Ben Solo ✵ A star wars story

XXXV.

Ben sortit de sa cellule, sa mortelle arme à la main. Derrière lui s'élevait un feu qui s'était déckaré à cause de l'explosion des câbles électriques. Des braises rouges dansaient dans le vent de Dagobah tandis que le Padawan se dirigeait dans ce qu'il restait du Temple Jedi. Tout était noir. Seule la lumière de la lune éclairait le sol verni de l'enceinte, ainsi que les flammes.

Solo s'avança et se dirigea vers le couloir où lui et Gaia avaient l'habitude de se rencontrer, chaque soir, pensant qu'elle y serait. Cette fois, tout était différent. L'atmosphère était emplie d'une lourdeur pesant dans le cœur du garçon. Il avait réellement une peur profonde, mêlée à une colère noire.

A l'autre bout du couloir, une ombre. Cette silhouette, elle était si précieuse aux yeux de Ben qu'à peine il posa son regard sur celle-ci pour ne pas la profaner.

-Je savais que tu courrais jusqu'ici, avoua-t-elle.

-Je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire, dit-il, essoufflé.

Gaia s'avança dans la lumière. Son habit était beige mais sali d'immenses tâches de sang puis il vit son sabre éteint dans sa main. Elle en avait jusque dans le visage, partout sur ses joues et dans ses cheveux. Et sur ses mains. Ses petites mains innocentes et merveilleuses. Au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de Ben, il vit la couleur orange de ses yeux et larmes qui emplissaient ses mirettes.

-Je n'avais pas le choix... parvint-elle à dire. Ils auraient souffert si je ne leur avait pas ôté la vie.

Le garçon prit le temps d'analyser son acte, et surtout ses raisons. Il s'imagina en premier lieu le pire et resta sur cette funeste idée.

-Qui est-ce que tu as tué, Gaia ? demanda-t-il doucement.

Silence. Elle le regardait simplement avec ses yeux qui coloraient son visage balafré et aspergé de liquide vermeille.

-Tous les gardes... 

Silence.

-Tous les enfants... 

Silence.

Ben l'observa sans dire un mot. Un silence de plomb s'était installé entre eux, bien plus puissants que tous ceux qu'ils avaient vécu. Solo crut soudain que le monde tournait au ralenti et qu'il n'était que dans un cauchemar. Mais tout cela relevait de la cruelle et odieuse réalité. Il l'aimait et la douleur de ne plus pouvoir l'atteindre s'amplifiait de plus en plus. Les deux amants maudits se scrutaient.

-Mais il m'en reste un, poursuivit la jeune fille. Le plus puissant de tous, celui qui me rend faible.

Elle sortit son sabre rouge muni de ses trois lames qui grésillaient. Le visage de Ben était décomposé,  fermé et blanc comme les neiges les plus froides d'Hoth.

-Ne fais pas ça, nous pourrions être ensemble, avec Snoke. Tous les deux, à la tête d'une organisation plus large encore que l'Empire Galactique l'était. Je t'en prie.

Elle changea d'air et plus aucune larme ne menaçait de couler sur ses joues. Elle était habitée par des monstres.

-Je veux la suprématie. 

Ben dégaina son sabre bleu tandis qu'elle l'attaquait, d'un coup droit à la tête en hurlant. Ses yeux oranges devenaient presque rouges tandis que la colère prenait part de chacune des cellules de son corps. D'un coup de pied, elle l'expulsa au sol mais le Padawan se releva immédiatement et reprit le combat en parant chacun de ses coups, sans jamais l'attaquer. Il ne pouvait pas lui faire de mal. 

Il l'arrêta d'un geste du bras et l'étrangla tandis qu'elle se levait dans les airs.

-Nous aurions pu nous battre ! lui cria-t-il en sanglotant. 

Il la lâcha tandis qu'elle était par terre, à tousser, en fixant le sol verni du couloir. Le regard de Ben se remplit de larmes, comme jamais auparavant. Sa vue était trouble et la douleur de lui faire du mal pour se défendre le rongeait.

-A travers le temps, la galaxie toute entière je t'aurais suivie parce que tu es à mes yeux plus qu'une personne, tu es un rêve. Un rêve magnifique, grandiose et pur qui a lieu dans tes yeux, à travers chaque courbe de ton corps. Les plus belles choses sont toutes à l'intérieur de toi, toute la beauté du monde, c'est toi qui l'a façonnée. L'univers n'est plus noir grâce à toi et j'ai peur qu'il dépérisse à nouveau si tu t'en vas, si tu me tues. J'ai l'impression que tu es morte. La Gaia que je connaissais était forte et pas lâche. Elle est morte, celle que j'aimais. Elle avait des étoiles dans ses yeux, et des galaxies entières dans ses petites mains fragiles. Elle était la douceur et la douleur. Mon sang, mon âme, mon corps la désirait, plus que tout au monde et, dans une douce mélodie, elle s'en est allé, de l'autre côté. 

Elle eut un bref temps de latence dans lequel elle reprit ses esprits.

-Tu as raison. Elle est morte.

Elle hurla avec toute la rage d'une femme qui n'était plus que haine.

-Elle ne reviendra jamais !

Elle voulut attirer  son sabre laser vers elle mais avant qu'il ne fut dans sa main, une lame bleue vint traverser son corps. Ben. Alors que Gaia s'effondra au sol, Ben rangea sa lame et la regarda tomber. Il la rattrapa et lui essuya son visage rouge avec ses larmes. La jeune fille observa Ben souffrir alors que ses yeux étaient redevenus bleus.

Il ne pouvait plus rien dire. 

-Ça fait mal, Ben... elle rit tout doucement en toussant. J'avais tort...

Son visage demeurait maintenant sans aucune expression. Un cri tranchant parvint à rompre le silence. Jamais Ben n'avait connu un tel chagrin, une telle souffrance. Son visage était de marbre, ses lèvres entrouvertes. Toute vie était partie de son corps et ses yeux autrefois remplis d'étoiles étaient vides et contemplaient toujours Ben. Les étoiles étaient mortes. 

Il resta là. Au milieu de ce couloir dont les souvenirs enchantés s'étaient retirés de l'âme du garçon. Ben voulut rester, pour reposer éternellement dans ses bras, là où il n'y a pas de chaos, où tout est calme. Mais cette pensée s'évanouit alors que l'espoir qui vivait en lui était désormais imprégné dans un linceul sanglant.

Il se releva et saisit le sabre rouge de sa bien aimée. Il étudia chaque détail de cette arme. C'était une véritable arme de tueur, loin de ce que n'importe qui aurait pu imaginer. Il regarda son visage dans lequel il n'y avait plus une nuance de rouge. Plus une nuance de vie physique. Le sabre rouge sera une preuve qu'elle sera toujours en vie, au plus près de lui. Ben s'en alla, la laissant derrière lui. Solo était anéanti, détruit, tant, que plus rien ne pourrait l'attrister désormais. Gaia reposerait dans le lieu où ses souvenirs les plus heureux dureraient pour l'éternité.

Elle était insouciante, et plus forte que tout.