Chapitre 4 : Le Vodnik

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Ils se réveillèrent dans une bulle qui faisait office de chambre. La seule chose qu'il y avait aux alentours : un paysage aquatique. L'eau était aussi claire que du cristal et d'étranges petites créatures nageaient autour d'eux. Balayant le lieu du regard, ils constatèrent qu'il n'y avait aucune sortie. Launaÿ s'avança vers la paroi et tendit la main pour la toucher, mais elle ne heurta rien. Son bras traversa la bulle jusqu'au poignet,
surprise, elle eu un mouvement de recul. Les êtres aquatiques avaient réagit à la présence de son bras. Ils se déplaçaient par pulsions imprévisibles et c'était dur de deviner leurs intentions. Leur aspect semblait translucide, on pouvait distinguer de petites billes lumineuses à l'intérieur de leur corps. Ce n'était pas désagréable à observer, de longues parties ressemblant à de fins rubans de soie, ondulaient gracieusement sur leurs flancs. Dans leur abdomen ces petites sphères aux couleurs changeantes, brillaient telles des joyaux.

À présent que la fille avait passée sa main hors du dôme, ces choses nageaient toutes autour. Soudain, elles se mirent à produire une lumière qui envahi tout l'espace et un chant s'éleva qui disait :

Maïhir guntë forhilly maïhir, kélorian nérieh an guntë maïhir, forhilly run niar gùran ëy malos neïr.

Malheur souffrance oubli malheur, à qui touche l'eau, souffrance et malheur, oubli tout ce qui t'es cher, si le mal est en toi.

Plus les créatures tournaient autour d'eux et plus la lumière s'intensifiait. Bientôt ils ne purent plus garder les yeux ouverts et s'écroulèrent au sol.

Quelque chose saisi Baïlyr par le col de sa chemise en le secouant, il entre-ouvrit péniblement ses paupières, encore perturbés par l'éclat du scintillement brutal. Il découvrit un visage pâle et verdâtre, entouré de cheveux bruns emmêlés. Des yeux en amande, dépourvus de blanc d'oeil, noirs comme le néant le fixaient avec stupeur et sévérité. Regardant les lèvres de l'énergumène, il put distinguer à travers sa vue brouillée qu'elles bougeaient. Mais il était tellement sonné qu'il n'entendait rien...

"Je crois qu'à ce moment précis, une chose incroyable s'est passée....Mais je ne me souviens pas...Je...Je suis désolé...C-comment est-ce possible? Je suis le Gardien des Légendes! J-je ne peux pas oublier, j-je non!"

- Calme-toi, lui dis-je, il doit sûrement y avoir une explication..."

J'étais toujours à la même place, sur ce même tas d'herbe coupée, avec en face de moi ce Gardien de Légendes, si sûr de lui au départ et qui semblait à présent hors de lui. En tentant de le rassurer, je ne me rendis pas compte que la lune était absente dans le ciel nocturne. Soudainement, sur ma gauche, le voile noir de la nuit fut déchiré en deux par une lueur pâle, presque éblouissante. Lorsque mes yeux s'habituairent, je pus voir une silhouette à la fois virile et d'une douceur envoûtante. Ce personnage mystérieux, fit quelques pas dans notre direction. C'était un jeune homme. Quand il arriva devant nous, je pus distinguer ses traits. Comment dire... sa beauté était indescriptible.
Je me souviens encore de son visage si doux, son regard si pur remplit de sagesse. Je le dévisageait quelque minutes, le souffle coupé. Un cri me fit sortir de mon envoûtement.

- Baïlyr ! S'écria le farfadet.
Oh, comme je suis heureux de te voir ! Je me trouve dans l'embarras...Par Gal'lirím! comment ai-je pu oublier la partie d'une légende?

- Calme-toi mon ami, je viens justement d'entendre tes plaintes. C'est pour quoi je suis ici, car moi seul connais cette partie de l'histoire.

Dómbal l'observa avec stupeur et bégaya.

- T..toi, seulement toi? Mais comment est-ce possible, que MOI le gardien des légendes, je ne la connaisse pas?

- Ah, nous y voilà... Et bien tout d'abord, souviens toi du chant des Güls de Forhilly.

Maÿnóch na Dúladán réfléchi un instant, c'est alors qu'il compris.
Il avait beau être un être magique, il n'était pas pour autant pur et innocent. C'est pour lui que les créatures été venue, pas pour Baïlyr et Launaÿ. Les Astres sont des créatures, totalement pures et dénuées de tout mal. C'est pour cela qu'ils n'avaient pas perdu la mémoire à cause des Güls.

- Tu comprends maintenant? Esquissa Baïlyr. Ces créatures aux services du Vodnik, t'ont volé un morceau de ta mémoire. Elles n'ont pas puent tout te prendre, étant donné que tu es protégé par Gal'lirím. Tu es le seul à connaître tous les récits de notre peuple.

Moi qui les écoutait, je vis le bel homme faire un clin d'oeil à son locuteur, avant de continuer ainsi.

- Mais de par le fait que tu sois un
personnage fourbe et mesquin, les Güls ont quand-même réussi à prendre ce souvenir. Donc je suis le seul à connaître la suite et je vais vous la faire connaître ! Dit-il avec un sourire remplit de bienveillance.
Il s'installa à nos côtés et entama son récit.

- Nous étions dans cette bulle sous l'eau, avec pour seule compagnie les Güls et le Vodnik ; qui m'avait soulevé du sol par le col de ma chemise et qui me parler, sans que je ne comprenne rien. Encore sous le choc de cette lumière tranchante, j'avais l'impression d'être transporté ; mais je n'avais pas la force de bouger. Quand j'ouvris à nouveau les yeux, je me trouvais dans un endroit totalement différent. C'était une sorte de pièce sombre et humide, dans laquelle il y avait une multitude d'étranges petits pots à couvercles, qui reposaient sur des étagères. Une lueur s'échappait d'entre les failles de certains couvercles, tandis que d'autres semblaient vides. Me redressant, je vis Launaÿ sur ma gauche, allongée sur un lit en bois. Elle avait l'air paisible. Je n'eu pas le temps dire quoi que ce soit, quand tout à coup, quelqu'un entra. Cela me surpris tant, que mon corps ne réagi même pas. C'était encore le Vodnik qui tenait dans ses bras des pots identiques à ceux des étagères. Sans faire attention à moi, il alla les classer dans l'une d'elles. Une fois sa tâche accomplie, il se tourna vers moi et m'adressa ces mots.

- Ton amie et toi êtes bien étranges. Mes Güls ne vous ont rien fait, alors qu'en temps normal ils aspirent toute la mémoire de quiconque touche cette eau. Bien souvent la mort de leur corps s'en suit, mais je récupère leurs âmes dans des pots que j'entretiens ici. Je fais cela pour me cultiver, je suis retenu dans cette source, car je ne peux pas respirer hors de l'eau. Je ne connais que le monde aquatique...

Je ne su que répondre, alors j'émit simplement un petit son entrecoupé, qui ressemblait à ça : E-euh. L'énergumène continua à parler, ou plutôt, il me posa des questions sur qui j'étais et qu'est-ce que je faisais dans les parages. Un vrai moulin à parole, qui ne vous laisse pas en placer une! Il trouvait fortement bizarre que Launaÿ et moi, ne nous étions pas fait attaquer par ses viles créatures. De peur de nous faire dénoncer, je ne voulais pas lui révéler notre véritable identité. Entre temps Launaÿ c'était réveillée et avait entendu notre conversation. Avant que je ne pus ouvrir ma bouche, elle répondit d'une seule phrase aux question du Vodnik.

- Je suis Launaÿ, fille de Samun Lüz et voici Baïlyr, fils de Minas Tümay.

Notre hôte sembla sidéré par cette nouvelle, bien qu'il ne connaisse pas grand chose au monde extérieur...

Les Légendes du peuple NoÿhirimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant