I 10 I

2.1K 157 34
                                    


*1er jour de cohabitation*


N A R J E S


J'hésite à tout raconter à Kamila. Je me sens de plus en plus mal, la culpabilité me ronge. Pourtant je n'ai rien fais, et cet imbécile m'a obligé à me préparer pour au final me laisser en plan à la maison. Si ma tenue ne lui convenait pas, bien que j'avoue que mes affaires commençaient à m'aller serrer, il pouvait aller se faire voir. Sa me fait juste penser que je dois peut-être me faire une nouvelle garde-robe... mais je ne veux pas dépenser mon argent durement gagné dans ces futilités. En général quand je sors, c'est en pyjama pour faire des courses ; les gens du quartier savent que je travaille pour les Khalifa.

Tarik veut changer tout mon équilibre. Le pire c'est qu'il y réussit, par sa simple présence. Ne pas l'avoir dans les pattes cet après-midi était reposant. Il fait augmenter mon anxiété et les pulsations de mon coeur à un taux anormal. Et je n'en peux plus, sa assez duré. Cet homme est celui de Kamila. Il est un rappeur connu, je ne suis qu'une misérable bonne. Non pas que je me dénigre, mais parfois il faut savoir où est sa place, la société est ainsi faite. 

Pendant que je préparais un gâteau au chocolat pour le 4 heures, j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir. Je reconnus immédiatement les pas de Ibrahim. Eh bien, il est rentré tôt de la fac aujourd'hui. Il passe dans la cuisine. Je me tourne vers lui et lui souris.

« - Salam, Ibrahim ! Ta journée s'est bien passée ? »

Il a son visage toujours aussi inexpressif et sonde ce que je fabrique dans la cuisine. Il a l'air blasé quand il déduit que je fais encore à manger. Il soupire.

« - Oui, merci. Tu sais, ce n'est pas parce que le gâteau au chocolat est notre préféré que tu dois toujours en faire un... »

Je rougis immédiatement. Là, je ne sais pas quoi faire. C'est vrai que quand j'ai su que les jumeaux adoraient les gâteaux au chocolat, je n'ai pas arrêté d'en faire pour leurs goûters... J'ai sûrement abusé. Ibrahim soupire à nouveau et je lève la tête.

« - C'est gentil hein, Narjes, mais...

- Oh putain TROP BIEN UN GATEAU AU CHOCOLAT ! »

Ahmed apparait au côté de son frère, son sac de sport à l'épaule. Il a toujours son visage éclairé. Il vient humé la bonne odeur dans la cuisine, me fait un bisou sur la joue accompagnée d'un        « Salut Narjes ! » et s'en va aussi vite qu'il est arrivé. Au moins un qui ne se lassera jamais de mon gâteau. Ibrahim soupire à nouveau, et se gratte la nuque. Il a l'air gêné, et sa a le don de me gêner aussi. 

« Je suis allé le chercher à son nouveau boulot. » me dit-il en parlant de Ahmed. Je comprend aussitôt que quelque chose ne va pas. « Et d'après ce que j'ai compris... sa ne s'est pas super bien passé. Tu... tu devrais aller lui parler. Enfin... il t'écoutera plus qu'à moi. »

Je hoche la tête, soucieuse. Mal passé ? qu'est-ce qui a bien pu arriver ? Au point que Ibrahim accepte d'aller le chercher ? d'habitude, ces 2 là sont comme chien et chat. J'éteins le four et laisse le gâteau à l'intérieur, me lave les mains et vais essayer de trouver Ahmed dans la maison. 

Ibrahim est allé sous la douche, et Ahmed est à coup sur dans sa chambre. Je monte à l'étage, toque, attend. Pas de réponse. Je tente ma chance à nouveau. Je l'entend derrière la porte réagir.

« Putain, Ibrahim, me casse pas les couilles là. J'ai vraiment pas envie d'en parler. »

« C'est Narjes. » 

On m'ouvre aussitôt la porte. Ahmed n'a pas bonne mine, et sa me fait vraiment de la peine. Il attendait tellement de réussir toutes ces formations pour pouvoir enseigner, où est le problème ? j'essaie de faire comme si Ibrahim ne m'avait rien dit, et force un sourire.

« Tu es partie bien vite de ma cuisine, Ahmed. Tu ne me raconte pas comment ça s'est passé ? »

Il va se jeter dans son lit, ses yeux me fuient. 

« Bof, rien de spécial. »

« Je ne crois pas non. Tu sais que tu peux tout me dire ? »

Et d'un coup, je vois sa mine s'assombrir, ses sourcils se fronçaient. Il se redresse sur son lit et me regarde avec un regard que je ne lui avait jamais vu. 

« C'est peut-être ça le problème non ? Je te dis tout, depuis que t'es ici. Tu sais tout de moi, bien plus qu'une simple fille à tout faire le devrait. Mais moi ? Moi je sais rien de toi, parce que tu ne me dis rien ! Quoi, je ne mérite pas de te connaitre, c'est ça ? C'est un genre de snobisme ? Ou tu penses que je suis pas assez mature pour connaitre ta vie ? J'en ai marre de tout confier à quelqu'un dont je ne sais quasiment rien ! Alors maintenant, arrête de forcer, et va continuer ta bouffe dans ta cuisine. Fous moi la paix ! »

Sans voix est un euphémisme. Je n'arrive pas à bouger le moindre de mes muscles du visage face à ce déferlement de colère de la personne que j'affectionnais le plus dans cette maison. Et des bruits de pas dans mon dos me font craindre encore le pire...



T A R I K 

« Mec, tu pars tôt du studio aujourd'hui ! »

« Hé, Casper a raison ! Reste un peu frère. Sa fait longtemps qu'on t'a plus vu. »

Nabil et les autres font pression pour que je reste plus. C'est vrai que trainer avec eux, fumer des joints ensemble, sa me manque, mais j'ai d'autres priorités. Et ils ont vraiment du mal avec ça. J'enfile ma veste et m'allume une clope. 

« Désolé les gars, faut que j'y aille. Une prochaine fois peut-être. »

Nabil souffle. « Tu dis toujours ça mais à chaque fin d'enregistrement studio, tu te casse comme un voleur ! on est devenu des simples, putain de collègues de travail ou quoi ? »

« J'te jure, cette Kamila te tient vraiment par les couilles... »

Je vais pour contredire mon cousin Casper quand Nabil rétorque à ma place. « Ho ho, non, c'est plus elle maintenant ! monsieur s'est visiblement lassé de sa MaGnIfIqUe PeRlE Kamila ! Monsieur fait plus dans... le troussage de bonne, on va dire. »

En entendant ça, je vois rouge, et je me jette sans réfléchir sur Nabil. Comment est-ce qu'il ose en parler devant tout le monde, déjà, et comment il peut résumer Narjes a un simple... objet sexuel ? 

Les gars nous séparent, mais je sens bien qu'un stade a été dépassé. Je sens l'hostilité, et sa me met vraiment en rogne. Sa me met la haine de me sentir incompris même auprès des miens, et j'en veux à Nabil d'avoir ouvert sa grande bouche. 

« Vous savez quoi, les mecs ? Allez tous vous faire foutre, moi je me casse. »

« CASSE-TOI espèce de cinglé ! T'es juste un putain de gars a qui il manque une case ! » me crie Nabil. Petit con. 

Je rentre en trombe chez les Khalifa, comme un réflexe. Kamila ne sera surement pas là, mais je m'en tape. Je veux prendre une douche, et dormir jusqu'à demain. Quand j'arrive, j'entends que quelqu'un est déjà sous la douche (mais c'est pas grave il y a d'autre salle de bain). Sûrement l'un des 2 frères. Y'a une délicieuse odeur de gâteau dans la maison, mais aucune trace de Narjes. Je monte à l'étage, et trouve la porte de la chambre de Ahmed ouverte. Il est déjà rentré celui-là ? J'entend des éclats de voix, et me dirige aussitôt vers elle. 

« ... J'en ai marre de tout confier à quelqu'un dont je ne sais quasiment rien ! Alors maintenant, arrête de forcer, et va continuer ta bouffe dans ta cuisine. Fous moi la paix ! »

Je vois un Ahmed rouge de colère face à une Narjes bouche bée. Attend mais... c'est à ma Narjes qui parle comme ça ? On cherche à me pousser au meurtre aujourd'hui ou quoi ?

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jan 16, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

U R A N U SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant