Mon image reflète, comme toujours, une quiétude que je ne ressens guère. Et pourtant, mon regard fourmille d'excitation face à la plus belle vision qui soit. Cet homme viril soumis à mon désir de lui ouvrir les portes à un plaisir hors norme. Nu, agenouillé au centre de la salle de jeu, tête baissée et paumes visibles sur les genoux. Mon exigence. Ce qui m'offre un sentiment de puissance. Moulée dans mon ensemble en dentelle noire, porte-jarretelles et bas, j'avance, féline, me poste devant lui. Mon tanga à hauteur de son visage. Mon soutien-gorge, écrin idéal à ma poitrine, formant un creux dans lequel il rêvera de glisser sa queue.
Oui, ses pulsions le rendront esclave de mon corps. Mais en attendant...
- Je veux que tu m'attendes dans cette position à chaque fois que je te l'ordonnerai, Nathanaël, décrété-je, ma voix claquant au point de le faire sursauter.
Tout son être est crispé dans l'effort pour se retenir de lever les yeux. Je souris, dévie mon attention vers son sexe... bandé, à souhait. Lui rôdant maintenant autour, mes talons sillonnent le carrelage froid. Ses dents imprègnent sa chair. Ses pupilles dévalent la courbe de mes chevilles, à mes pieds vernis rouge sang.
- Tu aimerais me regarder ? Mais c'est le deal... Sans mon approbation, tu n'as aucun droit. Je te laisse le bénéfice de ton imagination... jusqu'à ce que je décide de t'autoriser à me contempler... jusqu'à ce que je veuille bien me mettre totalement nue.
Il déglutit. Ses lèvres tentent de bouger, finalement s'astreignent au silence. La satisfaction emplit mon ventre d'un doux brasier. Je détaille ses muscles bandés, cette tension gonflant ses veines, la moiteur subite de ses paumes. Je plisse des yeux. À quoi penses-tu ? Le souffle altéré, son torse se soulève, semble se contracter d'appréhension. Mon assurance s'effrite quelque peu. Je tente de reprendre contenance, redresse le menton. Mes rétines braquées sur le sillon de son dos, sa peau couleur pêche que je rêve de rougir. Pourquoi cela devrait-il m'affecter ? Pourquoi maintenant ? Avec lui ? Je ne suis pas le point de départ à toute cette mascarade. Et pourtant, je le sens maintenant dans mes tripes. Un truc dérangeant... qui me pousse vers lui, vers une volonté absolue de le posséder sous toutes ses formes.
Ce n'est pas moi, pas dans mes habitudes. Malgré tout, je flanche, fais fi de cette certitude. Sa détermination à m'appartenir prime sur le reste. La mienne surplombe maintenant sa stature courbée. Trop tard pour toi, Nathanaël, je veux tester tes résistances. Les miennes...
- Ce lieu, ces séances ne sont pas dédiés à la peur, mais au plaisir. Ne l'oublie jamais ou tire un trait sur tes pulsions de soumission. Être Domina n'est pas compatible avec du baby-sitting.
Et pourtant la pointe de mon index caresse la ligne de sa mâchoire tendue. Si douce et virile à la fois. Je fronce les sourcils. Mes doigts se logent brusquement dans ses cheveux, se resserrent sur quelques mèches, basculant sa tête vers l'arrière. Ses paupières dociles restent dirigées vers le sol. Je me gave de sa frustration, absorbée par la beauté de sa bouche, entrouverte sur sa respiration hachurée.
- Bientôt, tu envisageras mes pratiques comme un but ultime, et non une simple expérience sexuelle. Et alors, ce mode de vie t'apportera bien plus que tu ne peux l'imaginer.
Il s'humecte les lèvres entre confusion et expectative. Un sourire suffisant soulève mes lippes.
- Voyons voir, ce que tu as dans le ventre. Regarde-moi.
Ses épaules se contractent, son visage se relève trop lentement vers moi. Son hésitation m'irrite, il met trop de temps à obtempérer. Ses paupières se soulèvent au même rythme, et subitement l'éclat de ses prunelles ardentes se plante dans les miennes. Une incision nette dans les profondeurs de mon âme déchue. Comment... ? Qu'est-ce que... ? Son regard trop intense me met mal à l'aise, ses traits ont quelque chose de familier, avec une expression protectrice que je ne devrais pas apprécier. Il me rappelle un peu Grégoire... Est-ce normal ?
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Laisse-moi t'aimer ( Publié Chez Black ink ❤)
Roman d'amourLe passé esquisse notre personnalité. Les craintes d'antan forgent nos carapaces. J'ai appris de ma faiblesse et je suis devenue une femme de contrôle. Je suis une dominante. Tout allait bien jusqu'à ce qu'il arrive et brise l'unique règle de ma vi...