Chapitre 5 : Affronter son destin

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Dès que le Vodnik apprit qui nous étions, son visage changea d'expression. Je compris que quelque chose allait se produire. Notre hôte se leva et sembla vouloir rester naturel en disant.

- Tiens donc...et qu'est-ce que vous faites hors de vos royaumes ?

Je me tue de nouveau et jetais un regard à Launaÿ en espérant qu'elle comprenne qu'il ne fallait rien dire de plus. Malheureusement elle parla de nouveau.

- Nous nous sommes enfuis ! Nos pères nous empêchaient de nous voir et on voulait rester ensemble, alors nous avons préféré partir.

Je craignais le pire, elle venait de révéler toutes nos intentions avec son franc parlé et ses yeux remplis de conviction. Le Vodnik sembla impressionné, à ma grande surprise il se proposa en aide et voulu nous offrir de la nourriture pour nous rassasier.

- Vous devez avoir faim après un si long voyage ! Je vais vous chercher quelque mets délicats, attendez-moi ici bien sagement.

Il se précipita hors de la pièce tout en marmmonant des choses incompréhensibles et revint quelque instant plus tard avec des bocaux remplis de je ne sais quoi. Nous goûtâme prudemment à ces morceaux non identifiés, ce n'était pas désagréable. Ça ressemblait à des sortes de bonbons colorés au contours irréguliers et lorsqu'on les croquaient, ils fondaient immédiatement dans la bouche. Après nous être restauré, notre hôte nous dis qu'il pouvait nous ramener à la surface. Cette nouvelle me ravi et j'acceptais de suite sa proposition.

- Je vous ramènerai à une condition.

- Laquelle ? Demanda Launaÿ.

- Que vous demandiez à Gal'lirím de me permettre de respirer hors de l'eau. Vous allez vous faire couronner auprès de lui, non ? Alors vous seuls pouvez le faire. S'il vous plaît...

Launaÿ réfléchi un instant et déclara.

- Mais si nous nous sommes enfuis c'est justement parce que nous ne voulons pas être couronné ! Nous serions à nouveau séparer...

Le Vodnik nous regarda dubitatif et d'un ton plus sérieux que je ne l'en aurait cru capable, il dit.

- Écoutez mes chers enfants. J'ai beau être enfermé dans cet endroit depuis toujours, j'ai tout de même pu pioché de précieuses informations vous concernant... il y a environs 570 ans.

Je restais bouchebée, 570 ans que nous étions séparés Launaÿ et moi ?! Je me demandais à présent, comment nous avions fait pour nous rendre compte de rien pendant aussi longtemps ! Le Vodnik continua son discours.

- J'ai recueilli l'âme d'un être qui fut présent à cette cérémonie. Elle est dans l'un ces petits pots, je peux la retrouver si vous le souhaitez...?

Nous nous regardâmes, nous interrogeant ainsi du regard pour conclure que nous voulions connaître la vérité. Le bonhomme vert hocha la tête en signe de compréhension et nous tourna le dos pour chercher dans ses étagères. Quelques minutes plus tard, il se retourna et poussa un "AHA ! te voilà Kimoga !" en signe de satisfaction. Il nous regarda chacun à tour de rôle et revint s'assoir sur son tabouret en posant le récipient sur la table qu'il y avait entre nous. Il posa ses mains sur la table en joignant ses index et ses pouces autour du pot pour former un triangle, puis ferma les yeux et recommença à marmonner  comme tout à l'heure. Il s'arrêta net et releva rapidement ses paupières, ôtant le couvercle du contenant en gardant les doigts en triangle. Apparue alors un ectoplasme bleu qui flottait au-dessus de nous, ne sachant comment réagir nous demeurâmes silencieux et interdits. Le fantôme se mit à parler.

- Hélà ! Pourquoi donc me tourmentez-vous dans mon sommeil ! Je commençais tout juste à m'y sentir bien dans cet affreux pot de chambre ! Le Vodnik reprit la parole d'une voix autoritaire.

- Kimoga, nous avons besoin de ta mémoire. Dis-nous ce que tu sais sur l'incident de la cérémonie d'alliance des Astres, s'il te plaît.

L'esprit se tourna vers Launaÿ et moi, il parut stupéfait et s'adressa à nous en bagaillant.

- V-vous...i-ici ?! M-mais c-comment ? Quand vous êtes vous...
Le Vodnik l'interrompi.

- Je t'expliquerai plus tard, maintenant raconte-nous cette histoire, s'il te plaît...

L'ectoplasme se résigna et débuta ainsi.

- Je me rappelle que lors de cette fête, tout était merveilleux. Mais ce qui vous intéresse sûrement, c'est ce qu'il s'est produit lors de la clôture de la cérémonie d'alliance...Et bien voyez-vous, Il marqua une pause. Lorsque vous vous êtes pris dans les bras, c'est comme si vous étiez en train de devenir un seul et même Astre. Cela provoqua une obscurité de plus en plus croissante, qui commençait à envahir tous les environs. Alors vos pères vous tirèrent, pour vous séparer et le choc vous fit perdre la mémoire. Ils décidèrent donc que vous ne deviez plus jamais vous voir, excepté le jour de Mearwin...qui approche à grands pas si je me souviens bien !

Baïlyr

Je pivotais la tête vers mon amie, qui semblait aussi surprise que moi. Ne sachant pas quoi dire, je restais muet.
Je remarquait soudain que l'expression faciale de Launaÿ avait changé, elle paraissait plus adulte. Cette fille que j'avais toujours connue débordante de joie, d'énergie et qui avait toujours été intenable, avait à ce moment là, prit une allure totalement différente. Elle parlait à présent d'une voix calme et réfléchit et demanda au Vodnik de s'entretenir en privé avec moi. Il accepta sans broncher.

Launaÿ

- Nous devrions rentrer. Nos pères ne voulaient que nous protéger, ils ne nous veulent pas de mal.

Je tentais de la raisonner à mon sens.

- Mais Launaÿ ! Si on y retourne on ne pourra plus se voir ! Je t'en prie...

Elle me sourit tendrement de son visage doré et prit une voix rassurante.

- Baïlyr... je suis sûre que ça va s'arranger si on en parle avec Gal'lirím. Nous devons affronter ensemble notre destin.

Elle gagna ma confiance, puis nous retournâmes auprès de notre hôte et de son fantôme. Nous leur fîmes part de notre décision, qui sembla les étonner et les ravir à la fois. On fit nos adieux à Kimoga, et la créature verdâtre nous raccompagna à la terre ferme. Avant de nous quitter, il nous révéla son prénom, il s'appelait Rákosnik.

Lorsque nous nous retrouvâme hors de l'eau, il faisait nuit. Le Vodnik retourna dans son antre et nous commençame à marcher pour retourner chez nous. Quelques heures plus tard, il faisait toujours noir. Mais Launaÿ sembla perturbée.

- Baïlyr...Je crois qu'il n'est pas sensé faire noir...Je le sent au fond de moi, on est sensé être en plein jour !

- Tu es sûre ? Mais qu'est-ce que ça veut dire...?

- Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés chez Rákosník, mais j'espère que Mearwin n'est pas encore passé. Sinon, cela pourrait bien être l'explication de cette obscurité...

Nous marchions tellement vite, que je ne sentais plus mes jambes et je ne pensais qu'à une seule chose : mon devoir. En nous enfuyant, nous n'avions pas réalisé à quel point nous mettions le monde en danger.







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⏰ Dernière mise à jour : Apr 16, 2019 ⏰

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