Chapitre 4

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C'est à ce moment-là qu'Andrea se réveilla dans un sursaut. Ses yeux, grands ouverts, s'agitaient dans leurs orbites, regardant partout autour d'elle. Ses mains se resserraient autour de son cou et elle convulsait violemment.

- James ! Elle est en train de s'étrangler elle-même ! m'exclamai-je.

Je pris ses poignets et tentant de lui faire lâcher prise, en vain, elle était trop fermement accrochée à son propre cou. James me remplaça alors, et sans aucune douceur, écarta les bras de sa petite amie et les plaqua au sol. Andrea se débattait et griffait tout ce qu'elle rencontrait, du visage de James, au mur. Je vins lui prêter main forte et elle ne put bientôt plus bouger. Son corps se détendit immédiatement et ses paupières se refermèrent.

Je m'assis, choquée, contre le mur, dans l'eau noire. J'ôtais mon casque de vélo, qui m'accompagnait depuis le début de l'aventure, de ma tête et démêlai mes cheveux courts pour penser à autre chose. James vint s'asseoir à côté de moi, après avoir grimacé au contact froid de ce qu'il savait maintenant être du sang. 

- Ça va ?

-...

- Iris ? J'ai bien vu comment tu as réagi devant Noa, tu devrais en parler.

Je voulais lui parler, pleurer, crier, exprimer mes sentiments, mais quelque chose me bloquait, et je restais prisonnière de mon mutisme. James pris ma main et la serra dans les siennes. Quand je relevai ma tête pour le regarder, je m'aperçus que des larmes dévalaient ses joues et qu'il scrutait mon visage.

- Iris, je-je suis désolé... c'est de ma faute...

Il ne put achever sa phrase, ses pleurs dévorant ses paroles. Pour le consoler, j'entourai son corps de mes bras dans une étreinte désespérée. Il hésita puis fit de même, m'entourant de ses bras pour qu'on puisse se calmer. Je n'aurais pu dire combien de temps s'écoula quand nos larmes se tarirent et nos sanglots s'étouffèrent.

Je me détachai de son corps et me levai pour aller voir comment allait Andrea. James se leva lui aussi pour s'agenouiller devant mon amie.

- Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandai-je, inquiète, quand je le vis froncer les sourcils.

- Je n'entends plus sa respiration, m'annonça-t-il en penchant sa tête sur sa poitrine pour écouter le battement de son cœur.

Son visage se décomposa et pâlit alors, et des larmes recommencèrent à couler.

- Elle est morte depuis longtemps, vu sa température. Depuis tout à l'heure, nous sommes à côté d'un autre cadavre.

Je hurlai de toute mes forces et m'élançai dans le boyau noir, inconsciente du danger, mon seul but étant de fuir, fuir le plus loin possible de la Mort et de l'horreur. J'entendis James se lever précipitamment pour me rattraper mais il glissa et tomba dans les larmes et le sang.

Les couloirs se succédaient inlassablement et je courais toujours. Depuis combien de temps ? Je n'en savais rien. J'avais semé James depuis longtemps, mon instinct me criant de fuir, mais ma raison commençait à reprendre le dessus. Je m'arrêtai en toussant et en reprenant mon souffle, et balayai le boyau sombre de ma lampe, qui commençait à faiblir.

Je détachai mon casque qui supportait la lampe et examinai celle-ci, paniquée. J'étais persuadée d'avoir mis des piles neuves avant de partir en excursion ! Je fouillai frénétiquement les poches de mon manteau et de mon pantalon tour à tour. Pas de piles, mais je trouvai mon portable, que j'avais oublié suite à tous les événements macabres qui s'étaient produits. Je déverrouillai l'écran d'accueil et cliquait sur mes contacts. Je défilai la liste d'un doigt tremblant jusqu'à tomber sur le profil de James. Nouveau clic et une tonalité résonna, répercutée dans le couloir. Je sentis la panique monter d'un cran quand la seule lumière que je possédait se mit à clignoter dangereusement, menaçant à tout moment de me laisser dans le noir.

Après une minute dans cette atmosphère lugubre, mon appel reçut une réponse :

« - Iris ? demanda la voix essoufflée de James.

- James ? Tu n'as rien ?

- Non mais je t'ai perdue, où es-tu ? dit mon ami, de la peur dans la voix.

- Je-je sais pas, les couloirs se ressemblent tous ! Ma lumière n'a presque plus de piles, s'il te plaît, viens me chercher !

Je me mis à pleurer de nouveau. J'avais peur, seul, dans le noir, loin de la surface. La vue des cadavres de mes amis m'avait remplie d'horreur et d'effroi. J'étais perdue,et même la voix rassurante de James n'arrivait pas à me calmer.

- Iris, calme toi, respire. Je vais- ah !!!

J'entendis un bruit sourd de l'autre côté du combiné et un écœurant bruit de succion.

- James ? James ? Ça va ?

Un silence me répondit. Mon souffle s'accélérait et mes mains tremblaient, peinant à garder le téléphone en main.

SEULS DANS LE NOIR [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant