Feel low

Lost

Ses pieds foulaient le platane au rythme de ses pensées effrénées. Elle marchait, sans destination ou but précis, elle savait juste qu'elle marchait. Elle voulait juste s'éloigner, fuir, encore une fois. Une dernière fois.

Alors qu'elle déambulait le long des trottoirs, ses pas étaient plus pressés, maladroits, désarticulés. Comme elle. Tout se mélangeait, plus rien n'avait de sens, il avait tout détruit abandonnant au milieu des décombres toutes ses certitudes, toutes ses barrières, tous les faux-semblants ; son jeu d'acteur pourtant si bien rodé jusqu'à présent, venait de s'écroulait avec autant de résistance qu'un château de cartes. Sous la lumière des réverbères on pouvait à peine distinguer son ombre. Une ombre un peu floue, sans trop de formes, sans trop de rien. Une ombre, c'est ce qu'elle était devenue. Oubliée tellement de fois, depuis tellement de temps... Oubliée d'elle même. Qui était-elle ? Que voulait-elle ? Comment se sentait-elle ? Ses questions n'avaient plus ni sens, ni réponses... Ça n'était plus que des lettres qui, accumulées, formaient des mots, encore et toujours des mots. Des mots qui parfois donnent de belles phrases, des phrases qui, juste pour un instant, font vivre. Ces phrases l'ont fait vivre. Vivre tellement fort que ça en était étourdissant, enivrant, douloureux. Chaque phrase a sa fin. Certains sont assez courageux ou inconscient pour en formuler d'autres, elle n'avait plus la force ou l'envie. Tout l'avait quitté ce soir là, en même temps que lui. Son départ avait été celui de trop. Elle porta sa main à son visage, essuyant une larme qui s'était aventurée sur sa joue, elle pleurait.

Elle ferma les yeux très fort, comme pour étouffer ce qu'elle ressentait. Il avait même réussit à provoquer ça et, il n'était même pas là pour calmer l'angoisse qui s'emparait d'elle. Le vent venait heurter sa peau, trop peu couverte. « Trop peu couverte », c'est comme ça qu'on l'avait toujours préférée, comme ça qu'on la voyait, qu'on la voulait. Dénudée. C'était ce qu'on attendait d'elle, ce que lui, avait attendu d'elle. Attendrait-il la même chose ? Partirait-il aussi ? Elle trébucha et manqua de s'effondrer, le souffle court, la respiration haletante elle marchait de plus en plus vite, trottinant presque désormais, courant bientôt. Elle s'efforçait de taire toutes ces choses dans sa tête, cette effervescence contrastait avec le vide qui régnait dans les rues et celui dans lequel elle essayait de se maintenir. Rien de tout ça ne comblait le plus douloureux. Au contraire. Cette tentation doucereuse, presque nécessaire qu'elle connaissait à présent si bien s'insinuait vicieusement dans son esprit. Elle devait se faire mal. Elle avait besoin d'étouffer ce vide, ce trop plein de sensations. D'étouffer cette voix qui lui rappelait qu'il était absent.

Il n'était pas là.