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J'entre dans la classe, lance un bonjour maussade à la prof et file m'assoir au deuxième rang à côté de Julien. Vive les places attitrées... Je ne suis même pas du côté du mur ce qui fait que quand le cours est aussi peu passionnant que celui de maths et que je veux dormir, je ne peux même pas le faire sans avoir l'air d'un cachalot échoué sue une table de classe.

Je regarde l'aiguille des secondes défiler sur l'horloge à droite du tableau et glisse mon poing sous mon menton afin d'avoir un minimum de tenue. Mes paupières pèsent une tonne et je baille comme pour approuver mon désintérêt pour la matière. La prof a une voix monocorde et agaçante, plutôt que d'avoir de l'engouement pour le flot de paroles qui sort de ses lèvres, je m'affaisse sur ma table et glisse ma tête sur mes bras croisés en sachant qu'elle ne me dira rien...Mes paupières se ferment et les ténèbres m'enveloppent...

J'ai 4 ans. Je rentre de l'école. Mes cheveux frisés et mi- longs chatouillent le haut de mes épaules. J'avance lentement dans la rue jusqu'à la grille bleue verte de ma maison. J'ai la boule au ventre et la peur m'oppresse. J'ai perdu mon élastique à la maternelle et je sais qu'il est là... J'avance timidement vers le heurtoir et le prend dans ma petite main. Je frappe un, deux, trois coups. La porte s'ouvre à la volée et il apparait sombre et menaçant. « Où est ton élastique, gronde-t-il avec colère. » Je le regarde d'un air apeuré et ne sachant quoi répondre je baisse la tête et serre mes mains l'une dans l'autre. Il lève une main et je me mets à trembler. J'ai envie d'aller aux toilettes mais il me bloque le passage, je serre les jambes pour me contenir du mieux que je peux...Il s'écarte comme pour me laisser passer alors j'avance, craintive et sa main s'abat sur mes fesses. Je n'arrive pas à me retenir. J'ai mal. Je sens mon pantalon devenir humide et les larmes perler au coin de mes yeux. En voyant la tache sombre se former sur mon pantalon, ses yeux noircissent de colère et il explose... les coups pleuvent, mes larmes coulent et je le supplie en pleurs « Papa, tu me fais mal arrête... » mais il n'entend rien...

Je me réveille en un sursaut et essuie du coin de la main les larmes qui ont coulées le long de mes joues... Je regarde aux alentours si quelqu'un a entendu mes pleurs et constate avec soulagement que tous, y compris Julien, ont les yeux rivés au tableau. La sonnerie retentit et je me presse d'attraper mon sac et de sortir de cette salle. J'étouffe, je cours dans le couloir jusqu'à atteindre une première porte vitrée, l'ouvre à la volée fait quelque pas et ouvre la seconde porte pour sentir l'air caresser mon visage et emmêler mes cheveux. J'ai sport, enfin une matière que j'apprécie, je descends l'escalier qui mène aux vestiaires en trottinant puis me laisse tomber sur le banc. Je sors sans hâte mes affaires et enfile ma tenue, mes baskets et sors du vestiaire pour m'assoir contre le mur de la salle.

Le cours finit, je pousse un sprint jusqu'à la salle où l'on dépose nos sacs et vais attendre Flavie dans la file du self.

Elle arrive avec le sourire aux lèvres et vient s'installer à mes côtés. On passe nos cartes et on prend une pizza et un verre de grenadine, je repère Paul, Leslie et Alexandre puis m'assoit en face de ce dernier.

La journée se termine et je salue donc le groupe et vais rejoindre mon bus, puis je m'assois près de Mary, je la considère comme ma plus grande amie, elle rigole toujours et n'est jamais méchante, c'est donc avec plaisir que je discute avec elle. Je lui raconte toutes les mésaventures des vacances : mon père qui m'en veut de m'être coupé les cheveux et les disputes avec ma copine, Lucie.

nostalgie paradoxaleWhere stories live. Discover now