Lorsque Ambre et Marlo franchirent la barrière de la propriété des Boyer, le cauchemar démarra. Le couple était, par malheur, arrivé vingt minutes en retard. Le trafic s'intensifiait les jours de beau temps et, surtout, un dimanche. Sur la terrasse, on pouvait apercevoir les gestes hystériques de tante Pamela se diriger contre sa fille ainée, Meredith. A l'évidence cette dernière n'était pas parvenue à taire son envie de délaisser ses études. Et, encore une fois, la famille avait l'honneur d'assister à ce conflit interne au sein du cocon. Ambre fouilla dans le vide poche de sa Clio sous le regard suspicieux de son compagnon. La brune releva rapidement la tête, les sourcils froncés dans une moue contrite.
- Tu as confisqué mon paquet de secours, pas vrai ?
Marlo sortit de sa poche le paquet de cigarettes tant convoité par la jeune femme. Quand il nota l'envie se répandre dans les iris de sa petite-amie, il le rangea de nouveau dans la poche de sa veste.
- Je ne laisserais pas l'ambiance pourrie de ce repas de famille te faire replonger dans le tabac, s'expliqua-t-il.
Elle couina, boudeuse; adoptant le comportement d'une enfant en position de faiblesse. Pourtant, elle savait que le brun se cillerait pas face à sa mine défaitiste. Les hurlements furibonds de Pamela continuait de faire écho et Ambre jugea le moment parfait pour se mêler à ses proches. La première personne qui vint les accueillir fut la grand-mère de la jeune femme. La sexagénaire tentait tant bien que mal de contenir son exaspération et, l'arrivée du couple lui permettait de se réjouir un minimum quant à l'issue de cette journée.
Susan Boyer, doyenne de la fratrie, étreignit sa petite-fille contre son corps frêle. Ambre représentait l'avenir de la boutique et la stabilité de la famille. Et, Marlo était également très apprécié de la vieille femme.
- Les enfants, je suis tellement heureuse de vous voir !, s'extasia Susan. A peine avais-je posé les couverts sur la table que la situation virait déjà à la catastrophe !
L'accent de désespoir qui régnait dans la voix tremblante de l'ainée de la famille chagrina la petite brune. Celle-ci glissa sa main dans celle du brun puis suivit sa grand-mère jusque dans le salon. Là, elle découvrit la présence de sa tante Lucile, Nathan, Valentine et ses parents. Les conversations s'apaisèrent dès que leur pied foula la limite de la véranda. A n'en pas douter, ils conspiraient tous pour la rallier à leur opinion allant à l'encontre de la boutique.
- Papa, maman, Lucile, les salua-t-elle, avec raideur.
Karine et Sébastien Boyer se levèrent de leur chaise pour venir embrasser les deux nouveaux arrivants. Les parents d'Ambre rentraient tout juste d'un voyage en Italie. Le fait qu'ils approchaient tous deux de la retraite les poussaient à voyager davantage.
Marlo se chargea d'ailleurs de questionner les Boyer afin de permettre à sa copine d'engager la conversation avec Nathan et Valentine.
- Valentine ! Quelle surprise ! Je suis contente que vous vous soyez rabiboché !
La grande rousse offrit un large sourire à Ambre avant de la prendre dans ses bras. Les deux filles se connaissaient en dehors de la relation que la première entretenait avec Nathan. Elles se voyaient encore régulièrement, lorsque la brune faisait étape au bar du coin pour se rafraîchir après une longue journée de travail.
- Moi aussi, même si je dois dire que ça s'est révélée être une grande surprise de le voir débarquer au boulot, indiqua Valentine.
Dans le dos de cette dernière, Nathan envoya une oeillade préventive à sa cousine. La brune aurait volontiers poussé la discussion plus loin mais la voix cassante de sa tante retentit;