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Papa conduit. Il roule vite. Je tourne la tête vers mon petit frère qui s'est assoupi, apparemment se lever tôt ne lui réussit guère. Assise du côté passager, je regarde mon père injurier à voix basse l'organisation des feux « quand est ce qu'il va passer au vert celui-là ?! C'est pas possible ! J'en ai ras le bol ! ». Il tourne la tête vers moi avec son air courroucé « Maintenant tu prendras le bus avec ton frère je perds trop de temps à vous emmener ! Je suis bien trop gentil ! » Je tourne la tête vers la fenêtre et regarde le paysage défiler en remettant mes écouteurs, il ne fait que râler toutes façons encore et encore...

Nous sommes au mois d'avril environ, j'ai déménagé chez mon père depuis l'été dernier, moi qui pensais que j'y serais bien...

Mon père se tient devant moi l'air menaçant. Il ne fait que de me rabaisser auprès de mes frères « Regarde, eux au moins ils sont doués ! Tu n'es bonne à rien, comment veux-tu que ça aille ?! Tu es une déception pour la famille... »

Je chasse ces pensées peu joyeuses et rive mon regard au paysage verdoyant en ce jour de printemps, on passe devant un terrain de basket et je sais que le lycée n'est plus très loin, je suis en première S à Loches, petit bled paumé dans le centre de la France, autant vous dire que ça change de Lille...

Mes amis de là-bas me manquent...

On rentre dans la chambre, Chloé veut se mettre à faire ses devoirs. Je lui prends le livre des mains.

« - Alors, Cloclo, pourrais-tu m'expliquer ce qu'il y a de si passionnant dans ce bouquin pour que tu préfères sa compagnie à la mienne. »

Je feuillète rapidement le livre et lui rend avant de me jeter de tout mon long sur mon lit, comme à mon habitude je glisse les écouteurs dans mes oreilles et laisse les notes mélancoliques de « Imagine » m'envahir et je lève les yeux vers le plafond.

Je souris en voyant Chloé s'avancer vers mon lit en riant, laissez-moi vous la décrire, elle est blonde, d'un blond doré presque transparent, ses cheveux descendent un peu en dessous de ses omoplates et elle a des yeux bruns tantôt rieurs, tantôt mélancoliques, elle est la seule à me comprendre, comme une sœur que je n'ai jamais eue.

Je lui tourne le dos et regarde mon tableau avec les chevaux en la fuyant du regard

« - Non mais je te boude, tu préfères le livre à moi c'est tout... »

Elle pousse un long soupir et m'adresse un regard désespéré : « Tu dis vraiment n'importe quoi toi quand tu t'y mets »

Puis elle me fait plein de chatouilles jusqu'à ce que je la supplie d'arrêter, des larmes de joie au coin des yeux à force de rire.


nostalgie paradoxaleWhere stories live. Discover now