Chapitre 5

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- Iris ? me répondit une voix étranglée, une note plus grave que l'habituelle voix de James.

- James ! Tu-tu vas bien ? J'ai entendu...

- Tout va bien, ne t'inquiètes pas, me coupa-t-il.

Je déglutis difficilement. La voix de James n'était pas vraiment identique à celle qu'il avait avant le silence au téléphone.

- J'ai entendu un bruit et je... tu ne me répondais pas.

- J'ai juste glissé et j'ai perdu mon téléphone. Je te le répète, je vais bien.

Tout ça me semblait très étrange : sa voix qui change, ce silence après l'énorme bruit et ce bruit... comme si on aspirait quelque chose avec une paille. Je réprimai un frisson de dégoût et mis ces détails dérangeants sur le compte de ma peur.

- James, retrouve moi s'il te plaît, je... »

Mon téléphone coupa d'un coup, interrompant ma discussion avec mon ami. Mes mains lâchèrent mon portable et celui-ci s'écrasa sur le sol dans un bruit de métal froissé. Je hurlai une fois de plus et m'asseyais contre le mur dans le sang en me cachant le visage de mes mains tremblantes. Tout mon corps était réprimé par de multiples frissons d'effroi. Les larmes coulaient en un flot intarissable et dévalaient les joues sales.

C'est dans ce moment de panique que ma lumière clignota plus violemment avant de s'éteindre. J'étais dans le noir le plus complet, pas de lumière, rien. Je me taisais, muette de peur, comme si quelque chose me traquait et passait près de moi. J'étais la proie, et cette présence, le prédateur. Quand une main se posa sur mon épaule avec force, je crus que ma dernière heure était arrivée.

- Iris ? Iris c'est moi ! Tout va bien !

C'était la voix de James, un peu modifiée, quelque peu étranglée, mais c'était bien elle. Il enleva sa main de mon épaule et pris mon poignet avec douceur.

- Comment as-tu fait pour me retrouver ? fis-je en hoquetant, secouée par mes pleurs.

J'avais à peine fini ma question que les mains de James m'enserrèrent le cou.

- James ? Qu'est ce que tu fais ? hurlai-je, paniquée.

Il serra encore plus fort, m'empêchant de parler, avant de le soulever du sol. J'essayai de happer de l'air, mes mains essayant de déloger ceux de James de ma gorge. Il continuait de me soulever en essayant de tordre mon cou. Mes poumons étaient en feu, mes yeux humides, ma joue douloureuse. Mes pieds ne touchaient plus le sol et j'essayais de donner des coups de pieds à mon agresseur pour qu'il me lâche.

Il se mit à rire. Un rire sadique. Inhumain. Il me balança contre le mur et je m'écrasai au sol après avoir percuté la paroi. Je sentais que plusieurs os s'étaient brisés dans ma chute et je ne pouvais bouger sans avoir mal. Mon corps gisait dans le sang, me dégoûtant. Autour de moi, je ne voyais rien. Que du noir et la sensation de froid.

Je sentis un souffle sur ma joue et une odeur putride arriva à mes narines. Soudain, une lampe s'alluma, celle de James. Mais ce ne fut pas James que je vis dans la lumière, mais un monstre. Des yeux d'un rouge sanglant, qui remplissaient tout son visage, une bouche pleine de dents acérées et jaunies située dans son cou, mais le pire, ses membres par dizaines qui s'étiraient et se rétractaient. Il était tellement gros qui prenait quasiment la totalité de l'espace tous en agitant ses tentacules dans tous les sens.

Quatre de ces tentacules vinrent accrocher mes membres. J'étais immobilisée, luttant contre la douleur provenant de mes os brisés, sans pouvoir prononcer ne serait-ce qu'un mot. Il se mit à tirer avec force mes bras et mes jambes dans des directions opposées tout en riant de manière effrayante. J'étais écartelée et la douleur était insupportable. Mes membres cédèrent les uns après les autres, arrachées de mon corps dans un affreux bruit de craquement. Je le vis mettre mon propre bras gauche dans sa bouche édentée et le croquer avec gourmandise.

Du sang jaillissait de mes amputations, éclaboussant les murs d'un rouge sanguinolent ainsi que la lumière de la frontale, qui se mit à émettre une lumière plus rouge. À travers ce voile de douleur et de peur, j'entrevis la créature porter mes trois autres membres à sa bouche en poussant des grognements satisfaits. Je vomis devant ce spectacle mais, comme je ne pouvais pas bouger, je commençai à m'étouffer avec mon propre vomi, qui obstruait ma gorge. La chose, qui avait fini son festin, reporta sur moi son attention, attirée par mes gargouillements pathétiques. Elle me releva et planta ses dents dans ma gorge, rompant ma jugulaire. Une douleur fulgurante me traversa et mes gémissements cessèrent. Puis ce fut le fin, le noir m'enveloppa, remplaçant le rouge.

SEULS DANS LE NOIR [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant