Ce soir est ma dernière œuvre avant de dire adieu à ce monde pourri jusqu'aux tréfonds de ses entrailles. Je le sens. Mon corps ne tiendra pas plus longtemps le supplice qu'il subit depuis déjà un long moment. Je ressens, comme des millions d'êtres insignifiants semblables à mon cas, ce mal me ronger et m'affaiblir.
Encore davantage de sang qui coule de ma bouche. Je ne fais que le cracher depuis maintenant quelques jours. Je commence à ressembler de plus en plus à mes victimes et c'en est presque pathétique.
Mes doigts essuient le liquide rouge qui perle de ma mâchoire, depuis que j'ai tenté de refouler la quinte de toux.
Il est bientôt deux heures du matin et nous sommes à présent le 9 Novembre. Ma victime était rentrée chez elle un peu ivre et avait eu du mal à ouvrir sa porte.
N'ayant pas de clefs car elle les avait égarée depuis déjà quelques temps, elle avait ouvert sa porte du 26 Dorset Street en passant sa main à travers un carreau de fenêtre brisé. Son teint n'était plus très frais à cause de son état et de l'heure tardive. Ses cheveux bruns plaqués contre elle, semblaient vouloir cacher sa silhouette juvénile. Elle semblait chantoner doucement, une chanson que je reconnue immédiatement.
Scenes of my childhood arise before my gaze,
Bringing recollections of bygone happy days,
When down in the meadow in childhood I would roam;
No one's left to cheer me now within that good old home.
Father and mother they have passed away.
Sister and brother now lay beneath the clay; But while life does remain, to cheer me
I'll retain This small violet I plucked from mother's graveÀ peine fût-elle rentrée qu'elle s'effondra sur son lit de fatigue et d'ivresse.
Pauvre petite chose. À peu de jour près, tu aurais pu rester en vie. Peut-être. Il ne me fallut, comme à mon habitude, qu'une faible de peine pour entrer.
Tu verras ma petite Mary Jane Kelly, bientôt nous serons de nouveau réunis.
Je me suis approché doucement. Elle était déjà endormie quand je me suis assis sur le bord du lit.
-Ça fait longtemps, n'est-ce pas Marie? Tu adore que l'on t'appelle ainsi. Marie Jeanette Kelly.
Je sortis doucement le couteau de ma veste. Sa respiration était calme, et moi mon cœur semblait ne plus pouvoir s'arrêter de battre, en cet instant si spécial.
-Tu verras, tu seras bientôt délivrée de ces instants inhumains que tu supportes pour seulement un peu de pain.
Only a violet I plucked when but a boy,
And oft' times when I'm sad at heart, this flow'r has given me joy,
But while life does remain, in memoriam I'll retain
This small violet I plucked from mother's grave.Elle se tortilla pour se réveiller, lorsque ses oreilles entendirent ma voix. Mon chant l'avait réveillé et c'était tant mieux. Je voulais qu'elle voie mon visage une dernière fois avant de quitter ce monde atroce pour l'au-delà.
-Bonne nuit Marie, dis-je seulement lorsqu'elle ouvrit difficilement les yeux.
Elle eut à peine le temps de crier au meurtre, avant que je ne lui tranche la gorge. Mais cet endroit était parfait pour commettre un crime. Reculé, fermé, isolé, à l'abri des regards malveillants.
-Tu verras Mary, lui dis-je calmement alors que je l'accablais rageusement de coups de couteau. Demain, lorsque le propriétaire enverra l'agent chercher ton loyer, son messager découvrira le reste de ton corps. Tu seras méconnaissable. Je veux être le seul homme à pouvoir me rappeler de ta beauté. Tu verras, tu seras toujours aussi magnifique qu'avant, là où je te rejoindrai.
Il ne fallut que peu de temps pour te défigurer le visage entièrement, ne laissant qu'une sorte de trou béant. Mais pour couper à tous les hommes de la Terre, l'envie de voir ce que tu caches sous tes douces robes, je me suis attardée sur ton corps resplendissant.
Je t'ai ouvert le ventre, après t'avoir sectionné la poitrine. J'ai dispersé un peu tes organes, partout dans la pièce colorée à présent d'une douce couleur vermeille. Je t'ai fait un petit oreiller avec un certain nombre d'entre eux. Comme ça, ton corps reposera confortablement dans cette chambre, en attendant de reposer six pieds sous terre à mes côtés.
Je t'ai débarrassée de tes intestins que j'ai mis entre tes jambes pour ne plus qu'ils te gênent, accompagnés de ton foie qui te faisait tellement souffrir après tes innombrables soirées arrosées. J'ai délicatement arrachée la peau de tes cuisses et je l'ai empilée sur la table de nuit. Puis je t'ai volé ton cœur avant de partir, pour le garder jalousement à mes côtés pour l'éternité.
Well I remember my dear old mother's smile,
As she used to greet me when I returned from toil;
Always knitting in the old arm chair, Father used to sit and read for all us children there.
But now all is silent around the good old home,
They all have left me in sorrow here to roam;
White life does remain, in memoriam I'll retain This small violet I plucked from mother's grave-Notre Père, qui est aux cieux... As-tu vraiment fait de ton mieux? As-tu pris soin de Mary, qui repose à présent à tes côtés?
Une quinte de toux me prit violemment, résonnant dans toute l'église, rivalisant avec le son des cloches et tachant de rouge les bancs de St Mary-le-Bow.
-Je confesse, les hommes me considèrent comme un monstre. Que dis-je. Je suis le monstre sanguinolent de Whitechapel. Et bientôt je te rejoindrais pour que tu m'envois là où tu l'auras décidé.
Un silence pesant parcourut la nef. Et je pris plaisir de le briser une dernière fois, après cette dernière danse.
-Je te rejoins à présent Mary. Car après tout je te l'ai promis. Je t'ai délivré de l'enveloppe honteuse que Dieu t'avait injustement délivrée, à toi, comme à ces autres femmes que j'ai sauvées et immortalisées dans l'histoire. Je t'embrasse une dernière fois avant de te revoir. Mais ne t'en fait pas je n'ai pas oublié de déposer des violettes sur ta tombe, comme tu l'avais souhaité lorsque nous avons entendu pour la première fois cette chanson. Je garde également toujours ton cœur avec moi, je ne m'en séparerai pour rien au monde ma tendre amie.
Je me suis doucement levé pour la dernière fois, marchant d'un pas tremblant au centre de l'allée. Avant de m'effondrer et de m'étouffer dans mon sang, un bouquet de violettes collé contre moi.
Il me semblait avoir entendu avant de partir une voix disant doucement:
-Au revoir Jack.
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L'art De L'éventrologie Selon Jack
HorrorSeptembre 1888. Je fais enfin mon entrée avec mon numéro. Moi qui deviendra l'un des tueurs les plus célèbres. Moi que l'on définira de monstre inhumain. Moi que l'on appellera Jack the Ripper. Histoire inspirée de faits réels et le fruit de nombreu...