Karol1/3

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Ma grand-mère assurait que l'amour et la haine sont les deux versants d'un même sentiment, car les deux vous emportent pareillement dans les affres de la passion. Je ne croyais pas. Jusqu'à ce que je rencontre Baron Pasquarelli et qu'il transforme ma vie en cauchemar.
Puis je l'ai perdu de vue pendant dix ans et j'ai eu la naïveté de croire que j'étais libéré de son influence.
Mais quand il fait de nouveau irruption dans ma vie, je n'ai pas pu résister.
Et tout s'est enchaîné. Inéluctablement.

Dix ans plus tôt...
Nous venons d'arriver à Todos Santos, ma famille et moi, quand j'ai découvert le manoir des Pasquarelli pour la première fois. Je suis restée plantée dans l'entrée, sur le plancher de bocoa qui ne craquais jamais.
Ma mère m'a donné un coup de courses dans les côtes.
      -Tu as remarqué le parquet ?C'est du «bois de fer», il n'y a pas plus dur.
Elle se trompait. J'allais pas tarder à découvrir qu'il y avait plus dur que le bois de ce plancher: le cœur du garçon qui vivait ici. Je n'arrivait pas à comprendre que des gens aient pu mettre tant d'argent dans une maison aussi déprimante. Dix chambres, treize salle de bains, une salle de gym et un escalier impressionnant. Tout ce qu'il y avait de mieux en matière d'aménagement intérieur, mais à part le court de tennis et la piscine de vingt mètre, rien que des couleurs ternes.
Les portes de fer cloutées à peines franchies, la dominante sombre étouffait en vous toute sensation agréable. Ambiance glaciale, tons froids, lustre en métal: ils avaient dû confier la décoration à un vampire. Le plancher lui même était si obscur que j'avais l'impression de planer au-dessus d'un gouffre, comme si j'allais plonger dans le néant.
Une maison de dix chambres pour trois personnes-dont deux presque toujours absentes-, et pourtant les Pasquarelli avaient jugé préférable de loger ma famille dans l'appartement attenant au garage, celui qu'ils réservaient au domestiques. Il était plus grand que le pavillon de bardeaux que nous louions à Richmond, en Virginie, mais sur le moment j'avais été déçue de ne pas habiter la grande maison.
Plus trop, maintenant que je découvrais à quoi elle ressemblait. Chez les Pasquarelli, tout était fait pour intimider le visiteur. C'était un véritable étalage de richesse et d'opulence, mais il s'en dégageait une impression de désolation. Ces gens là ne sont pas heureux- avais-je pensé.
Le mes baissé vers mes chaussures-des Vans blanches dans un sale état sur lesquelles j'avais dessiné des fleurs de tournesol pour cacher leur décrépitude-, j'ai avalé ma salive. Dans cette maison de riche, je me sentais mal à l'aise, quantité négligeable.
-Où est ce qu'il peut être ? A chuchoter maman.

Ruggero (Adaptación)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant