Après avoir observé la salle de fond en comble, je m'aperçus que Noa avait disparu.
- Les gars, il est passé où Noa ?
Andrea jeta un vaste coup d'œil à la salle.
- Je sais pas, il était là y a pas longtemps !
- Noa ! s'exclama James, paniqué.
Il prit un des couloirs qui partait de la salle vers le noir en criant le nom de son meilleur ami.
- James ! Attends !
Trop tard, il avait disparu dans le tunnel, sa lumière déclinant lentement. Andrea et moi, après un regard entendu, nous le suivîmes en courant pour pas le perdre.
Nous finîmes par le rattraper quelques mètres plus loin dans le couloir. Il était immobile au milieu du boyau, regardant fixement quelque chose. Je m'approchai de lui et me plaçai à sa droite, Andrea à sa gauche.
Nos lumières éclairaient le sol, toujours inondé par l'eau noire ; le plafond d'où des poutres en métal sortaient pour venir transpercer les murs adjacents ; et une forme sombre accrochée à une de ces poutres. Je poussai les yeux et eus un sursaut d'horreur tandis que Andrea hurlait. Noa, notre ami, était accroché par le cou à la structure de métal. Sa tête pendait sur le côté et son corps tournait doucement dans un chuintement à peine audible. J'aperçus pendant une seconde son visage et émis un hurlement étouffé : je ne pouvais pas voir ses yeux vides car il n'en avait plus. À la place habituelle de ses globes oculaires, il n'y avait que deux orbites vides, du sang s'écoulant de celles-ci, barbouillant ses joues et ses lèvres d'une teinte écarlate, noircie par l'obscurité. Le liquide se mélangeait avec celui qui tapissait le sol dur et inégal.
Andrea s'effondra d'un coup, et James eut juste le temps de la rattraper avant que sa tête ne heurte le sol. Il l'allongea par terre, le plus loin possible du cadavre de notre ami et entreprit de la réanimer.
- Andrea ! Andrea ? Réponds-moi !
Tandis qu'il tentait de la tirer de l'inconscience, j'étais comme pétrifiée d'horreur, incapable de bouger ou de parler. Mes yeux ne voulaient pas se détacher du pendu, bien que mon esprit ne voulait que ça. Ce fut la voix de James qui m'arracha à mon immobilité :
- Iris, tu penses que c'est une bonne idée de lui asperger le visage d'eau ?
- Qu-quelle eau ? lui demandai-je hébétée, le regard vide.
- Celle qui est au sol. Bon sang Iris ! Reprends-toi ! Regarde moi !
Il quitta le chevet de sa petite amie pour me prendre par les épaules et me secouer, me faisant tourner le visage pour le regarder.
- Iris, tu m'entends ? Iris ! C'est important, qu'est ce qu'on fait ?
- Je sais pas... lui répondis-je en tournant la tête pour revoir la vision macabre du cadavre qui tourne sur sa corde, mais James devina le but de mon mouvement et bloqua mon menton dans sa main pour que ma tête ne puisse pas tourner.
- Arrête. Ne fais pas ça. Regarde-moi. Faut qu'on bouge et que tu m'aides à porter Andrea, le temps qu'elle se réveille.
Je hochai la tête en déglutissant difficilement.
- Partir... mais où ?
- N'importe où, loin de Noa, à la surface, loin de ces souterrains. Tu comprends ? On part. Aide moi à porter Andrea.
Ce n'étaient plus des questions, mais bien des ordres que James m'adressait pour me sortir de ma transe.
Je pris Andrea et passa mon bras sous sa taille pour la soutenir, et James fit de même. Nous la portâmes comme ça sur plusieurs dizaines de mètres, jusqu'à ce que, tremblante de fatigue, je laissai glisser au sol le corps inanimé. De là où nous étions, je ne pouvais plus voir le cadavre du pendu, et c'était un soulagement.
James s'affairait à réveiller sa copine par différents moyens.
- Non ! Ne fais pas ça ! criai-je au moment où il allait verser l'eau sur le sol sur le visage d'Andrea.
Il suspendit son geste et me regarda d'un air décontenancé. En effet, il y avait de quoi ne pas comprendre cette mise en garde.
- Ce n'est pas de l'eau, bien qu'elle soit noire, que tu tiens entre tes mains...
- Alors c'est quoi ?
- C'est du sang.
Il ouvra ses mains et le liquide se répandit sur le sol, se fondant avec le reste. James afficha une mine profondément horrifiée.
- On-on marche dans du sang depuis tout ce temps ?! Pourquoi tu ne l'as pas dit plus tôt ?! s'écria-t-il en s'accolant au mur, comme pour se tenir le plus loin possible du sang.
- Je viens juste de m'en apercevoir, lui répondis -je, des larmes de peur et d'horreur coulant sur mes joues.

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SEULS DANS LE NOIR [TERMINÉ]
HorreurNe jamais se séparer. Ne jamais éteindre sa lumière. Ne jamais se croire en sécurité. 3 règles. 4 amis. 1 prédateur.