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Il fait froid. Maman m'habille chaudement. Elle me prépare pour m'emmener à l'école. C'est elle qui m'accompagne car elle estime que c'est dangereux d'y aller seul à mon âge. Maman est forte, elle accumule les sifflements d'hommes plus âgés lorsqu'elle traverse le quartier. Des sifflements gênant et humiliant qu'une femme doit subir au cour de sa vie.
C'est vrai que ma maman est belle, les cheveux long et bruns que l'on peut apercevoir seulement lorsqu'elle est à la maison quand elle enlève son foulard,les yeux marrons et des petites fossettes qui se forment sur ses joues lorsqu'elle sourie.
Ce matin là, pourtant un jour comme les autres, quelqu'un frappe à la porte. Maman ouvre. Deux hommes en djellaba, cheveux noir, peau basanée, les yeux humides, rentrent dans notre petite appartement. Maman les connais, ce sont des membres de notre famille. Des oncles. Ils s'installent dans le salon, maman me demande de partir dans ma chambre. Je fixe longuement mes oncles, je peux voir dans leur yeux qu'ils ne sont pas là par hasard, qu'ils ont pleuré et que notre famille est concerné. Dans ma tête tout tourne en boucle. Je suis dans ma chambre mais j'ai laissé la porte ouverte pour percevoir leur conversation.

-Aleykoum Salem Fatima, commence le premier homme. Désolé de te déranger si tôt, mais le temps que l'information fasse le tour de la famille il faut s'y prendre à l'avance.
Tu sais très bien que si nous sommes ici, ce n'est pas pour une bonne et heureuse nouvelle, même si j'ai espéré ne jamais venir pour cet événement.

Il reprend sa respiration, se mouche plusieurs fois. Les larmes reprennent le cours de leur cycle sur ses joues. C'est si beau un homme qui pleure. Je sens en moi une sensation étrange, je sens mon coeur se pincer.

-... c'est la fin Fatima..il nous a quitté cette nuit..sa soeur nous a appelé dès que c'est arrivé. Elle est restée à son chevet jusqu'à la fin..Je suis désolé, nous sommes désolés, sa disparition nous a tous marqué, amis comme famille, personne n'en revient.

J'ai du mal à comprendre, je ne sais pas de qui il parle. Mais j'entends ma mère qui crie, qui hurle, qui lâche des injures.. je ne l'ai jamais vu dans cet état.

-je..je.. on aurait pas dû partir, on aurait dû rester près de lui, on aurait dû, nous aussi, resté à son chevet..je n'aurai pas la force d'élever deux enfants, je ne pourrai jamais m'en sortir en vivant ici..pleure-elle.
-Fatima..le monde ne s'arrête pas de tourner pour autant.. tu as un fils et bientôt une fille a élevé, occupe toi d'eux..tu recevras prochainement une lettre pour la date de le lieu des obsèques. Ma Soeur , dit toi qu'il est sûrement mieux là où il est..Courage. Nous devons partir, nous avons. encore du travail. Prends soin de toi surtout.

Maman les raccompagne et je les entends chuchoter..elle pleure encore. Une fois qu'elle ferme la porte, je cours la rejoindre et je la serre dans les bras. J'ai compris, j'ai tout compris.

-Ils sont venus pour te parler de baba hein? Il est partit..?
J'ai les larmes aux yeux. Ma maman me signe de la tête, que oui , c'est la fin. Elle me serre fort dans ses bras, très fort. J'essaye de me détacher, je descends ma bouche sur son ventre où j'ai le réflexe de faire un bisous.
-...Je prendrais soin d'elle, je te le promet maman.
Elle me regarde, me sourie, tout en ayant les joues mouillées.

Seulement quelques mois que nous sommes retournés en France, après avoir passé mon enfance au Maroc. Pas loin d'une soixantaine de borne qui me séparent de mon lieu de naissance. Tout est si différent d'après Maman. Et oui, seulement quelques mois que nous somme arrivés en France, le malheur s'abat déjà sur nous.

Durant toute la journée maman a passé des tas d'appels vers le Maroc. Elle consolait les autres, alors qu'elle n'arrivait même pas à le faire pour elle. Moi aussi je pleurais, mais en cachette. Pour montrer à maman que je suis fort. Mais mon papa était mon modèle, celui qui m'a tout appris. Du haut de mes huit ans, j'ai tellement de souvenir avec lui. C'est un modèle d'un vrai homme à mes yeux. Alors mon père je continuerai à le pleurer pendant des années. Quand j'y repense, il a toujours voulu faire le bien autour de lui. Il réglait les conflits familiaux, il aidait les autres dans le besoin. Il travaillait dur pour nous nourrir. Il rentrait tard le soir, dînait le bon repas que maman préparait, venait me voir avant que je dorme.
Sous la chaleur insupportable de l'été il travaillait des heures sous le soleil brûlant. Mon Papa est un si bel homme..
Après avoir raccroché , maman ressort les photos de famille..en passant par sa rencontre avec baba, leur mariage, ma naissance, bientôt les photos de ma petite soeur viendront se rajouter à l'intérieur de cet énorme recueil. Elle sourie en regardant les photos. Peut être que les souvenirs fusent dans sa tête. Je m'installe à côté d'elle. Elle respire tellement vite et fort que j'ai l'impression qu'elle va exploser. Je suis mal, je ressens son chagrin.
Elle aimait mon papa plus que tout. Il était beau leur amour. Je sais que maman l'aimera toujours.
Elle s'endort sur le canapé, alors je décide d'aller jouer dans ma chambre. Au mur, un grand drapeau de mon pays, rouge et vert, prends toute la place. Je joue avec les Playmobil® qu'ils m'ont acheté. J'ai construit un grand univers, il y en a sur toutes les étagères.
« -paww t'es mort.
-Vite attrapez le meurtrier et mettez le derrière les barreaux.
-Non pitié je vous en pris je n'ai pas fait exprès j'étais stressé et je ne savais pas que c'était une vraie arme.
-fais pas semblant de pleurer t'as 30ans il serait temps de grandir. »

Mosseba⚡️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant