Lorsqu'Ambre parvint au centre, la lueur éblouissante des flammes l'accueillit avec une horreur qui lui contracta l'estomac. Rapidement, elle se fraya un chemin à travers la foule des riverains pour retrouver Luke. Plusieurs gendarmes l'interpelèrent pour lui interdire l'accès mais, la chevelure blonde du jeune homme s'identifia dans la masse.
- Luke !, s'écria-t-elle.
L'anglais fit volte-face pour rencontrer le regard épouvanté de sa nouvelle collègue. Sans réfléchir il se précipita vers elle pour la prendre dans ses bras. Le jeune homme sentait la peur l'étreindre au plus profond de son être et cette sensation le bloquait tout entier. Ambre referma ses bras autour des épaules de Luke.
- Qu'est-il arrivé ?, demanda-t-elle avec d'avantage de self-contrôle.
- Les pompiers ont découvert un briquet pas loin du lieu de départ du feu, ils en ont conclu à un incendie d'origine criminelle.
Ambre réprima un cri du stupeur et plaqua la paume de sa main sur sa bouche pour ne pas alerter l'attention des gens alentours. Soudain, elle sortie de sa torpeur pour en venir à une nouvelle conclusion qui la figea de fureur.
- Mon atelier... Oh non, je dois y aller !
La situation et ses sentiments prirent le dessus sur la rationnalité et elle s'élança en direction des flammes sans réfléchir aux conséquences. La panique fit naître des larmes au coin de ses yeux alors qu'elle courait à vive allure vers l'entrée du centre qui tombait dors et déjà en ruines. Heureusement, Luke réagit avec d'avantage de rapidité et parvint à la saisir par la taille pour la forcer à stopper sa course effrénée. Ambre se débattait sous la pression du jeune homme qui tentait de la résonner, en vain.
Ses assauts cessèrent une fois que le bâtiment s'écroula sous leurs yeux exorbités par l'effarement. Six ans de travail venait de s'effondrer à leurs pieds alors qu'ils observaient la scène, impuissants. Ambre sentit toute force l'abandonner. Ses genoux cédèrent sous son poids, sa peau rencontra le bitume. Luke se joignit à elle pour effacer le torrent de larmes qui coulait le long de ses joues rebondis.
- Monsieur, mademoiselle, il va falloir partir, les lieux sont dangereux, les informa un pompier.
L'anglais opina du chef et, après avoir déposé sa veste sur les épaules de la jeune femme se proposa pour la raccompagner. Ambre ne réagissait plus au monde qui l'entourait. Elle se contentait de suivre les indications de Luke qui se chargeait de la naviguer tant bien que mal à travers les rues de Cannes. A peine eurent-ils ouvert la porte de son appartement que cette dernière s'ouvrit à la volée sur Marlo. Le jeune homme semblait déboussolé et quand son regard rencontra la silhouette tremblante d'Ambre il entra dans un état second.
- Oh, bon sang, Ambre, entre, vite !
Luke désira aider le brun mais, celui-ci lui envoya une oeillade meurtrière que l'anglais saisit immédiatement. Ambre ignora cette bataille visuelle qui se jouait sous ses yeux et pénétra dans l'appartement; traversant les pièces dans l'objectif de retrouver sa chambre. Il n'était plus question de prendre parti mais seulement de suivre les indications que lui soufflait son coeur.
- Ambre ?
La voix de Marlo résonna dans l'appartement sans que la jeune femme ne daigne ouvrir la bouche. Tant de questions restaient élucidées et pourtant, la force de les poser lui faisait défaut. Lorsque le brun franchit le pas de la porte, elle se contenta de déposer l'écrin en velours sur le lit. La mâchoire du jeune homme se décrocha au fur et à mesure que son visage se décomposait.
- Comment as-tu... ?
- Peu importe le pourquoi du comment, je suis désolée de couper court à tes rêves, Marlo mais, tu sais pertinemment ce que je pense du mariage.
Elle braqua ses iris sévères dans celles de son compagnon, désarmé. Un poids supplémentaire venait de s'abbatre sur ses épaules. Les lèvres du serveur se pincèrent pour former une ligne stricte.
- Tu n'as même pas pris le temps d'y penser, tu fais ton enfant et en plus, tu agis comme une égoïste, l'accusa-t-il.
Ambre ne le fusilla pas du regard; elle conserva son sang froid et, réprima les larmes qui se bousculaient à la frontière de ses cils. On venait de lui retirer le peu d'espoir qu'elle forgeait pour son avenir et, il fallait que l'homme qu'elle aime s'immisse également dans les rouages déréglés de sa vie.
- Je vais te demander calmement de faire ta valise et de quitter cet appartement immédiatement.
Les yeux de Marlo s'écarquillèrent sous le choc de cet ordre inattendu.
- C'est hors de question, décréta-t-il.
- Je paie les trois-quarts du loyer, alors je crois que j'ai mon mot à dire.
- Depuis quand notre relation s'en tient à nos ressources financières ?
- Depuis que tu as fais le choix de me manquer de respect.
Ambre ferma les rideaux d'un geste sec et bouillonnant de rage.
- Je ne le répèterai pas deux fois, quitte cet appartement, maintenant.