Je m'appelle Samy , j'ai 30 ans.
Je viens de Blois, j'ai un lourd passé derrière moi, une enfance assez mouvementée, des regrets comme des doutes, de la joie. Je crois être passé par toute les émotions existantes . Grandir dans la ZUP de Blois est un défi, qu'il vaut parvenir à surmonter. Je suis fier de ce que je suis devenu, fier de ce que j'ai accompli, de m'être donné autant de mal pour devenir ce que je suis.
A l'heure actuelle, j'ai la mama à mes côtés, Ali mon meilleur ami, et ma magnifique petite sœur. J'ai appris que la confiance se fait de plus en plus rare, que même les plus proche de nous deviennent des traîtres.
La rue m'a enseigné ses lois, j'ai vu des frères y rester, partir dans l'au-delà, sans le vouloir, mais c'est la rue qui en a décidé. J'avais ce côté mais j'ai appris à grandir et à mûrir, je n'avais pas le choix sinon moi aussi je risquais d'y resté.
Je viens de ce milieu social assez pauvre, où l'argent manque, où ces fameux trafiques deviennent notre quotidien dans la cité. En quête d'argent, qu'il soit sale ou pur, notre but à tous est de faire vivre notre famille, pour qu'elle ne manque de rien, qu'elle soit au mieux.
Pour ma part, ma femme et mes deux fils, font mon bonheur au quotidien. J'essaye de les faire grandir loin de tout ça, mais dans la situation actuelle de cette société, avec très peu de mentalité, tout devient compliqué. J'ai vu la mort de près, je l'ai évité, mais je sais qu'un jour elle viendra me chercher à mon tour. J'essaye d'avancer, tout en gardant derrière moi, ce passé, ces souvenirs, ces visions d'horreurs, ces actes illégaux. Car malgré qu'on essaye d'avancer, on oublie jamais ce passé rempli d'injustice fasse à ces cités.
Personne ne peut ressentir cette sensation de désarroi,de solitude et d'abandon quand on ne vit pas ces situations, quand on est quelqu'un dont les parents ont une très bonne place dans la société, quand les autres sont intégrés et nous rejetés comme des vulgaires chiens, comme si nous étions des fantômes et que notre présence se fait ressentir et gêne.
Les mamans qui sont pointées du doigt lorsqu'elles partent au marché ; leur enfants, les élèves les plus insupportables, réputés pour « ne pas recevoir d'éducation, des enfants sans coeur ni n'en n'ont rien à faire de l'école et qui n'ont rien à faire ici, des menteurs, des voleurs, des manipulateurs, des sales arabes » et j'en passe.
Arrestations, meurtres, deal, rien ne cesse depuis ce temps. Mes yeux ont déjà vu tant d'horreur. Je m'efforce à voir la réalité en face, à me dire que tout continue, comme avant.
Vivant dans un quartier d'Orléans, je ne serai pas sûr de dire qu'il est
" tranquille ". Les petits trafics continuent mais la violence est moindre. Mes fils et ma femme sont en sécurités, je les exposent le moins possible à l'extérieur.
Mon passé reste pour autant tout aussi inoubliable et surprenant, dans ma vie quotidienne, dans ce présent que je vis et dans ce futur que Dieu m'accorde.
À tout Homme ses erreurs, à tout Homme son pardon.
Je m'en remet devant Dieu, pour toutes les fautes commises.