Nouvelle

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Bonjour à toutes et à tous !
Le texte qui va suivre n'est pas un poème mais plutôt une nouvelle.

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Je vivais au jour le jour. J'avais peur du lendemain. J'essayais d'oublier le passé. J'étais un monstre aux yeux des autres.

J'avais l'habitude que l'on me reproche ce que j'étais, j'avais l'habitude que l'on m'empêche d'être moi-même. Mais jamais au grand jamais je n'avais subi une telle agression.

C'était un jeudi de juin. Le dernier de l'année scolaire. J'avais hâte de partir en vacances et de laisser derrière moi le lycée. Mais rien ne s'est passé comme prévu.

Je sortais d'un cours lorsque quelqu'un m'a interpellé. J'ai préféré ne pas répondre. Est-ce que si j'avais répondu, cela ce serait passé autrement ? Je l'ignore.

Mais cela s'est tout de même produit et je vais raconter maintenant ce que j'ai vécu.

Le garçon qui m'avait apostrophé se prénommait Teddy. Il représentait tout le contraire de moi. Il était beau, populaire, aimé des filles et intelligent. Mais il était aussi la quintessence de la cruauté et de la méchanceté. C'était mon tortionnaire, mon pire cauchemar. Celui qui nous fait nous réveiller en sueur ou en larmes. Celui qui nécessite l'aide de quelqu'un pour l'oublier. Sauf qu'avec ce garçon, le sommeil ne cessait jamais et personne n'était là pour moi, pour que je me confie. J'avais juste l'impression de rêver un peu avant que je ne replonge dans cette horreur.

Teddy s'adressa à nouveau à moi :

« Michael, pourquoi tu ne me réponds pas ? Je te fais peur ? »

Sa voix rauque et narquoise me donna des frissons. J'avais terriblement peur de lui. Peur de ce qu'il pouvait me faire ou me dire.

Il m'attrapa par le col et me souleva de terre, attirant l'attention sur nous. Je manquais d'air et je commençai à suffoquer. J'eus honte de me montrer ainsi devant les autres, faible et incapable de me défendre. C'était pourtant ce que j'étais. C'était pourtant ce qui me définissait.

Le premier coup partit, et avec lui, le reste de mes espoirs de sortir vivant de cette journée. Un bleu violacé se forma sur ma joue. Je lui demandai de cesser :

« S'il te plaît, arrête !

- J'aime bien lorsque tu me supplies, continue ! m'ordonna-t-il. »

Je ne voulais pour rien au monde faire ce qu'il me demandait. La fréquence des coups augmenta, sans doute pour me punir de désobéir. Je me tus sans oser protester contre le mauvais traitement que je subissais.

Pourquoi m'en voulait-il ? Je ne le savais pas. Certes, j'étais homosexuel. Mais je ne le montrais pas, par peur des représailles justement. Je ne comprenais pas. Pourquoi avait-il besoin d'avoir un sentiment de supériorité sur une personne ? Pourquoi voulait-il avoir un souffre-douleur ?

Les coups pleuvaient, encore et encore. Et la douleur montait au fur et à mesure. Je ne laissai pas une larme s'échapper de mes yeux étroitement fermés. Je ne permis à aucun de mes sanglots de franchir la barrière de mes lèvres serrées. La peur de mourir ne me serrait plus le ventre. Au contraire, j'aurais bien aimé sombrer. J'aurais adoré échapper à cette monstrueuse douleur.

Teddy me plaqua contre un mur et me gifla. L'arrière de mon crâne se cogna contre la pierre.

Je ressentais la peur et la douleur mais elles commençaient à s'estomper, comme si les coups que je recevais ne m'atteignaient plus vraiment. Ce qui dominait à présent, c'était la haine et le dégoût. Le dégoût envers ce garçon qui me faisais subir les pires horreurs. Et une haine viscérale. Au plus profond de moi-même, je voulais qu'il meure, je voulais qu'il endure la pire des douleurs avant d'agoniser dans d'atroces souffrances.

Mais j'étais du côté de la victime, incapable de réagir et dans l'impossibilité de lutter. Lorsque Teddy ne me soutint plus, je tombai à genoux, mes jambes n'avaient plus la force de me porter.

Le garçon se mit à rire et m'asséna un dernier coup à la tempe. L'humiliation était à son comble. J'avais presque l'impression que les spectateurs, qui n'étaient pas intervenus, allaient se mettre à applaudir la prestation de mon tortionnaire.

Je leur en voulais à eux. Ils auraient pu et avaient le pouvoir de lutter contre ce massacre. Mais aucun d'eux n'a pris la peine de s'avancer, aucun d'eux n'a pris la peine de protester. Ce n'était pas tout-à-fait de leur faute si j'étais dans cet état. Après tout, ils n'avaient pas demandé à ce que je sois martyrisé sous leurs yeux. Mais j'aurais tant aimé qu'ils réagissent.

Au lieu de ça, je commençai à voir flou. Peut-être que j'allais mourir finalement. Abandonné au milieu d'un lycée, frappé à mort par un camarade de classe. Quelle étrange façon de mourir ! Et surtout, quelles circonstances révoltantes !

Je dérivais, la douleur me faisait perdre la tête. J'entendis comme des cris, une douleur explosa à nouveau dans ma tête. Comme si des milliers d'épines s'enfonçaient dans mon cuir chevelu.

Je sentis un liquide chaud me dégouliner le long de la joue pour entrer dans ma bouche. Ma dernière sensation ce jour là fut le goût ferreux du sang sur ma langue.

Avec le recul et bien plus tard, je comprends que j'aurais dû demander de l'aide bien avant cet épisode. J'aurais dû en parler avant et réagir pendant. Or, je suis resté inerte. J'ai laissé les autres décider de mon destin. C'est à cause de ça que je suis aujourd'hui en fauteuil roulant.

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Coucou tout le monde ! Passez un bon réveillon et un Joyeux Noël !

J'espère pour vous qu'il sera plus joyeux que cette nouvelle mais bon, c'est cadeau. Voilà voilà, bonne fêtes à vous ! ♥♥♥☻☻☺☺

P.-S: N'hésitez pas à me dire s'il y a des erreurs !

Audrey ♥♥♥

À mes instants perdusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant