher tard et ne pas mettre de réveil pour le lendemain matin. Le rêve, tout simplement. Et la seconde raison c'est que, les vendredis, je termine mes cours à 14h30, ce qui me laisse mon après-midi libre. Je savoure ces vendredis après-midi pendant lesquels je peux me promener, me détendre, regarder un film, lire un bouquin ou encore faire les magasins sans être étouffée par la foule. Je me lève donc heureuse et impatiente de cette journée. Hugo est déjà debout lorsque je vais prendre ma douche. Il lit un journal dans le canapé, une tasse de café à la main. Après m'être préparée, je viens m'assoir à côté de lui. Il me prend dans ses bras et me regarde intensément. 

"Pourquoi tu me fixes comme ça mon amour ?

- Je me demande ce que j'ai fait pour avoir eu la chance de t'avoir rencontrée, me répond-t-il.

- Oh mais qu'est-ce que tu racontes, c'est moi qui ai de la chance. Tu es adorable avec moi, et si patient. Et puis tu es calme, attentionnée; si tu savais comme tu m'apaises.

- Aujourd'hui je vais à l'agence, tu veux que je te dépose ? me demande-t-il.

- Avec plaisir, tu me laisses encore cinq minutes ?

- Oui prends ton temps, on part quand tu es prête."

Je me dépêche de préparer les cours dont j'ai besoin. Une fois mes affaires rassemblées, je rejoins Hugo qui m'attend devant la porte. Nous montons dans sa voiture et sur le trajet de l'école, nous ne parlons pas. Mon esprit vagabonde et s'arrête sur Lucas. Je n'arrive pas à m'empêcher de penser à lui. Je m'interroge sur les raisons qui l'ont poussées à ne pas venir lundi dernier et je me demande s'il a redonner signe de vie à la CPE. Lorsque j'arrive devant le collège, je retrouve Archibald et nous faisons le chemin ensemble. Ce matin, je commence avec les sixièmes à qui j'ai donné un contrôle au dernier cours. À peine suis-je arrivée dans la classe que les élèves me demandent si je vais leur rendre leurs devoirs. J'acquiesce en souriant et ils semblent contents. Je l'étais aussi en corrigeant leurs évaluations puisqu'elles sont pour la plupart très bonnes. Après la distribution des copies, je procède à la correction et ils m'écoutent dans un silence agréable. Les deux heures passent à grande vitesse. Les deux suivantes, que je passe avec les quatrièmes, se déroulent aussi bien et il est midi avant même que j'en ai conscience. Archibald et moi, nous décidons de déjeuner dehors, dans le petit parc situé à proximité de l'école. Il s'achète un sandwich au poulet et moi j'opte pour une salade italienne avec du jambon serrano et de la mozzarella. Je passe un moment très agréable. Archibald me raconte comment sa copine, Clara, a décidé de changer radicalement son style vestimentaire. Elle va l'accompagner ce week-end afin qu'ils décident ensemble des nouveaux vêtements que portera Archibald. Il semble enjoué de cette nouvelle, et son bonheur est communicatif.
J'aime beaucoup Clara, c'est une chouette fille et elle le rend vraiment heureux. Elle est simple, gentille et très drôle. Et puis, elle a une beauté singulière. C'est le genre de personne qu'on apprend à trouver belles, à mesure qu'on les regarde. Clara est une femme brune aux yeux bruns, longiligne. À sa silhouette longue et mince s'ajoute la blancheur de sa peau qui crée un contraste avec la noirceur des taches de rousseurs qui habillent son visage. La finesse de ses traits, son nez aquilin, ses lèvres minces, lui confèrent une douceur et une certaine fragilité. Mais sa personnalité révèle toute autre chose que de la fragilité. Clara est une femme forte, digne et sûre d'elle. Même si son physique laisse entrevoir une possible fragilité, son attitude, sa posture révèlent sa vraie nature. Elle correspond parfaitement à Archibald. Je pense en un sens que c'est cette double facette qui lui plait chez elle, qu'elle est un côté fragile qui montre un besoin d'être protégée et à la fois une assurance qui lui permette d'être indépendante. 

"Ça va, tu as l'air ailleurs ? me demande Archibald.

- Ah non, excuse-moi, je t'écoute, dis-je en regardant ma montre. Oulah, il est déjà 13h20, il faudrait peut-être qu'on y retourne. 

- Ah oui en effet."

Lorsque nous entrons dans le collège, nous apercevons la CPE. Elle semble nous attendre. Alors que nous arrivons à sa hauteur, elle nous intercepte :

"Je ne vous ai pas vus ce midi. J'ai prévenu tous vos collègues et je vous attendais pour vous informer que j'organise une réunion exceptionnelle en salle des professeurs pendant la récréation à 15h30. Elle n'est pas obligatoire bien entendu mais j'aborderai certains points et notamment le remplacement de monsieur Vielmas, donc si ça vous intéresse rendez-vous à 15h30 en salle des professeurs. Bon après-midi, ajoute-t-elle, déjà repartie vers son bureau."

Archibald me regarde avec un air interrogateur :

"Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'es pas obligée d'y aller, tu sais. Je pourrais t'appeler pour te dire ce qui s'est dit si tu veux. Je sais que tu finis à 14h30 le vendredi et que ton après-midi de liberté est sacré. 

- Non, c'est gentil mais je pense que je vais y aller. Je n'avais rien prévu de particulier, ments-je, et puis j'ai une tonne de copies à corriger de toute façon."

Je sais que c'est ridicule, voire puérile de mentir mais qu'est-ce que j'aurais pu lui dire d'autre ? Je ne peux pas lui dire que je tiens à être là parce que le futur remplaçant est vraisemblablement mon ex copain et que ça m'intéresse de savoir quand il va arriver et pourquoi il n'est pas venu lundi dernier. À cet instant précis, je me sens ridicule. Ridicule de sacrifier une après-midi dans le seul but de connaître les détails de l'arrivée de Lucas, de lui accorder de l'importance alors qu'il n'en mérite pas. 

Je passe l'heure de cours que j'ai avec les quatrième à penser à lui. Et l'heure d'après aussi. Le temps parait passer à une vitesse extrêmement lente, presqu'au ralenti. Enfin, il est 15h25. Je quitte la classe vide dans laquelle je m'étais installée pour être tranquille et me précipite dans les escaliers et monte au deuxième étage, celui où se trouve la salle des professeurs. Évidemment je suis la première arrivée puisque les professeurs qui n'ont pas cours sont rentrés chez eux et ceux qui ont cours doivent encore être dans leur salle de classe. Après quelques minutes d'attente, ils arrivent tous. Archibald vient s'assoir à côté de moi. La CPE entre quelques instants plus tard et prend directement la parole : 

"Bon je vais essayer d'être la plus rapide possible pour que les fumeurs puissent fumer leur cigarette tant attendue. La professeur Lucas Mariot, qui remplacera désormais monsieur Vielmas prendra son poste dès lundi matin. Il me l'a confirmé ce matin au téléphone. Il s'est excusé de n'avoir pu venir lundi dernier mais ne m'a pas précisé les raisons de son absence. Je compte sur vous tous pour être accueillants et bienveillants même si je n'en doute pas une seconde. Léna, ajoute-t-elle, en s'adressant à l'autre professeur d'EPS, je compte sur toi pour faire visiter l'établissement à Lucas et à l'aider à prendre ses marques. Je vous propose de tous nous retrouver lundi matin à 8h dans la salle des professeurs pour faire les présentations et commencer à faire connaissance avec Lucas. Et ne vous inquiétez pas, je l'ai déjà rencontré, il est très sympathique. Bonne journée à tous, dit-elle en se dirigeant vers la porte."

Ça y est, je vais le revoir, c'est sûr, à moins qu'il ne fasse comme lundi dernier et qu'il ne se pointe pas lundi mais ça m'étonnerait. Deux fois, ce serait quand même exagéré, non ? Je sens mon coeur battre à la chamade, la sueur envahit mon corps, et pourtant je sais que je ne devrais pas être touchée. Ça m'énerve mais je n'arrive pas à me contrôler et je sens de plus en plus l'angoisse s'emparer de moi.

Chapitre 6 terminé ! Les retrouvailles se rapprochent... Je serais curieuse de savoir à quoi vous vous attendez ;)
J'espère que ce chapitre vous a plu, je vous embrasse fort !
 

DELTA PLANE pour toujoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant