Jade [ en pause ]

Prologue

Clac !

Non ! Cette fois-ci, je ne rêvais pas !
Jade Ilson, tu ne rêves pas. Je me répétais cette phrase essayant d'y croire, et de ne pas me prendre pour une folle.

La porte de ma chambre venait de se claquer derrière moi au moment où je me rendais compte que j'avais oublié de la fermer. Ce n'était pas normal. Depuis quelques jours, cela ne cessait de m'arriver, les portes se refermaient toutes seules quand j'en avais besoin, les lumières s'éteignaient quand j'approchais ma main de l'interrupteur... Cela me mettait les nerfs en pelote !

J'avais retardé le moment où je devrais en parler à mes parents, car je savais bien ce qu'ils allaient me dire :

« Mais enfin, Jade, tu te fiches de nous. Arrêtes avec tes histoires. Vas te recoucher. »

Ça, ce serai mes parents tout crachés. Je ne voulais pas passer pour une idiote. Mais il fallait bien que je leur dise. Même si je venais juste de me coucher, et que mes parents allaient sûrement me passer un savon pour les avoir réveillés. Je n'en pouvais plus.

Fffrrr...

Je sursautais et regardais à mes pieds. Mes chaussons étaient là, comme une invitation à me lever et à aller tout dire à mes parents.

Finalement, me dis-je, c'est assez agréable que tout vienne à moi lorsque j'en ai envie.
Mais malgré tout, j'avais une boule au ventre. Qu'allait penser mes parents, eux toujours très terre à terre ? Au pire, ils pourront m'emmener voir un psy, au mieux, ils croiront que j'ai pris un cauchemar pour la réalité. Je ne sais pas laquelle est la mieux, car sachant que j'ai 15 ans, bientôt 16, prendre un cauchemar pour la réalité, sa craint quand-même un peu.

Je me levai, glissai mes pieds dans mes chaussons qui m'attendaient bien sagement, et sortis dans le couloir.

Clac !

La porte venait de se fermer derrière moi, réponse silencieuse à mon désir.
Je respirai un grand coup, et me dirigeai vers l'autre bout du couloir.

Je passai devant la chambre de ma très chère grande sœur, Claire, qui n'arrête pas de se prendre pour ma mère, ce qui apparemment est un symptôme de toutes grandes sœurs qui se respecte.
Elle ressemblait à ma mère, c'est-à-dire qu'elle ne me ressemblait pas du tout. Ma mère avait les yeux marron, les cheveux châtain, le nez droit, et les pommettes que l'on dirait taillées à la serpe. Dans l'ensemble, elle avait un visage aux traits fins, mais avec l'aire sévère.
Alors que moi, j'avais les yeux bleus, les cheveux bruns et lisses (malgré tous mes efforts pour les faire ne serait-ce qu'onduler) mon nez partait légèrement en trompette, et mon visage avait tendance à être un peu trop rond. Par contre, on me disait que je ressemblais assez à mon père.

Il avait les yeux bleus, apparemment je tenais de lui, et des cheveux blonds, mais ils ont foncés avec la vieillesse. Son nez était aquilin, et dans l'ensemble, il avait un visage carré.

Puis je passais devant la chambre de mon frère qui n'est mignon que quand il dort et qui est le portrait craché de mon père à son âge. Et enfin, j'arrive devant celle de mes parents. Je m'arrêtai, hésitai.

Je fini par lever ma main et frappai doucement trois coups.

-C'est qui ?

-C'est moi.

-Tu peux rentrer.

Ça c'est mon père avec ses questions qui ne servent à rien, et mes réponses tout aussi inutiles.

-Qu'est-ce qu'il y a , grommela ma mère en se soulevant sur un coude pour me regarder en rejetant ses cheveux derrière son dos.

Je décidai d'aller droit au but sans tourner autour du pot, et de risquer d'encore plus les énerver.

-Je sais que vous allez me prendre pour une folle ; je marquais un temps d'arrêt.
Mais... les portes se ferment. Ma mère haussa un sourcil et me lança un regard bizarre.
Enfin je veux dire, elles se ferment derrière moi quand je veux la fermer moi-même...

En disant ça, je regrettai déjà de ne pas être restée au chaud dans mon lit. Quelle idiote je fais !

-Ah ! fit mon père, pas du tout surpris par mes propos.

Qu'entend-t-il par ce « Ah » ?

-Euh oui...

-Ah ! répéta ma mère...

Je commençai à me demander s'il n'y avait que moi qui étais folle.

-... Nous t'expliquerons plus tard.

Hein ?

-Quoi ?

-Comment, me reprit ma mère.

-Comment ?

-Eh bien, ce que l'on veut te dire, c'est que c'est un sujet particulièrement intéressant, mais que nous voudrions dormir.

QUOI ? Nan mais ils se foutent de moi! OK je veux bien qu'ils aient envie de dormir mais y'a quand même des limites!

-Bien sûre, suis-je bête, vous avez vraiment besoin d'une bonne nuit de sommeil, dis-je sarcastique, maintenant, aves la vieillesse vous vous fatiguez plus vite.
Je leur souriais narquoise.
Papa, maman, bonne nuit.

Je sortis en claquant la porte. Ils ne voulaient pas m'expliquer maintenant ? Eh bien qu'ils ne se fassent pas d'idée, je ne vais pas leurs laisser un moment de répit. J'étais décidée. Qu'ils ne croient pas qu'ils vont échapper à mes questions !

Mais quand-même, j'avais beau jouer la fille revêche, je n'en menai pas large. Apparemment, ils n'étaient pas surpris. Ce qui, soit dit en passant, me déstabilisait d'autant plus ; mais ils n'allaient pas tarder à m'expliquer, je ne les lâcherais pas avant !
Sur cette bonne pensée, je me recouchais, déterminée.