Déchirée Entre La Lumière Et L'Obscurité [En Pause]

Chapitre 3

  Blake eut l'étrange impression qu'elle était suspendue dans les airs. Et puis la gravité reprit ses droits. Lentement tout d'abord, elle sentit son corps tomber. Le vent sec lui brûlait les yeux et griffait sa peau nue. Elle ne contrôlait plus rien et se laissa simplement chuter vers le bas. Les secondes s'éternisaient. Blake s'attendait à visionner tous les moments importants de son existence, comme dans les livres. Pourtant, elle ne discerna rien d'autre que les larmes qui lui brouillaient la vue. Elle avait beau se dire qu'elle avait fait preuve de courage en sautant plutôt qu'en se rendant au Premier Ordre, elle déplorait quand même ce choix. Elle ne voulait pas mourir et elle regrettait maintenant son acte soi-disant héroïque. L'amertume piquait vicieusement son cœur. Mais il était trop tard.

Elle vit le vide se rapprocher de plus en plus. Elle ferma les yeux et attendit le choc. Lorsque son corps rencontra la surface lisse de l'eau, elle sentit la morsure glacée du froid s'infiltrer par tous les pores de sa peau et lui geler les os. Elle remonta sa tête à la surface dans un ultime élan de survie, mais une violente vague la ramena sous l'eau.
Elle décida d'arrêter de lutter. Elle en avait marre de se battre encore et encore pour finalement finir par être vaincue. Doucement elle se laissa glisser dans les profondeurs des abysses.

***
La jeune fille dissimulée derrière un mur observait attentivement un homme qui discutait, le corps crispé. La conversation semblait être houleuse. Il était pourtant à tomber malgré ses traits tendus. Sa grande carrure aurait impressionné n'importe qui. Sa démarche altière et son menton fièrement relevé ne laissait aucun doute sur son rang. Sa peau bronzée avait le don de faire ressortir ses cheveux dorés et ses yeux indigo. Il avait la mâchoire carrée et le regard dur. Son profil laissait entrevoir un nez fin, des pommettes saillantes et de belles lèvres charnues. La jeune fille se perdit dans la contemplation de cette ange tombé du ciel. À côté d'elle un grand homme portant une longue cape noire dégageait une aura de puissance et de dangerosité. Doucement il se rapprocha de la blonde et articula d'une voix grave et autoritaire:

-Tu peux le faire Oksana. Il te suffit juste d'un peu d'audace. Tu sais très bien ce qu'on attend de toi. Nous remettons tout entre tes mains. C'est ta mission et dans ton intérêt je te conseille de ne pas échouer.

L'homme vêtu de son habit aussi obscur que son âme lui adressa un dernier regard sévère avant de tourner les talons. Oksana resta seule un instant. Oui elle savait ce qu'elle avait à faire. Elle savait aussi qu'elle en était capable. Elle s'était entrainée sans relâche pour ça. Maintenant elle devait faire ses preuves afin qu'on la respecte et que l'on sache qu'elle avait sa place. Elle prit une grande inspiration et s'avança vers le jeune homme d'un pas décidé.
***

La Mer Cantonicane pouvait être capricieuse. Aujourd'hui, elle s'était déchaînée pendant une grosse partie de la journée. Mais désormais, elle avait retrouvé son calme et ses vagues léchaient paresseusement le rivage. Elle avait recraché Blake sur ce dernier. On pouvait distinguer sans mal sa silhouette frêle se trainer hors de l'eau. À demi consciente elle rampait sur les cailloux tranchants caractéristiques de la plage Cantonicane. Telle un serpent elle glissait sur les lames acérées, laissant des gouttelettes vermeilles sur son passage. Après quelques mètres, elle s'effondra épuisée.

Un Neimoidien passa par là. Ses yeux rouges globuleux scanaient le rivage à la recherche d'un quelconque trésor. Lorsqu'il s'arrêta sur la masse informe gisant parmis les cailloux. Il s'approcha piqué par la curiosité et remarqua la jeune fille baignant dans son propre sang. Un sourire malveillant s'épanouit sur son affreux visage. Sans délicatesse il balança jeune fille sur son épaule telle un sac à patate et s'éloigna de la mer.

Blake se réveilla avec une affreuse migraine. Elle tenta de soulever ses paupières mais celles-ci restaient obstinément fermées. Lorsqu'enfin elle réussit à ouvrir les yeux, elle fut légèrement déboussolée.
Elle ne savait absolument pas où elle se trouvait et la lumière bien que faible lui brûlait les rétines. Suis-je morte? Se demanda-t-elle. Elle se redressa lentement et son mal de tête lui transperça le crâne.
Si le paradis ressemble à ça, alors c'est vraiment de l'anarque ! Pesta-t-elle intérieurement.