Chapitre 1.

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-RAPHAËLLE !!!!! cria-t-il, terrifié.

-T'EN FAIT PAS !!! criai-je à mon tour. JE TE TIENS !!!!

Mais ma main glissait. Je le voyais bien, j'allais lâcher dans quelques secondes si rien ne se passait. Il était là, juste sous mes yeux, pendu dans le vide. La blessure qu'il avait au front saignait de plus belle et son visage était tout rouge à cause de la peur, mais aussi parce qu'il forçait comme un bœuf à essayer de s'agripper à mes doigts. 

Soudain, des bruits de pas se rendirent jusqu'à mes oreilles et me firent paniquer.                             «Ils arrivent...», pensai-je. Je regardai Hugo, ne sachant pas quoi faire, et franchement, j'aurais bien aimé qu'il regarde où il mettait les pieds, question de ne pas tomber dans un éventuel trou aussi profond que l'Empire State Building, au moment le plus opportun de la journée.

À plat-ventre sur le plancher du douzième étage de l'immeuble, j'attendais qu'un miracle se produise, mais rien ne vint. Alors que les doigts d'Hugo glissaient de plus en plus, les pas se rapprochaient dangereusement et ma tête allait exploser. Puis, j'eu une idée.

-Ok Hugo !! dis-je. Écoute-moi !!!

-Tout ce que tu veux, mais sors moi de là !!!

-Tu vas te donner un élan et sauter sur le plancher de l'étage juste en dessous, ok ?

-QUOI ??? cria-t-il.

-FERME-LA ET FAIS-LE !!! lui ordonnai-je.

-MERDE !! jura-t-il en se balançant les pieds dans le vide pour se donner de l'élan.

Au bout de quelques secondes, il sauta enfin et chiala lorsqu'il atterri sur le plancher d'en dessous, mais me cria que tout allait bien. Je jetai un coup d'œil derrière moi, dans le couloir délabré, et vit cinq homme armés jusqu'aux dents en sortir. Je me glissai sur le rebord alors qu'il me pointaient de leur mitraillette et me laissai tomber dans le vide, me tenant fermement aux morceaux de plafond/plancher, dépendant du point de vue. De là, je me donnai un élan et sautai sur le plancher en dessous de moi. Hugo m'aida à me relever et, sans me lâcher la main, m'entraîna vers la cage d'escaliers. On passa à tout vitesse devant l'ascenseur et je me souvint qu'ils ne fonctionnaient plus depuis longtemps. Mais merde, ce n'était pas comme si j'avais le temps de réfléchir aux grands souvenirs de l'ancien monde ! En reprenant le contrôle de mes pensées, je me retournai et vis trois hommes, les complices de ceux d'en haut, arriver en trombe sur l'étage numéro onze de l'immeuble désaffecté. Ils se tournèrent vers nous et nous pointèrent du doigt, levant leurs armes.

-Vite, Hugo !!! dis-je. Faut qu'on sorte d'ici !!!!

Nous dévalâmes les marches en sautant les trois dernières à chaque palier. J'entendais les hommes derrière nous, ils juraient et tapaient fort des pieds, mais je continuais et ce, avec plus d'ardeur en poussant Hugo dans le dos quand je voyais qu'il ralentissait.

Une fois en bas, Hugo donna un coup de pied dans la porte de métal nous séparant de ce qui fut autrefois un magnifique hall d'entrée. Il me tira vers les portes principales, enjambant les débris et les vieux cadavres desséchés. Rendus aux portes, elles étaient barrées à clé, mais faite en verre. J'attrapai donc une vieille chaise à moitié brisée et la lançai de toutes mes forces sur la vitre du centre, qui éclata en pleins de morceaux plus ou moins gros. Derrière nous, une porte s'ouvrit à la volée, faisant un vacarme horrible, et les hommes qui nous poursuivaient déboulèrent dans le hall.

Avant qu'ils ne puissent lever leur arme, Hugo me saisit par la main et couru dehors en me tirant. Lorsque je passai la porte, le haut de mon bras mon bras s'accrocha sur un bout de verre resté fixé sur le cadre de porte et une douleur vive éclata dans tout mon bras et dans mon épaule. Je ne dis rien, sous l'emprise de l'adrénaline, et continuai de courir derrière Hugo.

Soudain, des coups de feu éclatèrent et des balles vinrent percuter le sol devant et derrière nous. J'hurlai, tout comme Hugo, et on se mit à courir plus vite, traversant l'ancienne rue jonchée de voitures inutilisables. De l'autre côté, entre deux immenses bâtiments, il y avait une ruelle souillée de déchets et de cadavres, de poubelles et de boîtes de carton défoncées. On s'y enfonça sans s'arrêter de courir et, même si on savait que les hommes ne nous y suivraient pas, on ne ralentit l'allure que lorsque nous jugeâmes que nous étions assez loin, c'est à dire quelques dizaines de pâtés de maisons.

-Hugo, arrête, s'il te plaît ! dis-je quand l'air n'entrait plus dans mes poumons.

Je n'avais jamais été très sportive, mais quand il s'agissait de sauver ma peau, je pouvais être très endurante.

-Ok, souffla-t-il en se mettant à marcher, puis en s'arrêtant complètement.

Je me penchai en avant, les mains posées sur mes cuisses, et respirai fortement. Alors que l'adrénaline descendait, des larmes coulèrent doucement sur mes joues, se mélangeant à la crasse accumulée sur mes joues depuis quelques jours.

En fait, on était partis, moi, Hugo et quelques autres personnes, faire un tour de ravitaillement qui devait durer une semaine, mais, au troisième jour, les hommes du groupe de rebels nous avaient attaqués et presque tous tué. Les autres étaient morts de leurs blessures.

-Qu'est-ce que t'as au bras ? lança Hugo en se tournant vers moi, me sortant de mes pensées, sont visage déformé par l'effort qu'il venait de faire.

-Je me suis accrochée sur la porte quand on est sortit de l'immeuble, murmurai-je en me redressant.

Je portai une main à ma blessure et la douleur revint aussitôt. Je grimaçai et Hugo s'approcha de moi en levant les bras, mais je l'arrêtai avant qu'il ne me touche.

-Ça va, je vais m'en sortir... soufflai-je en le regardant. Ton front a pas encore guérit, de ce que je vois.

Il y porta sa main droite et répondit :

-Non, je l'ai réouvert en tombant dans le trou tout à l'heure.

Je me retournai et regardai en direction de l'immeuble dans lequel nous étions il y a à peine dix minutes et soupirai.

-Faut croire que celui-là aussi a été réquisitionné par les rebels ! dis-je. En plus, il était vide.

-Ouais... Je crois qu'on devrait rentrer, on est à une journée de marche.

J'hochai la tête et, en me retournant vers mon ami, je sursautai en voyant trois rebel musclés comme des boeufs debout juste derrière lui. Ils étaient essoufflés, une veine saillait dans leur cou, leur visage était tout rouge et de la sueur perlait à grosses gouttes sur leurs tempes. Je criai pour avertir Hugo, qui fit un visage d'incompréhension, mais l'homme dans son dos l'envoya valser par terre d'un coup de crosse. Puis, à ma grande horreur, il s'approcha de moi en riant, tandis que des larmes de colère et de peur emplissaient mes joues. Il leva son fusil dans les airs alors que je levais mes avant-bras devant mon visage en criant et il l'abaissa de toutes ses forces sur mon crâne, me faisant aussitôt perdre connaissance.

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