Paradoxe: la ville-bâtisse | ✔

Pensées polluées

La nuit avait été brouillée de rêves étranges. De toutes parts étaient semés les mots décentralisation, Paradoxe, liberté. Je ne comprenais guère les images qui se succédaient. Tout était pollution visuelle et auditive.

Au matin, c'est le son annonçant que ma tisane énergétique était prête qui m'avait réveillé. J'avais découvert qu'un message de Roric m'attendait dans la puce sous mon oreille. Il s'excusait de cette fin de soirée abrupte, sans plus.

J'avais longtemps regardé mes menus favoris sur l'écran mural, mais le tuyau d'entrée était resté vide, je n'avais pas d'appétit.

Résignée à aller travailler avec la tête trop pleine, j'étais allée sur le toit. En me dirigeant vers les serres, où mes collègues bavardaient avec enthousiasme, j'avais fait de mon mieux pour ignorer la sensation du soleil sur ma peau. Des paroles argentées m'étaient revenues à l'esprit.

Être exposé aux simplicités

des étoiles,

des intempéries

Aux beautés de la vie

Les fleurs semblaient s'épanouir, mais je ne voyais plus de ressemblance avec les néons. Ce projet me semblait erroné, les rapprochements entre la nature et la vie artificielle qui régnait sous mes pieds paraissaient soudainement inexistants.

Paradoxe n'était que ville.

Je secouai la tête vigoureusement pour chasser le malaise capricieux qui s'éveillait en moi. J'avais toujours adoré mon lieu de naissance, avec cette capacité qu'il avait à toujours me surprendre. La soirée d'hier n'était qu'un simple rebondissement de plus. Je chasserais ce malheureux discours comme on se débarrasse de maux de cœur lors d'un lendemain de veille; avec du temps.