Laisse-moi t'aimer ( Publié Chez Black ink ❤)

Chapitre 1

Dans la vie, il y a les forts, puis les faibles...

J'ai décidé d'arrêter d'être faible. D'oublier le passé en fonçant droit vers l'avenir. Un avenir où j'aurai tous les pouvoirs, où contrôle et plaisir rythmeraient mon quotidien.

B – Baiser. Maîtresse de leur corps, de mes désirs.

D – Dominer. Vaincre ses peurs.

S – Soumettre. Asservir ma soif de vengeance.

M – Maîtriser. Pas de faux pas. Zéro sentiment.

Oui, je suis une dominante. Une initiée dans ce monde de pouvoir, ce décorum classe, dissimulant luxure et débauche. La porte ouverte à la salopitude.

Une note de parfum dans le creux du cou et j'apporte la dernière touche à mon apparence de femme fatale. Un masque despotique parfait pour la mise en scène que je prévois ce soir. Un sourire satisfait aiguise la courbe de mes lèvres pourpres. Rouges comme ma victoire.

Mes talons fétiches claquent sur le sol. Accessoire inégalable pour chacune de mes séances. Les hommes éprouvent une certaine fascination pour la courbe fine de nos pieds, à nous les femmes. Moi, j'aime regarder la pointe de leur langue lécher mes escarpins. Les voir dociles, désireux de me plaire, de se soumettre à ma volonté pour leur plaisir. Le nôtre.

Moulée dans une robe noire, des bas résilles, je me dirige vers la sortie. Mon regard plonge inévitablement vers le bouquet de roses stagnant sur le buffet, le petit mot joint. Preuve irréfutable que j'ai commis un impair. Qu'un homme est parvenu à s'immiscer dans mon intimité, a découvert mon appartenance sexuelle. Un sentiment de profonde colère crispe ma main sur la poignée. Cela n'aurait jamais dû arriver. D'une manière ou d'une autre, je mets un point d'honneur à régler cette affaire. Question d'ego, de fierté, de sécurité.

Le ciel s'est déjà assombri lorsque j'évacue mon immeuble. Une pochette à la main, je resserre les pans de mon blaser, marche, le menton dressé, un air fixe et déterminé dépeint sur le visage. Et pourtant, je le sais, je le sens... il est encore là. Tapis dans l'ombre. Menace masculine et tentaculaire accompagnant chacun de mes pas, aspirant un peu plus mon espace vital à chaque seconde. Je serre les dents.

Sa voix rauque s'écoule jusqu'à mes tympans.

— Attends !

J'accélère. Un conseil... prie pour que je ne me retourne pas !

— Juste deux secondes ! Je voudrais te parler...

Je pourrais presque entendre son rythme cardiaque, cette tension nerveuse qui l'habite alors qu'il espère encore un signe de ma part. Un fin rictus ourle mes lèvres. Ce novice n'a toujours rien compris. Je décide. Quand et comment. M'appesantir sur son sort ne fait pas partie de mes prérogatives. Le briser pour son manque de respect, clairement. Mais pas ce soir.

Sa présence dans mon dos s'intensifie.

— Tu as reçu mes fleurs ?

Un coup d'œil à droite à gauche, je m'apprête à traverser la route.

— Tu as lu mon mot ?

Son souffle longe ma nuque dégagée en un chignon parfait, et sa soudaine prise sur mon poignet me prend de court. Brusquement, il me retient, me force à lui faire face sans pour autant me relâcher. Mes pupilles incendiaires braquées sur sa main le poussent à me libérer dans la seconde. La pointe de mon escarpin écrase le bitume, l'aiguille la martèle tandis que j'avance d'un pas. Un seul. Aussi affuté et cinglant que le claquement d'un fouet sur son postérieur nu et exhibé à mon regard assassin.