Chapitre 3: Saucy Jacky et décor de carte postale

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C'est dans un pub que j'ai rencontré la petite Elisabeth Stride, le soir du 30 Septembre. Ce charmant bout de femme buvait paisiblement à la santé de la chair, accompagnée d'un homme. Il était seulement dix-huit heure trente, et pourtant, je sentais qu'elle était une victime plus que séduisante, et dont le sang devait la démanger de ne pas pouvoir se répandre autre part que dans ses veines.

Je les voyais partir vers une pension de Whitechapel tranquillement, et je me suis décidé à les suivre.

Voilà qu'il est maintenant vingt-trois heures, et ma petite Stride est au bras d'un homme à l'allure bien respectable pour ce quartier londonien. Plutôt court sur pattes, une moustache noire bien tracée sur son visage. Un chapeau d'une même couleur, bien taillé, prenait place sur sa tête, sans oublier un costume charbon et une veste à la taille du bonhomme.

Deux ouvriers, qui semblaient connaître ma future victime de ce soir, les abordèrent dans le but de les inviter à boire un coup dans un des nombreux pubs ouvert toute la nuit dans cet étrange secteur. Mais ils repartirent bien vite en direction de Settles Street, lorsque le couple refusa leur invitation.

À peine quarante-cinq minutes plus tard, ma tendre cible est au bras d'un autre homme. Coiffé cette fois-ci d'une casquette de marinier, il embrassait langoureusement la demoiselle sur le trottoir sale du quartier. Ils semblaient insouciants. Je me disais que le temps commençait à paraître long, à suivre cette trainée de pacotille. Long Liz, semblait l'avoir surnommé l'homme à la casquette. Quel surnom bien ridicule à mon goût.

Minuit à présent, et ma petite pêcheuse était encore au bras d'un homme différent, car un certain Matthew Parker aurait vanté ses services. Me voilà bien avancé à ne pas pouvoir l'approcher pour l'égorger avec toute la délicatesse du monde. Cette enfant semble toujours accompagnée d'une mauvaise fréquentation. Elle a une sacré veine pour s'entourer continuellement, contrairement à mes deux autres demoiselles qui avaient besoin de faire des recherches pour ne pas coucher seule le soir.

À minuit quarante je la vis sous un porche et je me suis approché d'elle pour l'aborder, trop impatient d'avoir enfin le champ libre pour la décapiter.

-Savez-vous que Jack l'Éventreur se trouve dans le quartier, madame? lui dis-je d'une voix calme.

Elle se tourna dans ma direction.

-Je ne pense pas que cette mascarade soit vraie monsieur, répondit-elle sur un ton neutre. Ces femmes ne savaient simplement pas satisfaire pleinement les hommes et l'un d'eux a perdu patience. Avez-vous déjà vu un homme vouloir tuer une prostituée, au lieu de la payer? Cela n'a jamais été mon cas, et je ferai en sorte que ça ne le soit pas.

-Vous savez madame. Je vois et admire ce genre d'homme aux merveilleux talents artistiques tous les jours, et ce dans les reflets de vitres ou des miroirs.

Elle sembla un instant se raidir et ne réagit pas suffisamment rapidement, me permettant ainsi de la saisir pour l'emmener dans une ruelle adjacente. Elle tomba sur le pavé comme une feuille morte en automne, en poussant un petit cri qui parut à peine audible. Je l'ai accompagné dans la ruelle, et il ne me fallut que peu de temps pour lui passer le couteau sous la gorge et la faire arrêter de couiner.

Mais à peine avais-je terminé la partie la moins distrayante, que j'entendis le bruit d'un hénissement. Je me suis immédiatement arrêté, et j'ai vu une charrue bloquer l'allée.

Mon rythme cardiaque semblait s'être un instant accéléré, avant de revenir à sa lenteur habituelle. Une personne était là et semblait chercher de l'aide. J'ai profité de son instant d'inattention pour sortir de cette impasse, et m'éloigner des regards indiscrets qui commençaient à s'approcher.

L'art De L'éventrologie Selon JackOù les histoires vivent. Découvrez maintenant