CHAPITRE 5 YAËLLE

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Oh mon dieu j’ai tout gâché. Un seul cours, même pas vraiment un cours d’ailleurs, juste une évaluation de son potentiel m’a suffi pour ça. Et cette phrase que j’ai sorti à la fin? “À vendredi, soyez ponctuelle”, sérieusement ?? Je crois que j’aurais pu difficile faire pire.

Je sais que je m’enfuit, que c’est lâche, que ce n’est digne ni d’elle ni de moi.  Mais il me faut prendre du recul, analyser la soirée.

Elle était en retard de peu certes mais cela a suffi pour m'inquiéter. Et si il lui était arrivé quelques chose si elle avait changé d'avis. J’avais passé quatre jours à penser à elle, à son corps que je dois entraîner, à sa psyché que je veux soulager. Et à la remarque de mon père bien sur “Est-ce qu’elle te plaît?”... Quand je l’ai vue arriver la bouche en fleur je me suis mise en colère. Je savais que c'était justement la chose à ne pas faire, Guillaume m’en a peut-être dit le moins possible mais suffisamment pour me le faire comprendre. J’ai essayé de prendre sur moi, essayé de contrôler ma voix mais au vu de sa réaction j’ai lamentablement échoué.

J’ai vu son visage s’assombrir tour après tour, se fermer de plus en plus. Et plus sa colère montait plus la mienne s'évaporait. J’ai été stupide et je le sais. J’aurais dû tout arrêter à ce moment, lui parler, la rassurer. M'excuser peut-être. Au lieux de ça paniquée par ma propre incompétence je lui avais lâché ces mots lapidaires. Stupide, stupide stupide.

Je n’ai pas le courage d’affronter Guillaume maintenant, j’espère encore pouvoir arranger la situation. Vendredi je ferai mieux. Il faut juste que j’arrive à concilier mes deux professions à appréhender le cas Eloïse autrement,

Je pense que mon problème viens de la. Ma vie est très bien compartimentée, la psy scolaire d’un côté distante mais compréhensive, la prof de krav-maga de l'autre dure mais juste. Et entre ces deux parties moi, juste moi. Le système marche très bien d’habitude mais aujourd'hui tout se mélange, les 3 aspects qui me composent veulent se l'approprier. Je veux qu’elle puisse se défendre, je veux qu’elle aille bien, je veux la prendre dans mes bras... voilà c’est dit.

Et puis je me suis mise une pression dingue ce qui n’a pas dû arranger les choses bien au contraire.

Alors je fuis dans la nuit des larmes inexplicables inondent discrètement mes joues emportant mes regrets aux vents.

Éloïse !

“””””

Mercredi pas de collège je tourne en rond toute la matinée m'accablant de reproches. L'après midi j'évite autant que faire se peut mon boss, mais son regard noir que je croise au loin me promet que ce n'est que partie remise. Dommage !

Jeudi je fais n’importe quoi je dis à Léa de laisser une chance à la nouvelle copine de sa mère, elle me rétorque choquée que c’est son père qui a une nouvelle copine et qu’il ne manquerait plus que sa mère soit  une gouine. Autant pour moi!  À Jules qui a perdu sa grand-mère je le rassure en lui disant qu’il en trouvera une autre.  Je perds la tête. J’annonce à la principale que je me sens mal, que je rentre chez moi et que je ne serais probablement pas présente le lendemain. Après ce que j’ai lâché aux élèves le matin je pense que c'est le mieux pour leur santé mentale. Dans mon état actuel si un gamin me parle de sa tentative de suicide je serai capable de lui dire d’un ton encourageant qu’il fera mieux la prochaine fois.

À peine arrivée à la salle de sport je vois Guillaume qui m’attend et il n’a pas l’air content,mais alors pas du tout. Zut! Je me suis plantée à ce point.? Il me fait signe de le suivre avec à peine un bonjour lâché du bout des lèvres.

Je le suis me préparant à recevoir stoïquement les récriminations qui ne vont pas manquer de tomber. Après des premières fois difficiles ce n’est pas inhabituel non plus et ça n’engage à rien. En tout cas c’est ce dont j’essaie de me convaincre depuis mardi. À peine la porte fermée il explose.

Combat à vie (SOUS CONTRAT D'ÉDITION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant