•|Chapitre 2|•

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« Lire c'est rêver les yeux ouverts. »

Postée devant le mur en brique, Heather ne put s'empêcher de lire une deuxième fois ce qui y était accroché :

Central Library - City Of Burbank

Oui. Tout bonnement exquis. Elle descendit de sa Clio et se rapprocha de Nora, debout devant la porte du bonheur. Elle l'attendait, pianotant sur son téléphone.

Sweetie, je ne pourrais pas rester longtemps avec toi, ma mère m'attend pour dix-neufs heures.

— Je te ramènerai, alors, proposa Heather.

— Tu sais très bien autant que moi que tu vas y rester au minimum trois bonnes heures, sourit-elle à son amie.

— Promis, ce ne sera pas long : j'empreinte un livre et on y va.

Les sourcils blonds se haussèrent, peu convaincus.

— Si tu le dis, je serais sur une table de toute façon.

Elles entrèrent finalement dans l'établissement et se séparèrent. À peine s'étaient-elles quittées que Heather marcha d'un pas déterminé vers le bureau d'accueil. Elle y déposa sa dernière lecture : The Fault In Our Stars sous le regard de la bibliothécaire.

— Encore le même livre, mademoiselle Grant ?

— Oui, encore. Il est tellement poignant, fit l'intéressée, des étoiles pleins les yeux.

Derrière son administration, la femme d'âge mûr esquissa un sourire, tout en hochant lentement la tête.

— Pas trop dur la reprise, s'enquît-elle.

— Si, mais, que voulez-vous ? On fait avec, répondit Heather, un sourire désolé.

En retour, un sourire compréhensif lui répondit. Puis, coupant court à la conversation, la gérante termina :

— Bon, eh bien, régales-toi !

La jeune fille la remercia et s'élança dans la salle. Celle-ci était était aménagée de sorte à ce que n'importe qui voulant s'y aventurer pouvait trouver une place qui lui convenait. Plusieurs tables étaient arrangées ici, et là, des postes se dressaient sur quelques unes d'entre elles et des sièges moelleux n'attendaient qu'à être utilisés. Il se dégageait une atmosphère paisible et reposante, effet donné par les couleurs choisies dans des tons pastels.

Un soupir timide sortit de la bouche de Heather, les yeux plantés sur une étagère renfermant une multitude extraordinaire de livres de sciences-fictions. Elle en était folle. Un jour, elle entrait dans l'univers fantastique de Game Of Thrones. La semaine suivante, elle prenait le physique de Béatrice Prior et sauvait le monde avec le beau et mystérieux Quatre. Le mois d'après, elle s'appelait non pas Heather Grant mais Elena Gilbert et avait la chance d'embrasser les lèvres du ténébreux et orgasmique Damon Salvatore.

Fa-Bu-Leux.

À cette dernière pensée, elle ne put arrêter la couleur écarlate qui naissait sur ses pommettes claires, parsemées de gouttes de vanille.

Mais, ce qui la passionnait plus que tout, c'était ces récits merveilleusement bouleversants, dans lesquels étaient mélangés trois éléments essentiels pour une recette parfaite : un amour éternel rompu par un opposant plus connu sous le nom de maladie incurable, le  tout assaisonné d'une saveur d'espoir.

Oui. C'était exactement ça.

Elle parcouru alors l'allée principale qui menait à ces histoires au parfum dramatique-tragique, tout en comptant le nombre de rayons qui campaient la moquette. 12. Il y en avaient 12; 6 de chaque côté. Elle s'immobilisa tout à coup et, sans même prendre le temps de vérifier où elle se situait, bifurqua sur la droite. Comme elle l'avait calculé, elle se trouvait au bon endroit. Elle fit glisser ses doigts fins sur les bordures des étagères et prit un bouquin au hasard. Lisant à la verticale les innombrables titres et auteurs sur la côte des livres, elle feuilletait celui qu'elle tenait accessoirement dans ses mains. Une fraîche bouffée d'air s'écrasa alors sur son visage, la faisant sourire.

Comme elle aimait cette odeur sacrée de pages usées par ses lecteurs. Elle se sentait chez soi, ici. Elle se sentait en sécurité et pouvait se permettre de s'évader comme bon lui semblait. Elle fit deux pas, puis tomba sur ce qu'elle cherchait : Looking For Alaska. Ce livre, c'était toute sa vie. Elle le serra contre elle et rebroussa chemin. Elle prit soin de replacer celui qu'elle avait distraitement prit en entrant dans le rayon et flâna quelques minutes dans la bibliothèque.

Redescendant subitement sur terre, elle jeta un vif coup d'oeil à sa montre. Il était 18:03. Sans plus tarder, elle traversa les 12 étalages, ses converses martelant le sol. Mais, étant tout aussi matheuse que littéraire, elle ralentit et se retrouva devant des romans fantastiques. Prestement, elle évolua dans le rayonnage. Lorsqu'elle en eut fit le tour, elle se sentit étrangement déçue. Rien n'avait pu faire son bonheur. Elle aurait pu éventuellement choisir une histoire se rapportant aux vampires mais, face aux frères Salvatore, elle risquerait fortement de ne pas être à la hauteur. Elle haussa donc les épaules en se disant qu'elle reviendrait, comme toujours, trois jours plus tard, en espérant qu'il y aurait un nouvel arrivage.

Cette fois, elle s'en alla plus vite qu'elle n'était arrivée, voyant la grande aiguille pointée sur 20. Pourtant enfin décidée à rejoindre sa meilleure amie, elle sentit un regard posé sur elle. Elle se figea et regarda à gauche où une pancarte annonçait : Philosophie. Personne. Elle porta ses yeux à droite, où des pupilles de jade la dévisageaient.

Heather, pourtant quelqu'un de raisonnable et de parole, sentit ses jambes la transporter dans la direction opposée à celle qu'elle avait prit plus tôt.

Que suis-je en train de faire, bon sang, jura-t-elle intérieurement.

Elle se le demandait bien. Mais, comme elle l'avait dit antérieurement :  elle se sentait chez soi, en sécurité et pouvait se permettre de s'évader comme bon lui semblait.

Sentant tout de même une vibration dans la poche arrière de son Jean, elle ne rebroussa pas chemin. De toute façon, c'était peine perdue. Car en une seconde et demie top-chrono, elle s'était retrouvée devant lui.

***

Salut salut !

Alors ? Qui est donc le propriétaire de ce regard  émeraude ?

Vont-ils  pouvoir faire connaissance ou Heather écoutera  finalement sa tête, lui disant de retrouver Nora ?

Tout ça sans le prochain chapitre !

—Unefilledici.

Only you.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant