Croyez-moi si vous le voulez, je suis restée pendant deux heures dans ma voiture !
Au moment où je sortais de chez moi, j'ai reçu un sms de Paul-Hadrien qui annulait notre rancard au cinéma.
J'étais tellement atterrée que je n'ai pas voulu l'appeler pour lui demander pourquoi.
Rajouter le ridicule à l'affront, trop peu pour moi ! Me voilà donc bloquée dans ma caisse toute la soirée, piégée par un mensonge... Je n'avais aucun argument solide pour rentrer chez moi...J'ai donc profité de ce moment, seule sur ce grand parking, gênée par le volant, abrutie par la musique de l'auto-radio, pour réfléchir au comique de la situation. Il semblerait que je me sois un peu emballée, ma fille !
Je me suis rendue compte du grotesque de la situation. Le ciel m'est tombé sur la tête... Que diable étais-je allée faire dans cette galère ?* Comment avais-je pu croire, ne serait-ce qu'une seule seconde, que ce jeune garçon pourrait porter un quelconque intérêt à ma petite personne ? La dure réalité me revenait comme un boomerang : il me plantait là... Je n'étais rien d'important pour lui...
Voilà pour moi ! Remisée à mon état de femme mûre, certes intéressante et cultivée, mais pas au point de devenir autre chose. Quant à briguer le statut de couguar, c'est trop prétentieux au vu de ma silhouette et du fait que mon meilleur ami n'est pas mon chirurgien esthétique.
Le lendemain je me suis jurée de ne pas faire la moindre allusion au fiasco de la veille. Mon bellâtre trône derrière son comptoir au travail, totalement inconscient des dégâts qu'il a provoqués en moi. J'ai pris un air détaché, même si en mon for intérieur j'étais totalement furax. Il était évident que pour lui, le rendez-vous raté d'hier ne comptait pas.
Sauf pour mon petit cœur rose...
L'été se termina tranquillement, ni Paul-Hadrien ni moi n'avons jamais fait allusion à ce rendez-vous manqué. Une collègue m'indiqua innocemment qu'il avait été en galante compagnie au cinéma, une jeune fille toute mignonne ... Je n'ai pas essayé de donner le change, j'ai tourné les talons pour ne pas écouter la fin, que je devinais de toutes façons...
La morale de cette histoire ? Chers ados boutonneux, sachez bien que toutes les mamans du monde ont encore et toujours 16 ans dans leur tête. Et moi, en attendant, je n'ai plus qu'à tourner la page...
Tiens, qui est ce beau jeune homme au costume sombre qui s'avance dans le hall ? Un nouveau collègue ??
FIN
* pour les ignares qui feraient mieux de revoir leur littérature classique plutôt que lire mes médiocres essais, cette tirade est sortie des Fourberies de Scapin de notre maître à tous, Molière !
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La crise de la quarantaine ? Connais pas ! (enfin presque...)
RomansaComment s'enticher d'un jeunot lorsqu'on a 41 ans, deux gamins et une sacrée envie de tout envoyer valser ! Un beau gosse peut-il s'amouracher d'une femme à l'expérience amoureuse longue comme le bras ? Comment rester attirante, se piquer de nouvea...