Choisie Par La Lune

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Électricité statique ? Nouvelle bizarrerie personnelle ? m'interrogé-je intérieurement.

Mais j'ai beau tenter de trouver une explication rationnelle au phénomène qui vient de se produire quand ma peau a rencontré celle de ce brun canon, je sens au plus profond de moi que ça va bien plus loin que cela.

C'est comme si chaque nerf sous ma peau, sur toute la surface de ma main et de mon avant-bras, s'était mis à vibrer d'anticipation. D'anticipation à quoi ? Je l'ignore. Je retire rapidement ma main et la plaque contre mon ventre, en tentant de masquer mon trouble. Chose difficile à faire, car lui n'a pas bougé d'un millimètre. Immobile, le visage figé dans une expression à mi-chemin entre la surprise et la joie, il me contemple comme si j'avais un troisième oeil qui venait de me pousser au milieu du front.

Fronçant les sourcils, je commets l'erreur de plonger à nouveau mon regard dans le sien, et m'y perds. Ses yeux noirs sont la chose la plus captivante du monde. C'est comme si je pouvais lire en eux pour voir directement les émotions qui l'agitent. Choc. Bonheur. Désir.

Désir ? Ou la ma Sasha, tu commence à divaguer. Lire les émotions d'un mec que tu ne connais pas via une connection oculaire mystique ? T'es bourrée ma pauvre.

- Je.. j'y vais. bredouillé-je.

Je fais un pas sur le côté afin de m'éloigner de lui et de son allure bien trop attirante et à laquelle pour une raison inconnue, je réagis comme à un aimant. Cela semble le réveiller, et il secoue légèrement la tête comme pour se débarrasser de pensées involontaires.

- Attends ! Je.. voulais m'excuser pour Jason, dit-il comme pour mettre derrière nous ces dernières secondes.

- Ton pote débile ? dis-je, et il hoche la tête avec un sourire en coin irrésistible. C'est plutôt moi qui suis désolée pour toi, faut être sacrément désespéré pour se contenter d'amis de ce niveau, asséné-je alors.

Une lueur traverse son regard. Suprise, admiration... je ne sais pas. Puis il éclate de rire. Ce rire ! Profond et grave, légèrement rauque, à en faire vibrer malgré moi mes parties les plus inavouables. Lorsqu'il sourit, des fossettes se creusent sur ses joues. Craquant, mais je dois m'éloigner.

Je dois garder à l'esprit que personne ne peut connaître ni ne pourra garder mon secret. Pourquoi s'intéresser aux relations intimes et amoureuses si je sais d'avance que je ne pourrai jamais franchir les étapes clefs ? Jamais je ne pourrai me dévoiler à quelqu'un, l'accueillir dans ma vie anormale et le faire renoncer à la banalité de l'existence humaine. Alors je montre les dents, façon de parler, et repousse tout le monde. C'est mieux pour eux.

- Je ne l'ai pas vraiment choisi, finit-il par répondre après s'être calmé. C'est une... relation professionnelle dirons-nous.

- Ça ne me regarde pas. Écoute Beau Brun, ma pause est finie, je dois retourner sur le podium et toi tu dois retourner empêcher ta relation professionnelle de s'attirer une plainte au cul si il ne laisse pas Marcie tranquille, dis-je en désignant nez-de-traviole qui s'agrippe au bras de ma collègue en bavant presque dans son décolleté.

Merde merde merde ! Je l'ai appelé "beau brun" là ?

Je suis absolument mortifiée. En voilà une très bonne solution pour qu'il me foute la paix : lui déclarer explicitement qu'il me plaît ! Mes pulsations cardiaques s'accélèrent dangereusement mais quand je lui lance un regard pour évaluer l'étendue des dégâts, il ne relève pas ma bourde, trop concentré à froncer les sourcils et serrer les poings contre ses hanches, regard rivé sur Queue-de-cheval.

D'ailleurs faudra que je me décide. Queue-de-cheval ou Nez-de-traviole ? Quel surnom lui va le mieux ?

- OK, je ferai bien d'y aller, effectivement. Mais je te reverrais, promet il avec un clin d'oeil.

Je hoche la tête fébrilement, ne faisant plus confiance aux mots qui peuvent sortir de ma bouche.
Il se retourne et j'en fais autant, faisant quelques pas en direction du podium avant qu'il ne m'interpelle.

- Eh, Sasha, c'est ça ? j'acquiesse. Mon prénom, c'est Lucian. Pas Beau Brun, rit-il.

Il ne me laisse pas le temps de réagir et rejoint son ami, tandis que, figée sur place, je peste contre moi-même.

Les minutes passent et je finis par atteindre le podium et entamer ma seconde session de danse. Je suis vraiment pressée que cette soirée se termine enfin ! Je veux rentrer chez moi, dormir, oublier les yeux noirs terriblement sexy et.. STOP !

Oublier c'est justement ne plus y penser, Sasha ! je m'admoneste.

Je me laisser envahir par la musique électronique, ondulant au gré de la mélodie et oubliant le reste du monde autour de moi. Au rythme des notes qui s'enchaînent à une allure effrénée, je remue, serpente, me penche, me redresse et joue avec mes cheveux. Je ne pense plus à rien sauf à la musique jusqu'à ce qu'un abruti me sorte de ma transe.

- T'es sexy, ma petite... déclare l'homme, bedonnant et aux cheveux gras, qui vient de monter sur mon promontoire pour passer son énorme bras autour de ma taille.

- Monsieur, fais-je le plus professionnellement possible, vous n'êtes pas autorisé à rejoindre le personnel sur les podiums. Je vous prie de redescendre et de profiter de votre soirée au mieux, dans l'espace de danse réservé aux clients.

J'ai réussi à prononcer tout cela en gardant un sourire - crispé certes - aux lèvres. Je peux être fière de moi.

- Arrête, rit l'homme de manière très perturbante, on sait tous très bien ce que font vraiment les "danseuses" dans les clubs. Combien pour aller s'isoler ?

Il a dit quoi là ? !

Je ne sais pas dans quel type de clubs il va d'habitude, mais il n'y a pas de prostitution ici ! Il va voir de quel bois je me chauffe.

- Vous venez de me traiter de pute là ou je rêve ? je ne le laisse pas répondre et enchaîne, criant presque à présent. Écoutez-moi bien espère de gros porc dégueulasse ! Même si j'en étais une je vous laisserai pas me toucher pour un putain de million d'euros, c'est compris ? Vous êtes absolument répugnant et je vous conseille de descendre de ce foutu podium immédiatement parce que sinon c'est vous qui apellerez la sécurité pour qu'il vienne m'arracher à votre carcasse sanguinolante !

Son visage vire au rouge tellement il est en colère. Je pense qu'il aurait pu laisser tomber à ce moment là, mais un regard en contrebas lui a confirmé que son humiliation était publique.

- Espèce de salope ! éructe-t-il en se rapprochant tellement que ses postillons percutent mon visage.

Il agrippe la bretelle de ma robe entreprends de la baisser. Je vois rouge et tente de me contrôler. Je ne vais pas tuer cet homme en public, je ne vais pas...

Soudain, un rugissement bestial retenti et je constate que l'homme n'est plus là.. A vrai dire, sa silhouette hurlante vole et va s'écraser violemment contre le mur d'en face. Ce n'est tout de même pas moi qui .. ?

En face de moi, là où se trouvait le gros dégueulasse il y a à peine quelques secondes, se trouve désormais Lucian. Le visage déformé par la rage et les poings serrés le long du corps, il semble peiner à contrôler sa respiration.

- Mienne ! grogne-t-il.

Note de l'auteur

Oh oh ! ! ! !

Qu'en pensez-vous ?