Chapitre 3.... La chute

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Pour moi, ce fut comme une renaissance. J'étais comme victime d'un sommeil profond et mon corps me paraissait si lourd. L'immobilité m'assaillait. Mon cœur se durcissait. Je sentais la faucheuse qui glissait sa lame sous mon cou, comme pris dans un étau tranchant, et qui insufflait son souffle glacé, me paralysant d'effroi.

Puis sentant mes forces m'abandonner, je me laissais aller à la dérive du flux énergétique qui m'attirait depuis longtemps, sans jamais y avoir cédé autrefois. Mes frères et mes sœurs me regardaient avec pitié, tristes de me voir à l'agonie.

Ils s'approchèrent de moi comme pour m'encercler de leurs bras forts et protecteurs, comme pour m'étreindre et me guider dans mon voyage morbide.

Quand ils arrivèrent près de moi, ils glissèrent en moi un élan de vie comme pour me réanimer. Ils se confondirent en moi, pour me sauver, en eux je portais leur espoir de renouveau, leur envie de découvrir d'autres contrées, et la force d'un guerrier devant l'adversité.

Sous le choc de l'impulsion, leurs morceaux de chair se concassèrent et s'unirent dans mes cellules auparavant en apoptose qui allaient me conduire aux portes de la mort. Grâce à cet impact

cosmique, mes cellules se régénérèrent peu à peu.

Le ciel m'aspirait vers lui comme un aimant dont le champ magnétique nous attrape, sans espoir d'être écarté de la force qui s'exerce sur nous, comme la gravitation attire les humains et les autres espèces vers le centre de la Terre.

Je me sentais comme libéré de ma léthargie. Mais prisonnier une nouvelle fois. Sauf que cette fois, mon geôlier était le Néant. Et contre le Néant, la partie est perdue d'avance. Inutile d'y résister, il finit toujours par nous aspirer.

Mon cœur crépitant de mille chaleurs, trop plein, comme s'il allait exploser, me guidait lui aussi à la poursuite de l'inconnu . Je sentais déversée en moi, l'adrénaline de quitter ma maison, l'Espace. Mon voyage vers l'au-delà commençait alors... mais la peur me soufflait : Que va t'apporter cet incroyable voyage ? A trop vouloir goûter au danger, ne penses-tu pas que tu pourrais y laisser la vie.... et alors, je me sentais comme vulnérable, comme l'insecte capturé dans la toile de l'araignée, dans la toile du Néant, qui m'aspire vers l'obscurité la plus profonde.

Peu à peu, je découvrais des planètes inconnues jusqu'alors, ou que je n'avais pas pu appréhender de plus près comme la Terre. Celle-ci était ronde, et bleue comme le Saphir qui étincelle. La Terre jouait de son regard enchanteur comme m'invitant à la rejoindre, comme une promesse d'existence nouvelle, une existence impensablement merveilleuse. Je me demandais alors ce que j'allais découvrir sur mon chemin, si je suivais mon cœur, qui semblait l'étrange complice du Néant, celui là même qui m'avait guidé jusque la Terre, qui était en réalité ma véritable destination.

Je le sentais poindre en moi, ce sentiment d'approcher au but, d'approcher de l'apothéose, je sentais que le déclin de mes jours aigris et las arrivait.

La Terre me séduisait, elle me plaisait d'un seul regard et tout mon corps transi de désir pour elle me poussait dans l'extrême conviction que c'était là ! C'était elle ! La promesse de toutes mes envies d'aventure, c'était elle ! Mon espoir, c'était ici ! Que devait s'achever ma quête. Cette femme été habillée d'une robe opaque, bleu sombre, et avait des yeux verts comme les plaines. Je m'approchais d'elle, fasciné par son regard pénétrant et perfide, et je la vue, qui continuait son curieux manège et me fixait avec désinvolture. Elle me traquait. Elle me repoussait tout autant qu'elle m'attirait. Je voulais aller en dehors des contrées lointaines du cosmos contenant le Tout, mais la tentation fut trop forte et implacable, je décidais alors de m'aventurer à mes risques et périls vers la Terre.

C'est alors que j'ai senti quelque chose en moi s'animer. C'était comme un sentiment d'excitation. Je me rapprochais comme irrésistiblement de la Terre et plus j'approchais d'elle plus mon cœur s'accélérait. J'étais comme prisonnier de cette alchimie fulgurante, cette attraction qui me rendait fou.

Né au cœur de l'EspaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant