Chapitre IV

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Deux mois plus tard

Cette fois il était évident que je ne pouvais pas reculer. Je devais retrouver ce fichu testament et m'en servir.

Il y avait quelques mois déjà, j'avais décidé de regarder ces papiers sinistres, seulement j'avais essayé d'attendre le dernier moment pour y jeter un œil. Ainsi de galères en galères j'avais réussi à repousser cet instant fatidique à deux mois.

J'avais vaguement essayé de comprendre le charabia rédigé sur le devis, la seule chose qui m'avait parlé était le prix. Une broutille pour certains, une fortune pour moi.
Le coût total des réparations de ma voiture s'élevait à un peu plus de mille quatre cents euros, un peu moins de mon salaire mensuel.

J'avais déjà fait réparer le réfrigérateur, la cafetière et l'aspirateur. Les quelques centaines d'euros que je gardais pour ce genre d'occasion s'étaient envolées.

Alors en respirant fortement et en suant à grosses gouttes, je me dirige lentement vers le tiroir où était rangé ce maudit papier.

En arrivant j'eu beau tirer sur la poignée en bois blanc, la serrure restait verrouillée.
Alors dans un épuisement total, je me laisse tomber à terre et je reprends mes esprits en démêlant des trousseaux de clés qui ne sortait plus de leur pot depuis des lustres.
Dans un élan de patience, et Dieu sait que je n'ai pas ce trait de caractère, je prends soin de séparer chaque trousseau en les rangeant enfin dans la boîte à clés prévue à cet effet.
Après avoir cherché longtemps je trouve ma perle rare.
Une petite clé en argent avec quelques ornements pour un style faussement médiéval.

Je l'insère dans la serrure et je force jusqu'à entendre le déclic habituel. Il faut bien le dire, cette serrure est rouillée et pas très bien huilée.

Je me prends encore la tête entre les mains lorsque j'aperçois la masse imposante des papiers qui sont empilés et compressés dans ce tiroir.
Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, et encore au moins avec un détecteur de métaux c'est faisable.
Il me faudra quelque heures pour réussir à le retrouver mais, à mon plus grand étonnement, je prends sur moi et je commence à séparer la pile en deux.

Puisque je ne ferai pas cela tout les jours, autant y aller maintenant.
J'apporte sept énormes portes documents que je nomme : Factures eau ; Factures électricité ; Loyer ; Impôts ; Fiches de paie ; Comptes ;
Garanties.

Je commence mon rangement avec un entrain que je ne me connais pas je trie, par ordre chronologique ou par ordre de priorité, mais je trie.
Je remplis bien souvent mon verre de limonade où d'eau fraîche mais je reste le derrière collé à ma chaise si bien que j'en oublie de préparer le repas.

*****

Je regarde l'heure et je m'aperçois que cela fait bien deux heures et demie que je reste là à trier des documents. Mais j'ai presque fini la première pile.
Je termine de ranger la facture de mon canapé en notant la date de fin de la garantie puis j'ai attrapé une pochette plastifiée teintée en noir.
J'ai regardé le titre puis j'ai cherché le dossier Testament.

Le dossier Testament ?
J'ai regardé la feuille encore une fois pour bien réaliser.
J'ai passé plus de deux heures et demie à trier des papiers et je le trouvais enfin.

Ce n'était pas réellement étonnant que le dossier se trouve au milieu, à vrai dire c'était logique, je me souvenais bien de l'avoir déposé entre deux tas de feuilles.

En regardant encore j'essaie de trouver une quelconque information qui pourrait me mener à l'agence notariale.
Pourtant j'arrive au bout de la feuille sans bien comprendre pourquoi les démarches administratives ne donnent aucun renseignement sur cette agence.

C'est alors qu'un petit carré de papier cartonné tombe de la pochette. La carte !
Si nous étions dans une BD une ampoule s'allumerait sans doute au dessus de ma tête.

Si je fouille un peu plus loin dans ma tête, quand l'homme m'a donné la carte presque en même temps que la pochette, j'ai sûrement dû la ranger dedans après.

Je me plonge sur la carte avec une telle précipitation que c'est tout juste si je ne m'étale pas par terre.

Après avoir lu le numéro et l'adresse je consulte très vite les horaires du week-end.

L'agence ferme à dix sept heures.
J'attrape le téléphone posé sur la table mais je déchante bien vite en remarquant que celui-ci est branché sur mon adaptateur, posé à même la moquette.
Je manque ensuite de me tordre le cou en tournant la tête pour apercevoir l'heure affichée sur le four.

Seize heures trente neuf. Il est encore temps.

J'enfile mon manteau et mes bottes dans la précipitation en claquant ma porte qui se fermera automatiquement. En courant dans les escaliers j'allume mon mobile. En même temps que je vérifie que mes clés et ma carte de transport se trouvent bien dans ma poche.

Une fois la vibration du téléphone et le code PIN entré je compose le numéro du secrétariat du notaire.

Étrange, j'entends trois bip suivis d'un silence.

Je regarde la carte et je constate avec effroi que le secrétariat ferme à seize heures trente. Flûte.

Tout en jurant dans ma barbe je m'engouffre sous terre pour prendre le métro, la malchance est avec moi, il n'arrivera pas avant sept minutes.

Après avoir repris mon souffle je m'offre une bouteille d'eau au premier distributeur du coin. J'ai dû faire les fonds de mes poches pour me la payer mais je suis tellement essoufflée que ma gorge s'assèche toute seule.

Les rails vibrent dans un affreux grincement et la lumière des phares du métro m'aveuglent un instant.
Une porte s'ouvre juste devant moi. J'attends avec espoir que quelques personnes descendent mais rien ne se passe, alors pour ne pas rester bloquée sur le quai je monte et je me serre dans cette rame où on étouffe déjà.

Avant de tomber j'attrape la barre d'appui mais je la lâche bien vite en me rendant compte qu'elle est chaude et dégoulinante de sueur.
C'est répugnant. Je ne suis pas maniaque mais l'état de la rame de métro aux heures de pointe, ça dépasse l'entendement.

Ma fille et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant