18. Une idée machiavélique

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Cela faisait plusieurs heures qu'ils galopaient à travers la forêt verdoyante de Narnia. Eléonore était montée, comme convenu derrière Iwen et s'était agrippée du mieux qu'elle pouvait. Callus avançait drôlement vite, et c'était la première fois qu'elle montait sur un cheval. Elle avait regardé de temps à autre Caspian, et elle remarqua des similitudes avec le profil de Iwen qu'elle avait observé. Premièrement, ils avaient la même lueur dans les yeux, conquérante et de déterminée. Leurs cheveux avançaient tous deux au vent, et avec la rapidité, les chevaux et leurs propriétaires semblaient voler. Le tableau était quand même très joli. Le Roi de Narnia avait demandé à Eléonore si elle allait bien, et elle lui avait répondu d'un ton neutre que oui, elle se sentait très bien. Ce fut leur seule conversation. 

A part ça, Caspian avait parlé à Iwen d'une joie non dissimulée de ses terres et de son château, et avait aussi, bien que brièvement, abordé la guerre contre Miraz. Iwen s'était senti très intéressé, Eléonore se douta que le Seigneur aimait les récits de chevalerie et de guerre. Elle ne s'était pas cachée non plus pour écouter, même si elle avait aussi entendu parler d'innombrables fois de cette Histoire, que ce soit au cours de son voyage sur le Passeur d'Aurore, ou dans ses souvenirs lointains. Adriel ne lui avait fait aucune remarque depuis qu'ils étaient partis, et Caspian de même. Elle avait pu en profiter pour se calmer, et se laisser aller, sous le bruyant pas des chevaux à l'observation des paysages verdoyants et luxuriants. Elle avait pu saluer une biche et un hibou qui discutaient ensemble, et elle en était ravie.

A présent, les deux nobles et l'étudiante s'étaient arrêtés près d'un petit ruisseau, qui était inconnu aux yeux de Eléonore. En soi, c'est pas comme ci elle n'était jamais venue...

- Nous allons nous poser là quelques minutes, déclara Caspian en enlevant ses pieds de ses étriers.

Le Seigneur Iwen descendit à son tour, et sans une pensée pour la jeune fille, il se dirigea vers le petit ruisseau pour s'abreuver. Très bien, je descendrais seule. Sauf que... comment on descend?

- Eh ! Callus, appela doucement Eléonore.

- Mmh ? répondit-il le museau fourré dans l'herbe.

- Je voulais juste te prévenir que je vais descendre, et comme c'est la première fois, je m'excuse si je te fais mal.

- Ne t'en fais pas, ce sera toujours mieux que les pieds brutaux du Seigneur Iwen.

Sans que le bel étalon puisse la voir, Eléonore ricana. Puis elle se rapprocha de l'encolure de la bête, peu encline à attraper sa queue pour descendre. Elle agrippa son cou et passa un pied de l'autre côté. La première étape passée, elle avisa de poser ses pieds sur le sol. Elle les descendit donc mais ne trouva pas le sol. Pffff, soupira-telle, comment j'ai pu oublier sa hauteur... Comment je fais, maintenant ? Elle réfléchit quelques instants et décida de poser son pied le plus près possible du sol, et après, elle se rattraperait comme elle pourrait. Elle exécuta son plan et fut ravie, car elle put en effet poser son pied gauche par terre, sur l'herbe. Par contre, le seul petit souci -majeur- c'est qu'elle perdit l'équilibre avec son pied droit et elle tomba doucement au sol. Vous savez, cette sensation quand vous allez vous étaler par terre comme une merde mais que votre destin appuie sur le fait de vous faire honte lentement ? Là, c'était pareil. Caspian la rattrapa au moment où son beau postérieur était à une vingtaine de centimètre de la terre. Dieu merci. Il l'attrapa par les hanches, et même si Eléonore lui en voulait encore un peu, elle se délecta de ce moment. Mammia Mia... Je suis à deux doigts de me rétamer par terre et en plus je suis rattrapée par un beau mec. La vie n'est pas si difficile, en fin de compte.

- Merci beaucoup, dit-elle doucement, comme si elle ne voulait pas qu'on l'entende.

Intérieurement, elle ne voulait pas que Adriel l'entende et qu'il fasse une remarque déplacée. Et puis, en même temps si Caspian n'entendait pas son remerciement, ce n'était pas trop grave. Elle lui souriait. C'était déjà ça.

Narnia et le mystérieux magicienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant