Chapitre 1

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Retour des vacances de Noël. On n'a jamais envie que les vacances se terminent, mais celles-ci encore moins. Généralement on a tous passé un bon moment, malgré les tensions familiales. S'il y en a, on les oublie en ouvrant les cadeaux. Cette année, j'ai eu des jeux pour ma nouvelle console. Je n'avais rien demandé de particulier alors je suis content. Ma mère n'a pas beaucoup d'argent, elle travaille déjà dur pour m'offrir un repas chaque jour alors, rien qu'avec des jeux à Noël, je suis heureux, je la remercie, car elle n'avait pas à faire ça. Moi, je ne lui offre pas grand-chose, j'essaie de trouver un bouquet de fleurs que je lui pose sur la table de la salle à manger.

J'arrive devant le lycée, les écouteurs dans les oreilles, la musique à fond. Comme d'habitude, je n'ai vu personne pendant ces quinze jours. Même le nouvel an, je l'ai passé avec ma mère. Bien sûr que j'avais envie de sortir, d'aller faire la fête avec mes amis, surtout que j'étais invité à peu près à toutes les fêtes organisées ce soir-là. Mais j'ai sorti une vieille excuse pour ne pas avoir à aller à l'une d'entre elles. Ce nouvel an, on l'a passé à jouer aux jeux qu'elle m'a achetés. Conséquence d'un Xander injoignable pendant deux semaines ? Tout le monde vient me voir quand j'arrive. A la première main sur mon épaule, je coupe la musique de mon portable pour écouter ce qu'on me dit.

— Alors on ne sort pas au nouvel an ! Dis-moi que tu as réussi à serrer une fille au moins.

— Bien sûr. Tu sais qui je suis, non ?

— Ah je le reconnais bien mon Xander. Elle était comment ?

— Oh, une fille tu sais. Blonde, avec de jolies formes.

Il rit, moi, je souris. Pourquoi lui mentir comme cela ? Peut-être, parce que j'ai une réputation à tenir dans le lycée. C'est une histoire très bête, mais elle me colle à la peau. Arrivé en première année ici, je ne voulais pas me faire écraser par les autres, je voulais avoir une réputation, vous savez comme dans les séries américaines. J'avais déjà un bon point, je suis américain. Alors j'ai commencé à raconter des mensonges. On m'a cru et depuis, on pense que je suis le style de garçon Bad Boy. Cela amène des filles, bien sûr. J'aime les filles, je ne peux pas dire le contraire de toute façon.

On marche dans les couloirs, toujours à deux, jusqu'à ce qu'on rencontre d'autres amis à nous. On s'arrête en plein milieu de celui-ci pour parler ensemble. Dès qu'on me pousse, je regarde mal la personne et le plus souvent, elle baisse la tête. Quelques minutes plus tard, on vient passer ses mains sur mon ventre, je me retourne et vois Lexie. Elle veut m'embrasser, mais je détourne le visage. Voilà une conséquence d'être un Bad Boy. Certaines voudront juste coucher avec vous pour pouvoir aller le raconter à toutes leurs copines, mais d'autres vont croire à une histoire d'amour. On a vaguement couché ensemble elle et moi, mais elle ne veut plus me lâcher maintenant.

— C'est vrai que tu changes de classes Xander ?

— Ouais.

— Pourquoi ? C'est triste, je ne vais plus pouvoir te voir.

— Les profs ont dit que je devais changer de classe pour mieux travailler.

Elle baisse la tête. Doucement, je me défais de ses bras. On entend la sonnerie retentir dans tout le couloir. Il est temps pour moi de laisser mes amis. La rumeur passera, on dira que j'ai changé de classe, car on faisait trop de bordel avec les gars dans l'autre, les professeurs n'en pouvaient plus. C'est vrai, on parlait, on n'écoutait pas grand-chose et on dérangeait les cours. Ma mère m'a parlé et elle m'a fait comprendre que je devais travailler pour avoir un travail plus tard. Au début, je me fichais de ce qu'elle me disait, pour moi, tout était accessible et elle m'a dit que ceux qui peuvent se permettre de ne rien faire, ce sont ceux qui ont des parents riches, ceux qui vont y arriver par pistonnage. « Xander regarde moi. Tu n'as pas de père, je fais le ménage chez des personnes âgées. Tout ce que je pourrais faire pour toi c'est t'arranger un rencard avec une petite vieille ». J'ai rigolé, mais c'est resté dans ma tête. Le lycée ne saura pas que c'est moi qui aie demandé de changer de classe. Bien sûr, je ne peux pas leur dire, ça serait comme les trahir et ils n'accepteront jamais ça. C'est toujours mieux de faire passer la faute sur les professeurs de toute façon.

Je traverse la moitié de l'établissement pour rejoindre ma nouvelle classe. Dès que j'arrive, on me regarde, les filles me sourient, certaines, même, me font un petit signe de la main pour attirer mon attention, au mieux, je leur réponds avec un sourire. Je me cale contre le mur. Je ne suis pas nouveau, on connaît le nom de Xander Miller dans le lycée, mais ce n'est jamais agréable de changer de classe en milieu d'année. D'un coup, je ne ressens plus les regards sur moi, je relève la tête. Ils regardent tous vers ma droite, alors moi aussi. Je comprends qu'ils regardent celle qui arrive. Un peu forte, on dirait qu'elle a les yeux qui brillent. Je les regarde à nouveau, en plus du regard moqueur, des mots vont avec. Leur attention se fait maintenant sur le professeur qui leur permet de rentrer dans la salle. Lorsque j'arrive devant lui, il me salue et me dit d'attendre. Je sens qu'on veut forcer le passage, alors je me décale pour la laisser passer. Quand elle rentre, il y a à nouveau des rires, des mots. S'ils se pensent discrets, c'est raté.

— Monsieur Miller, allez vous asseoir au fond de la salle, de toute manière il ne reste que cette place.

Il me sort de mes pensées. Je le regarde, un peu perdu. De son bras, il m'invite à rentrer. J'ai juste fait attention à la fin de sa phrase. 'De toute manière, il ne reste que cette place.' Je jette un coup d'œil et je me dirige vers la table où aucun sac n'est posé dessus. Un ami à moi est placé à côté de moi, il me sert la main, me demande comment je vais, je lève les épaules. Il faut que je rentre dans mon rôle après tout. Je ne peux pas montrer que je suis content d'être dans une nouvelle classe. On nous dit de nous asseoir, j'obéis. Je pose mon sac au sol après avoir sorti mes affaires et j'attends le début du cours. Elle aussi est assise au fond de la classe, sur ma droite. Elle a quelqu'un à côté d'elle, mais on peut voir qu'il y a un léger espace entre leur table. Je relève la tête quand j'entends mon nom. Tout le monde me regarde, il doit m'avoir présenté pour les quelque incultes qui ne me connaissent pas. Automatiquement, je la regarde elle, c'est la seule qui n'a pas levé les yeux vers moi.

MuetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant