BONELESS : Partie 2 | vikings

Chapitre 7

Aileas MacKenzie

C'était le grand jour. On allait m'arracher la personne la plus précieuse à mes yeux. Toutes ses affaires étaient chargés sur une des charrettes.
Margrethe et ses filles sont venues me dire au revoir. La femme de Ubbe m'avait tristement regardé comme si elle compatissait. Ce fut au tour de Ubbe et Hvitserk. Ils m'avaient serré tellement fort que j'ai cru que mes os allaient se briser entre leurs bras. Puis Laoghaire qui m'a simplement sourit. Comme lorsqu'elle prépare un mauvais coup. Hvitserk l'a hissé sur un cheval tandis qu'elle me lance un clin d'oeil discret. Je fronce les sourcils et décide de finalement me concentrer sur le petit garçon le plus important à mes yeux. Ivar est debout à ses côtés, une main sur son épaule.

- Fais attention à toi, mo ghrádh. Je t'aime.

Il me chuchote un « je t'aime aussi » avant de se lancer dans mes bras. Même après lui avoir expliquer que je ne pouvais pas venir, il a continué de rester sur la même position. Il veut partir avec son père. Je l'embrasse tendrement et le serre dans mes bras une dernière fois avant de me relever. Je plante mon regard dans celui d'Ivar.

- Si jamais j'apprends qui lui est arrivé quoi que ce soit, je te tuerais Ivar Le Désossé.

Il sourit et prend mon visage d'une seule main.

- Il ne lui arrivera rien. Je ferais souffrir de la pire façon le premier qui osera toucher à mon fils.
- Je compte sur toi.

Nous nous fixons une bonne dizaine de secondes avant que je ne l'enlace lui aussi. Un peu surpris au début, il ne bouge pas puis son bras ne tenant pas la béquille enroule ma taille. J'embrasse sa joue et m'écarte. Ma vue est embrumée par les larmes. Je m'étais promise de ne pas pleurer. Ubbe attrape Ragnar et le pose près de Margrethe. Ivar m'envoie un dernier sourire de sympathie et se retourne pour aller vers son char. Je les regarde s'éloigner de moi sans rien pouvoir faire.

Une fois hors de mon champ de vision, je prends une grande inspiration et retourne au château. C'est tellement vide lorsqu'ils ne sont plus là. Jamie apparaît tenant une grande boîte en bois. Il semble surpris en me voyant ici.

- Que fais-tu encore là, toi?

Je fronce les sourcils et tente de sourire.

- Que veux-tu dire?
- Pourquoi n'es-tu pas avec ton fils et ton infirme?

En voyant mon air totalement perdu, il pose ce qu'il a dans les bras par terre et m'attrape les épaules.

- Je ne veux plus te voir ici, gronde-t-il. Te voir te lamenter et mourir de chagrin n'est pas dans ma liste de souhait.

Tout en disant ces mots, il me redirige vers la porte de la cuisine.

- Allez! Avec un peu de chance, tu pourras les rattraper.
- Quoi? Je- Non! Je le stoppe. Je dois rester ici. Leoch ne va pas-
- S'effondrer si tu t'en vas. Murray et moi allons nous occuper de tout ça. Vas donc vivre ta vie, ma cousine. Avant que tu ne le regrettes.

Je reste de marbre tandis qu'il fait des petits gestes avec sa main afin que je ne m'éloigne. Son air sérieux ne me fait pas douter une seule seconde. Mais je suis tout de même la Lady de Leoch et si je m'en vais... Murray pourra-t-il gérer tout ça? Après tout jusqu'à maintenant, il m'a toujours aidé à faire en sorte que mon château ne tombe pas en ruines.
Mais dois-je vraiment l'abandonner une seconde fois? Je me tourne et fixe longuement la route par laquelle ils sont partis. Jamie a raison. Si je reste, je vais le regretter. Je prends une grande inspiration avant de prendre la grande masse rousse dans mes bras.

- Merci et adieu.

Il resserre son étreinte et embrasse le haut de mon crâne. Une fois qu'il m'a lâché , je me lance dans une course sans fin. Je m'engouffre dans la forêt et zigzague entre les arbres. Je manque de tomber plusieurs fois. Je ne vais peut-être jamais les rattraper. Il est peut-être trop tard. Alors que je commence à me fatiguer, un bras encercle ma taille et me tire à lui. Mes poumons se vident d'air tandis que mon dos se percute contre le tronc d'un arbre. Je suis à demi-paniquée mais je reconnais très vide le visage. Sa main est posée sur ma bouche pour que je ne crie pas tandis qu'il feint un sourire.