Une semaine plus tard, le moral d'Amria est un peu plus joyeux.
-Allez les garçons dépêchez-vous on va être en retard , c'est impoli pour ce genre d'événement.
Eylem se marie aujourd'hui. Très bonne amie de maman et Amria, elle nous invite au plus beau jour de sa vie.
Long cheveux noirs, assez grande de taille, c'est une femme sûre d'elle. Fiancé depuis deux ans, elle dit enfin oui à Emre. Maman va louper cette journée, je sais qu'elle aimerait être la plus que tout. Mais elle est avec Papa, encore une dernière fois.
Ali , est habillé avec classe, on ne le reconnait pas. Habituellement, les joggings du Dortmund, les sweat, font sa personnalité, aujourd'hui, il a l'allure d'un homme, un homme de neuf ans et demi. Pour la première fois, il parait civilisé. Les cheveux coiffés, il n'arrête pas de faire des vas et vient dedans, et essayant de trouver la grimace, le sourire idéal pour cette journée.Amria, est dans toute sa splendeur. Une longue robe rose poudré, assorti avec son voile. Le sourire sur ses lèvres me réconforte.
Il n'est pas loin de onze heures et demie lorsque nous finissons de nous préparer. Ali et moi sommes comme deux jumeaux. Vêtus d'un djellaba blanc, je me trouve plutôt élégant. Nous avons rendez-vous à la mairie. Nous sortons tous les trois de l'immeuble lorsqu'un grand du quartier, Abdellah, m'interpelle du haut de sa fenêtre.
-Eh Samy ! Tu dates mon zinc, faudrait qu'on se capte un de ses jours. J'ai des tas de choses à t'apprendre depuis tout ce temps !
Amria se retourne, et le regarde de travers. Abdellah est l'un des plus gros dealer de Blois. Il est très connu, j'en entends parler jusqu'à mon école primaire. La maman d'Ali nous interdit de lui parler, qu'il est dangereux et qu'il est capable du pire lorsque les choses ne se font pas comme il le souhaite. Je n'ai pas peur de lui. Papa m'a appris à n'avoir peur que de mon créateur.
Arrivés à la voiture, Amria se rend compte qu'elle a involontairement oublié ses clés sur la table de la cuisine avec le courrier de la veille.
-J'y vais ! J'en ai pour deux minutes.
Je me précipite à l'intérieur du bâtiment, je dévale les escaliers deux à deux, lorsque soudainement, en arrivant à mon étage, je croise le gars qui m'a appelé par la fenêtre. J'ai un mauvais pressentiment, car celui-ci se tient debout devant la porte de notre appartement, prêt à ouvrir la porte, une cigarette à la main.
-Ah tient ! Un revenant, tu as oublié quelques chose on dirait.
Il rigole si fort qu'on pourrait l'entendre à l'autre bout de la rue, et s'approche vers moi.
-Je te préviens, si tu poucave quoi que ce soit à la bonne femme qui te nourrit, je me chargerai de toi, peut-importe ton âge.
Il remonte à son étage en me bousculant brutalement contre le mur. Je tombe par terre violement, et je me cogne la tête. Je suis un peu sonné sur le coup mais je me relève immédiatement. Je rentre dans l'appartement, et je me dirige dans la cuisine. Un vent glacial traverse mon esprit. Je me dépêche de reprendre les clés et je dévale les escaliers. A la sortie, j'ai le réflexe de me retourner. Abdellah m'observe de sa fenêtre. Amria me sourit.
-Tu en as mis du temps, tout va bien ?
Je la regarde et je lui rends à mon tour un sourire, un sourire faussé.
-Heu..heu oui tout va bien, je me suis juste cogné dans les escaliers.
Je sais qu'elle ne me croit pas. Mais pour ne pas gâcher l'enthousiasme de cette journée, elle préfère ne rien dire et faire comme si de rien n'était. Elle a également remarqué que le grand la fixe depuis tout ce temps que nous sommes dehors. Elle le fixe. Il a ce sourire ironique au coin de ses lèvres. Mais qu'est-ce qu'il lui veut ?