Au commencement

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Kiara : Nouveaux venus
Point de vue : Jean-Philippe Delaunay.

Sur le trottoir d'en face, je regardais les ouvriers s'activer. La demeure reprenait vie. Il y avait eu tant de travaux. Le propriétaire n'avait voulu que vendre la moitié. Il aurait pu vendre l'étage et se garder le bas mais non. Il avait fallu couper littéralement la maison en deux.

Une vraie perte de temps. Mais ce n'était que temporaire. Ses enfants étaient de mon avis et ne voulaient pas de la bicoque. Quand le vieux crèvera je racheterai tout.

C'est pas l'argent qui me manquait pour mener à bien mes projets. J'avais bosser toute ma vie pour ça. Et ma vie entière ne suffirait pas à tout dépenser. La vie de mes enfants non plus.

Ils continuaient à faire entrer les meubles à la chaine. Un à un ils passaient la porte en bois monumentale que j'avais faite poser. Ma fille me disait que j'avais la folie des grandeurs.
Peu importe. Ce foyer c'était mon projet !

Mon fils me disait que c'était mon acte de pénitence. Pour me repentir. Soit. Ce n'était pas si faux. On pu ouvrir dès le lendemain.

En ce jour merveilleux du 10 juillet 2006 je déclare ouvert le foyer.

Les premiers jours furent très calme. Je me rappele d'un repas avec Charles-Antoine et Gauthier.  Il m'avait présenté un homme qui fut mon principal collaborateur et soutien dans cette aventure. Serge Jourdain. Assistant social.

On m'expliqua que même s'il n'y avait que peu de place dans la région, un juge préfèrerai un foyer qui a fait ses preuves. Il fallait tout prouver. Et je serai très encadré et surveiller. On souriait tout les deux avec Gauthier. Il assurerait toujours mes arrières et il aura toujours ce qu'il voudra de moi.

Ce projet c'était devenu toute ma vie. Je me rappellerai toujours des filles qui y sont passée. De toutes celles que j'ai sauvé. Celle que j'ai détruite aussi. Mais ça, c'est une autre histoire.

Les premières arrivèrent un soir. Le soir du 20 juillet 2006. Deux sœurs. Clarisse, 12 ans et Aurore, 14 ans. Enfants battues. Leur soulagement.

Le foyer était si grand pour nous trois. Je me rappelle j'avais voulu ouvrir le plus vite. Seul un dortoir était prêt, le B comme elles l'appelèrent ensuite. Et il était moins bien agencé aussi. Il y avait alors 14 places.

Quelques jours plus tard, Marie arriva. La première Marie. Elle était spéciale. Très belle. Je sais pas vraiment pourquoi j'ai accepté. Je ne l'ai pas regretté tout de suite. Il m'a fallu quelques années pour ça. Presque une dizaine d'années.

Je voulais sortir des gamines de la misère, de la rue, de la violence. Et j'ai presque fait pire. J'ai fais pire. À la limite du proxénète, je suis devenu un monstre. Comment une action qui se voulait bonne peut devenir ainsi ?

Au commencement, il n'y avait rien. Des murs, un toit et de la poussières. À la fin, il y avait tout. Des meubles, de la vie, de la joie, de l'amour de la peine et de la haine. Ô toi ! Mon grand projet ! Mon repentir ! Je te laisse aux mains de l'ange. Et je pris pour que tu puisse renaître de tes cendres.

Petites histoires de viesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant