(IMPORTANT) A écouter avec en fond musical : Make you feel my love – Bob Dylan (Holly Henry Cover)
Ce soir, on oublie tout. Ce soir, on se noie dans les flots de l'alcool, on se laisse emporter par la musique, une bouteille à la main.
C'est vrai que, parfois, on se loupe, et on se retrouve avec les vêtements trempés, d'ailleurs ils sont gorgés d'alcool, mais ce n'est rien par rapport à tout ce qui coule dans notre sang. Même à notre si jeune âge, tout ce qu'on veut c'est s'éclater, on s'amuse en s'ouvrant à un nouveau monde rempli de dangers sur lesquels on fait sourde oreille. On est tellement aveuglés par l'adrénaline qu'on y pense pas, on fait comme si ce soir, on ne craignait rien, on fait comme si cet alcool n'était rien d'autre que des verres d'eau insouciants. On fait comme si nos proches ne s'inquiétaient pas pour nous quand on leur dis que nous sortons toute la soirée, on fait comme s'ils n'existaient pas, on fait comme s'ils n'étaient pas en train de se demander ce que l'on fait à ce moment précis, si l'on va bien, si on est toujours capable de répondre à leurs appels et leurs messages inquiétants quand ils veulent de nos nouvelles.
Mais pour nous, c'est devenu complètement impossible. Toutes les personnes qui croiseront notre passage seront bousculées par notre corps devenu tellement difficile à contrôler, tellement difficile de marcher droit quand on voit si trouble, et quand nos jambes sont tellement lourdes.
Notre vision est complètement troublée, on explose de rire quand quelqu'un nous demande si l'on va bien, on monte les escaliers des toilettes à quatre pattes pour ne pas trébucher à chaque marche. Et on ressent tellement de plaisir ce soir-là, on est bien, dans notre petit monde sans importance, sans inquiétude, notre monde spécial qui ne durera qu'une soirée mais on en a rien à foutre. Nous ce qu'on veut, c'est se sentir bien le temps d'une soirée, on veut oublier tous nos soucis, et notre vie difficile.
Faire comme si notre vie recommençait ce soir.
Comme si le seul problème était de se déplacer d'un endroit à un autre.
Et ce soir, on donnera notre corps sous l'effet absurde de l'alcool, et on regrettera nos actes le lendemain. On regrettera tellement fort, mais çà, ce n'est rien face à toute la dignité que l'on a perdu. On aura honte, honte de ce que l'alcool nous a fait devenir, de comment il a prit le contrôle de notre corps, de comment on a été guidé. De comment on a laisser ces inconnus abuser de nous, sans rien dire.
Mais on ne dira rien, car on l'a cherché. On ne pourra pas se plaindre, car c'est vrai, c'est de notre faute, sans l'avoir bu, l'alcool ne contrôle pas notre corps.
Et le pire, c'est le lendemain, au fond de nos couvertures, à se tordre de douleur. On se dit que l'on ne recommencera jamais, que c'était la dernière fois. Et au final, on se retrouve le week-end prochain, dans la même boîte, dans le même état, avec le même taux d'alcool dans le sang.
Çà devient comme une routine, un cercle vicieux, une sorte de mauvaise habitude à laquelle il est impossible de se détacher. Car la vérité, c'est qu'on est accro à la sensation que nous procure l'alcool, on est complètement accro à boire jusqu'à ne plus se souvenir de nos gestes, de nos paroles, c'est comme une parenthèse que l'on permet à notre vie.
Juste le temps d'une soirée.
Juste pour s'évader.