SEULS DANS LE NOIR [TERMINÉ]

Chapitre 2

Quelques minutes après, Andrea arriva, essoufflée, et fit la bise à chacun de nous.

- Melody n'est pas là ?

- Elle a pas pu venir... l'informai-je.

- Dommage...

Elle regarda autour d'elle avant d'ajouter :

- C'est hyper glauque ici ! Mais ça me plaît ! Prêts à vous faire peur ?

Je rigolai à la question, la même que Noa avait posée quelques minutes plus tôt.

James, avec l'aide de Noa, souleva la lourde bouche d'égout et la posa non loin de l'ouverture noire.

- Tout le monde a son casque et sa lampe torche ?

Je hochai la tête en même temps que Noa et Andrea à la question de James.

- Alors c'est parti ! s'exclama ce dernier en allumant sa frontale.

Il se glissa dans l'ouverture et descendit dans le noir par l'échelle. Je voyais sa lumière être absorbée par le noir et la terre l'avala. Ce fut alors au tour d'Andrea puis de Noa, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que moi, immobile dans le noir de la ruelle devant la bouche d'égout. Je soupirai, allumai la lumière de ma lampe située sur mon casque et entamai ma descente dans les souterrains.

Quand je posai le pied sur une surface plate, une odeur de moisi, de mort et d'excréments m'agressa le nez et j'eus un haut le cœur. Je tournai la tête et vis Noa vomir par terre, à quelques mètres de notre petit groupe. Les deux amoureux ne semblaient pas bien non plus, éclairés par les lumières blanchâtres des lampes.

- On fait quoi ensuite ? demandai-je à James, guide notre petite excursion.

- Attends, j'ai un plan pour accéder aux endroits qui nous intéressent.

Tout en disant ça, il sortit une feuille de papier avec des indications gribouillées au stylo noir dessus.

- On est là, nous informa-t-il en pointant du doigt un endroit sur la carte qui complétait les indications.

- Ok, mais après on va où ? le questionna Andrea, qui regardait la feuille par dessus son épaule.

- On accède aux catacombes par là, et après on peut explorer cet espace là, c'est certifié sans danger, dit-il en continuant de montrer des endroits marqués par des croix rouges ou délimités par des lignes de la même couleur.

- Et ben mon pote on est sûr de pas se perdre avec tous ces traits rouges un peu partout !

- Très drôle Noa, je pense pas que tu serais très content de te perdre dans ce labyrinthe !

- Pas trop en effet !

Je regardai les alentours une nouvelle fois : il faisait si noir que je peinais à voir le mur situé à une dizaine de mètres, malgré le puissant faisceau de ma lampe. L'odeur était toujours aussi puissante et nauséabonde et je me forçais pour ne pas respirer par le nez.

- Donc si je comprend bien, c'est par là ? demanda Andrea en pointant une direction dans le noir de son doigt.

- C'est ça.

Nous commençâmes à marcher en parlant de notre quotidien au lycée pour percer ce silence presque surnaturel, angoissant ; nous qui étions habitués au vacarme des rues de Paris.

Après une dizaine de minutes de marche dans le noir, nous arrivâmes à une intersection. James regarda sa carte et prit à gauche, dans le couloir humide. De l'eau noire tapissait le sol, formant des flaques dans les défauts du sol.

- Brrr pas très rassurant tout ça, frissonnai-je.

- Ne t'inquiète pas, James sait ce qu'il fait, me rassura Noa en se glissant à mes côtés.

Je lui adressai un sourire avant de détourner la tête et de continuer mon chemin.

De nombreuses intersections plus tard, nous débouchâmes dans une grande salle, assez haute de plafond.

- Apparement, nous ne sommes pas les premiers à passer ici, remarqua Andrea en désignant les multiples tags sur les murs.

- Non, effectivement...

A part les couleurs des tags, tout était noir et gris. En m'approchant des parois en pierre froide, j'aperçus des crânes en relief gravés à l'intérieur de petites cavités. Les détails étaient saisissants, presque dérangeants, tant les gravures ressemblaient à des crânes humains.

- Regardez ça ! C'est vraiment flippant ! s'exclama James.

Je vins vers lui et vis de quoi il parlait : des os et ce qui semblaient être des bouts de chair animale, étaient entassés dans un coin de la salle.

- Mon dieu ! Qu'est ce que c'est ?!

- Je pense que ça doit être du lapin ou du rat.

- Mais comment c'est arrivé là ? Et dans cet état ?

- J'en sais rien Andrea !